Lyme au tribunal - L'Infirmière Libérale Magazine n° 310 du 01/01/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 310 du 01/01/2015

 

JUSTICE

Actualité

S.M.  

PROCÈS > La condamnation de deux pharmaciens présentés comme des « lanceurs d’alerte » alimente le débat sur la prise en charge.

En novembre à Strasbourg (Bas-Rhin), la justice a condamné deux pharmaciens, Viviane Schaller, ancienne propriétaire d’un laboratoire d’analyses médicales, et Bernard Christophe, ancien propriétaire du laboratoire Nutrivital, l’une pour escroquerie à la CPAM (et notamment neuf mois de prison avec sursis) et l’autre pour exercice illégal de la pharmacie. Eux qui sont présentés par leurs soutiens comme des « lanceurs d’alerte » face à une maladie mal diagnostiquée et sous-estimée feront appel de ces décisions.

Dans la détection de la présence d’anticorps de la bactérie Borrelia, agent de la maladie de Lyme, les autorités préconisent d’effectuer le test Western Blot uniquement lorsque le test Elisa s’avère positif, et non les deux systématiquement comme le pratiquait Viviane Schaller, qui a de plus abaissé le seuil de détection d’Elisa avec l’objectif d’en améliorer la fiabilité, et en ayant averti plusieurs caisses.

Sous-estimation de la maladie de Lyme

Quant à Bernard Christophe, il lui est reproché d’avoir fabriqué et commercialisé, hors du cadre réglementaire, un composé d’huiles essentielles censé lutter contre les tiques et la bactérie. Un produit qu’il dit n’avoir pas présenté comme un médicament.

« On reproche aux prévenus de faux diagnostics qui auraient conduit les patients à ne pas se soigner, mais c’est exactement le contraire », a indiqué une avocate (bit.ly/1GqJ4qL). Une dizaine de témoins ont défendu les prévenus. Parmi eux, le Pr Christian Perronne, membre du Haut Conseil de la santé publique, évoquant notamment les actuels « tests qui ne sont pas fiables »,et Judith Albertat, présidente de l’association de patients Lyme sans frontières. Ils ont insisté sur la sous-estimation de la maladie de Lyme en France. Un rapport d’une commission ministérielle sur le sujet est attendu d’ici le premier trimestre 2015. Une récente résolution européenne (bit.ly/1wW1azU) considère déjà la borréliose de Lyme comme « un enjeu de santé publique majeur ».