Grève dans une CPAM - L'Infirmière Libérale Magazine n° 310 du 01/01/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 310 du 01/01/2015

 

POLITIQUE DE SANTÉ

Actualité

CAROLE TYMEN  

ADMINISTRATION > L’activité au sein de l’Assurance maladie et le travail des professions libérales de santé ne sont pas forcément sans lien… Un délégué CGT livre son regard.

Mardi 2 décembre, plusieurs dizaines d’agents de la Caisse primaire d’Assurance maladie (CPAM) de Rennes ont manifesté à l’appel des syndicats CFDT et CGT. Ils dénoncent notamment « l’augmentation des compétences sans reconnaissance supplémentaire et la réduction des effectifs avec un remplacement sur deux des départs en retraite »*. Une situation fidèle à la feuille de route de la Cnamts pour 2014-2017 qui prévoit encore 4 490 suppressions de postes en plus des 16 000 déjà effectuées depuis dix ans.

Pour Jean-Yves Moisson, administrateur de la CPAM d’Ille-et-Vilaine depuis trente ans et délégué du collectif CGT pour la protection sociale, c’est la prise en charge des assurés et l’accompagnement des professionnels de santé, des libéraux en particulier, qui est en jeu. « Bientôt, les agents ne pourront plus répondre aux questions des uns et des autres, faute de temps, se désole-t-il. La gestion du risque est devenue comptable. Elle n’est pas celle de professionnels de santé. »

« Pas un mouchard »

Il s’interroge sur l’efficacité du redéploiement des personnels “économisés” par la généralisation des télétransmissions par la carte Vitale et bientôt par la numérisation des ordonnances via le programme Scor (lire aussi p. 27). « Les progrès techniques ne remplacent pas les humains. La Sécurité sociale doit trouver des solutions pour ne pas asservir les professionnels aux technologies. Ce doit être un complément et une simplification de leur travail. Pas un mouchard qui détecte la visite de trop. »

« Un service public au rabais »

Il souligne le délaissement de la prévention, « parent pauvre de la Sécu » qui, selon lui, permettrait, si elle était renforcée, d’éviter des hospitalisations et leur coût. « Les Idels sont au plus près des patients. Leur rôle d’accompagnement et leur avis, en amont, peuvent bien souvent éviter des complications. »

Loin d’occulter le rôle de contrôle des CPAM envers les infirmières libérales, Jean-Yves Moisson croit au dialogue. « Il faut informer et conseiller l’ensemble de la filière sur les besoins et les orientations de la Sécurité sociale. » Au conseil d’administration de la CPAM d’Ille-et-Vilaine, le 11 décembre, il dit avoir pointé les directives de la Convention d’objectifs et de gestion (COG) entre l’État et la Cnamts pour 2014-2017, à savoir « accès réel aux soins, qualité des relations et efficience du système ». Pour lui, « la COG est présentée aux professionnels comme une enveloppe fermée. Il faut partir de la réalité du terrain. Sinon, c’est un service public au rabais qui sera proposé ».

* Nous avons sollicité en vain la direction de la CPAM.