La stérilisation contraceptive | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 318 du 01/10/2015

 

Contraception

Cahier de formation

Le point sur

Marie Fuks*   Dr Catherine Pichon**  

Depuis 2001, la loi relative à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception(1) autorise toute personne majeure qui en fait la demande à subir une intervention chirurgicale à visée contraceptive. L’ultime recours en termes de contraception.

Dans l’exercice de leurs fonctions, les Idels peuvent être amenées à rencontrer des situations de vie (avortements répétés, femmes ne voulant plus d’enfants mais refusant tout type de contraception, contraception impossible par exemple en raison d’une maladie contre-indiquant le recours à la pilule, d’un handicap ne permettant pas de “gérer” une méthode contraceptive) qui posent la question d’écarter définitivement toute probabilité de grossesse. Le principe de la stérilisation à visée contraceptive (SC) constitue alors une alternative de choix car, même s’il existe un risque exceptionnel de grossesse a posteriori, les techniques mises en œuvre chez la femme et chez l’homme doivent être considérées comme irréversibles (Anaes 2004, HAS 2013). Cette décision doit donc être précédée d’une information éclairée des candidats à la stérilisation et d’un délai de réflexion qui s’inscrivent dans la démarche de consentement qui précède l’acte chirurgical.

Une procédure codifiée

1re consultation médicale

Accessible seulement aux personnes majeures, la demande de SC doit être formulée auprès d’un médecin pratiquant cette intervention. Celui-ci doit non seulement prendre acte des raisons qui la motivent, mais aussi informer le patient sur les méthodes contraceptives alternatives et les techniques de stérilisation possibles (modalités, conséquences, risques, irréversibilité). À l’issue de cet entretien, le médecin peut refuser de pratiquer cette intervention mais doit, dans tous les cas (accord ou refus), remettre à la personne concernée le livret d’information du ministère de la Santé(2) ainsi qu’une attestation de première consultation.

Respecter le délai de réflexion

Dès lors que le médecin accepte de réaliser l’intervention demandée, la personne dispose d’un délai de quatre mois pour réfléchir, approfondir son information et confirmer sa décision. S’il le juge utile, le médecin peut proposer une aide à la démarche sous forme d’entretien (s) avec un conseiller conjugal, un psychologue ou un psychiatre.

Rédiger un consentement

Si la personne maintient sa demande une fois ce délai de réflexion échu, elle doit la confirmer par écrit en remplissant un formulaire de “consentement à la réalisation d’une SC” (article 26 de la loi, article 2123-1 du Code de santé publique) qu’elle remet au praticien lors de la consultation préalable à l’intervention. Dans le cas où le partenaire a été associé à la réflexion, seul le consentement de l’intéressé (e) est recevable.

Réalisation de l’intervention

Quelle que soit la méthode choisie, l’intervention doit être réalisée dans un établissement de santé public ou privé (hôpital ou clinique) dans les conditions d’asepsie d’un bloc opératoire.

Personnes handicapées mentales

Ces personnes, dès lors qu’elles sont placées sous un régime de protection légale (tutelle ou curatelle), peuvent accéder à la SC sous réserve d’un décision du juge des tutelles.

Et après…

Si la SC réduit a priori tout projet de grossesse, il est important de rappeler que, comme toutes les autres méthodes contraceptives à l’exclusion du préservatif, elle ne protège pas des infections sexuellement transmissibles. Quant aux hommes qui voudraient se prémunir contre un regret tardif, il est possible de réaliser une auto-conservation du sperme dans un Centre d’étude et de conservation du sperme (voir le site Internet www.cecos.org).

Méthodes chirurgicales(3)

Si la vasectomie est la seule méthode de stérilisation contraceptive chez l’homme, en revanche plusieurs options s’offrent aux femmes : dispositifs intratubaires, ligatures des trompes, électrocaogulation, pose d’anneaux ou de clips. Toutes ces méthodes doivent être présentées comme permanentes et irréversibles. Toutefois, elles ne sont pas toutes efficaces immédiatement. Il est donc important, parmi les informations à connaître sur ces techniques, de retenir celles qui nécessitent de poursuivre ou de mettre en place une contraception complémentaire.

Vasectomie

→ Consiste à couper ou obturer les canaux déférents via une incision au niveau des bourses dans le but d’empêcher le passage des spermatozoïdes et d’aboutir à une azoospermie (absence totale de spermatozoïdes dans le sperme).

→ Réalisée en ambulatoire sous anesthésie locale ou générale.

→ Efficacité différée sous huit à seize semaines et environ vingt éjaculations pour faire disparaître les spermatozoïdes.

→ Complications possibles : hématomes, infections, douleur scrotale.

→ Aucun impact sur la qualité de l’érection, de l’éjaculation, le désir et le plaisir sexuel.

Risque de grossesses non souhaitées la première année : 0,15 % en pratique courante.

→ Restauration chirurgicale possible mais aléatoire.

Dispositif intratubaire (Essure)

→ L’insertion par hystéroscopie (temps d’intervention compris entre 8 et 18 minutes selon l’expérience de l’opérateur) d’un micro-implant dans chacune des trompes de Fallope entraîne une fibrose progressive et une obstruction totale des trompes dans un délai de trois mois.

→ Réalisée en ambulatoire sous anesthésie locale ou sous sédation (Biprofénid).

→ Efficacité différée à trois mois. Doit être confirmée par examen échographique ou radiographique.

→ Complications possibles : perforation (0,3 %), expulsion de l’implant (0,16 %), douleur pelvienne (0,06 %), métrorragies (0,09 %), infection(4).

→ Risque de grossesses non souhaitées la première année : 0,5 % en pratique courante. Tout retard de règle impose de consulter.

→ Reperméabilisation chirurgicale impossible.

Ligature des trompes, pose d’anneaux ou de clips, électrocoagulation

→ Ces techniques provoquent une occlusion immédiate des trompes par ligature et section, électrocoagulation ou pincement.

→ Réalisées par cœlioscopie ou à l’occasion d’une autre intervention (césarienne) sous anesthésie générale, anesthésie locorégionale (péridurale) ou locale.

→ Efficacité immédiate.

→ Complications post-opératoires rares (0,1 à 1 %) et généralement bénignes : douleurs abdominales passagères.

→ Aucun effet sur l’équilibre hormonal, le désir et le plaisir sexuel.

→ Reperméabilisation difficile et incertaine.

(1) Loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001.

(2) Lire via le lien raccourci bit.ly/1hZVxui

(3) “Stérilisation à visée contraceptive chez l’homme et la femme”, Haute Autorité de santé, avril 2013.

(4) Livret d’information “La stérilisation à visée contraceptive”, Clinique mutualiste la Sagesse à Rennes (Ille-et-Vilaine).