Le conseil à bon compte - L'Infirmière Libérale Magazine n° 318 du 01/10/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 318 du 01/10/2015

 

Yannic Allouche, expert-comptable à Marseille (Bouches-du-Rhône)

La vie des autres

Laure Martin  

Son envie d’entreprendre et d’être indépendant a conduit Yannic Allouche à devenir expert-comptable. Après avoir fondé son cabinet, il conseille aujourd’hui, avec ses collaborateurs, plus de deux cents clients de la cité phocéenne, dont des Idels.

" J’ai eu très tôt l’ambition de devenir chef d’entreprise, se rappelle Yannic Allouche. De nature indépendante, j’ai vite souhaité travailler avec des clients, dans une démarche stratégique et de gestion d’une entreprise au quotidien. » Et d’ajouter : « À l’origine, je voulais être conseiller juridique en entreprise, mais mon cousin expert-comptable m’a convaincu que je pourrais vendre mes compétences en droit en exerçant son métier. » Après un bac et un BTS comptabilité, il poursuit avec un diplôme de comptabilité et gestion puis un diplôme supérieur dans le même domaine, de niveau bac + 5, qui donne la possibilité de faire le stage d’expertise comptable. Pour s’installer à son compte, il faut impérativement être diplômé d’expertise comptable. La profession est en effet réglementée, avec un droit à l’accès au métier lié au diplôme, qui permet d’être inscrit à l’Ordre professionnel. Tout exercice du métier en indépendant réalisé en dehors de l’inscription à l’Ordre est illégal.

Un stage de trois ans

Le stage obligatoire pour présenter le diplôme d’expertise comptable (DEC) dure trois ans. « Lorsqu’on décide de faire ce stage, on est déjà employé dans un cabinet. Un expert-comptable du cabinet devient notre maître de stage pendant trois ans, période au cours de laquelle on est rémunéré comme un professionnel. » L’objectif de ce stage n’est plus d’apprendre la théorie, mais de découvrir la relation avec le client, la gestion des dossiers, de faire les déclarations de TVA, les bilans. « On apprend également la déontologie, les règles de confraternité, les relations avec l’Ordre. » Le stage est validé par les contrôleurs de stages après que le candidat a suivi des modules de formation et déposé des rapports intermédiaires qui répondent à un cahier des charges strict.

Cette validation est nécessaire pour passer le DEC, qui comprend deux épreuves écrites et la soutenance d’un mémoire devant un jury.

« Parti de zéro »

Après avoir obtenu son DEC, Yannic Allouche veut s’installer en association avec l’expert- comptable du cabinet au sein duquel il avait fait son stage. « Mais cela ne s’est pas fait. Comme mon ambition était d’être à mon compte, en 2004, j’ai suivi ma femme à Marseille pour lancer mon cabinet. Je suis parti de zéro car je n’avais aucune relation et aucun client dans cette ville. » En 2008, il crée une société à responsabilité limitée avec son épouse, également expert-comptable. Le cabinet se développe et ils sont désormais sept à y travailler. « Créateur d’entreprise, j’ai été confronté à la même problématique que les Idels qui se lancent : trouver des clients, développer son activité, faire des bénéfices… Cette expérience commune représente d’ailleurs un plus dans la relation que je peux avoir avec elles. » Il décide aussi de rejoindre le réseau national d’experts-comptables, qui lui apporte notamment une représentativité au niveau national.

Idels et déclaration 2035

Lorsque des Idels font appel à ses services, il intervient surtout pour établir leur déclaration contrôlée (2035), et pour déterminer le bénéfice ou la perte qui génère l’imposition. « Nous travaillons selon des normes professionnelles et en appliquant le Code général des impôts. Mais la dimension conseil entre aussi en jeu. » Par exemple, il peut conseiller d'investir dans du matériel, comme un ordinateur, afin de créer de l'amortissement qui, lui, va réduire le bénéfice taxable. Et comme le résultat fiscal se calcule en fin d’année, un travail doit s’instaurer toute l’année pour l'optimiser. « L’expert-comptable a un rôle d’optimisation de la fiscalité et des choix d’investissements. » Il peut également conseiller sur le statut juridique du cabinet, le développement fiscal et social de l’entreprise, l’échéancier du paiement des cotisations sociales afin d’anticiper la sortie de trésorerie. Il n’intervient donc pas que sur la partie comptable, il peut aussi jouer un véritable rôle de prévision. Il analyse les informations personnelles de ses clients : dépenses, ambitions en termes de travail, études des enfants, retraite. Autant de données permettant d’orienter les décisions. « On a besoin d’avoir une vision globale des clients pour les conseiller au mieux sur la gestion de leur patrimoine et sur leur protection personnelle. On leur donne des outils pour avoir l’imposition la plus juste possible », estime-t-il.

Relation de confiance

Yannic Allouche s’est fait connaître dans sa région en étant présent dans de nombreux clubs où gravitent les chefs d’entreprise. « Les gens sont sensibles aux conseils gratuits car c’est un moyen d’apprendre à se connaître. Ensuite, s’ils sont en confiance, ils peuvent venir au cabinet. Je crois davantage à ce type de relation plutôt qu’à une communication de masse. » Et de conclure : « Aujourd’hui, j’ai une très forte relation de confiance avec mes clients. On se tutoie. Et ils ont mon numéro de portable. C’est de l’humain ! »

Il dit de vous !

« Les Idels ont un métier très important dans la chaîne médicale et vis-à-vis des patients. Mais il n’est pas toujours valorisé, notamment par rapport au prix de l’acte qu’elles facturent. Contrairement aux médecins qui ne se déplacent plus, elles assurent ce lien avec le domicile et contribuent à assurer le maintien à domicile. Elles permettent aux patients de rester chez eux, dansleur environnement familial, même pendant la maladie. Ce sont des personnes très humaines, et à l’occasion de nos rapports, je me rends compte qu’elles attendent également ce type de relation de ma part. Elles souhaitent que nous parlions leur langage, que je leur explique la fiscalité en ayant ce rapport « humain » car toutes ne sont pas forcément des connaisseuses. Cette mise à niveau en toute indépendance est la clef du succès avec les Idels, car je ne propose rien d’autre que du conseil. »

COMPTABLE OU EXPERT-COMPTABLE ?

La principale différence : l’indépendance

Membre d’une profession libérale, l’expert-comptable a l’obligation de respecter une déontologie rigoureuse définie par la profession. Son indépendance est censée lui permettre de mener sa mission avec intégrité et objectivité. Les experts-comptables se sont dotés d’un ensemble de règles professionnelles obligatoires à respecter. Ces normes répondent à une double vocation : garantir aux clients la qualité des prestations fournies et assurer la reconnaissance publique de leur compétence professionnelle. Leur Ordre veille au respect des normes par ses membres, notamment au travers du contrôle qualité. Il ne faut donc pas confondre expert-comptable et comptable : le comptable est diplômé en comptabilité et non en expertise comptable. Il ne peut pas travailler de façon indépendante. L’enjeu est de taille, surtout en cas d’erreur sur des dossiers : le comptable n’est pas couvert par les assurances professionnelles.