Drogues en campagne - L'Infirmière Libérale Magazine n° 311 du 01/02/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 311 du 01/02/2015

 

SANTÉ PUBLIQUE

Actualité

MARIE-CAPUCINE DISS  

PRÉVENTION > La journée consacrée aux dix ans des Caarud a été l’occasion de faire le point sur ces structures et les obstacles rencontrés. En milieu rural, les enjeux sont resserrés sur la difficulté à rencontrer les usagers.

Comment aller à la rencontre d’usagers isolés, sur un territoire enclavé, dont les voies de circulation sont principalement des nationales et des départementales ? C’est la gageure quotidienne à laquelle se confronte le Sémaphore, un Caarud (Centre d’accueil et d’accompagnement à la prévention des risques pour usagers de drogues) implanté depuis trois ans en terre ardéchoise.

Pour Stéphanie Lefevre, animatrice de prévention et art-thérapeute, le choix du camion mobile s’est imposé : « Sur un territoire où l’aller-retour entre nos deux locaux d’Annonay et d’Aubenas prend cinq heures, c’est un moyen d’optimiser nos déplacements. » Le Caarud mobile assure une permanence à Tournon et dans une cinquantaine de kilomètres alentour. Ce qui permet de se rapprocher des habitations, des camions ou des voitures où résident des usagers isolés, n’ayant pas toujours les moyens de se déplacer facilement.

Confiance

Dans ce cas, le camion se poste en périphérie de ville, ou de village, afin d’assurer un meilleur anonymat : « De manière générale, les usagers préfèrent discuter devant le camion et ne pas rentrer dedans. » Ce souci de discrétion – le bus est complètement banalisé – a permis de gagner la confiance des usagers. Les salariés du Sémaphore ont veillé à rencontrer les forces de l’ordre. « Nous leur avons expliqué comment nous procédions et leur avons demandé ne pas s’approcher du camion lors de nos permanences. » Le bouche-à-oreille a fonctionné. La hausse du nombre de seringues échangées (en 2012, 13 seringues étaient récupérées et 25 distribuées, contre respectivement 41 000 et 82 000 en 2014) est un signe de la relation de confiance instaurée avec le temps. « À présent, commente Stéphanie Lefèvre, les usagers nous parlent de leur réelle consommation. Ils ont moins tendance à la minimiser. » Autre signe qui ne trompe pas, les usagers donnent maintenant leur numéro de téléphone portable, ce qui facilite l’organisation des permanences mobiles. La file active du Sémaphore est stabilisée autour de 140 personnes, mais, chaque année, 50 % des personnes qui la composent sont des nouveaux venus.

Permanences

Si certains usagers sont fidélisés, le suivi des personnes travaillant de manière saisonnière dans l’agriculture ou la restauration n’est pas aisé. Afin d’élargir sa zone géographique, le Sémaphore travaille en partenariat avec deux CHRS (Centres d’hébergement et de réinsertion sociale) du département, dans lesquels il assure des permanences. Des usagers partant travailler dans des zones particulièrement enclavées peuvent alors être dirigés vers l’association Safe, qui pratique l’envoi postal de matériel d’injection.