Le DPC, dispositif peu connu ? - L'Infirmière Libérale Magazine n° 309 du 01/12/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 309 du 01/12/2014

 

FORMATION

Actualité

LAURE MARTIN  

ÉTAT DES LIEUX > Les Idels sont-elles réceptives ou non au développement professionnel continu (DPC) ? Éléments de réponse dévoilés, au Salon infirmier, par Catherine Prêcheur, Idel et formatrice en Ifsi à Marseille, qui, avec deux autres infirmières, a travaillé sur le sujet.

« Avant la mise en place du caractère obligatoire du DPC, il a été constaté qu’il était difficile pour beaucoup d’infirmières libérales de se former, simplement parce qu’elles n’en avaient pas l’envie », a souligné Catherine Prêcheur, lors du Salon infirmier, début novembre, à Paris.

Vers davantage de compétences

La mise en place du DPC, avec la loi Hôpital, patients, santé et territoires de 2009, a modifié le contexte et, face à cette obligation, « nous nous sommes demandées comment le secteur libéral allait réagir et articuler cette obligation avec son mode d’exercice ». Il y a, selon Catherine Prêcheur, un glissement des normes hospitalières vers le domicile. « Il est aujourd’hui demandé aux infirmières libérales d’être de plus en plus compétentes à domicile. On leur demande de se former car on estime que le patient est en droit de recevoir des soins de qualité comme à l’hôpital. »

Catherine Prêcheur dresse un état des lieux de l’implication des infirmières libérales dans le cadre du DPC, mené dans le cadre d’un master 2 en sciences de l’éducation.

Formation DPC, késako ?

« Nous avons réalisé une enquête exploratoire en février 2014 en envoyant aux infirmières libérales un questionnaire par email via les syndicats et l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) d’Île-de-France, 82 d’entre elles y ont répondu », rapporte-t-elle. Seules 28 % des répondantes savaient ce que le terme DPC signifiait. « 40 % ont affirmé ne pas se former », rapporte l’infirmière. Le manque de temps est fréquemment évoqué, comme les thèmes de formation qui ne correspondent pas à leur attente. Pour celles ayant suivi une formation DPC, toutes ont évoqué l’acquisition et l’amélioration des compétences comme raison à cette formation. La deuxième raison est l’échange avec d’autres professionnels de santé, « ce qui met en lumière le facteur d’isolement », relève Catherine Prêcheur.

Trois mois plus tard, avec la même méthode et les mêmes questions, adressées aux mêmes destinataires – 1 976 questionnaires au total ont été envoyés dans les deux enquêtes –, Catherine Prêcheur et les Idels Pascale Jouve et Marie-Delphine Gensollen ont voulu savoir si la communication concernant le DPC, mise en place par les autorités compétentes, avait fonctionné.

« Pratico-pratiques »

« Lors du second questionnaire, 69 % ont su définir ce que voulait dire DPC et 86 % des infirmières ont affirmé s’être formées », note Catherine Prêcheur. « Les formations sont devenues beaucoup plus pratico-pratiques », ajoute-t-elle.

Les trois infirmières ont fait analyser le résultat de leur enquête – 96 réponses dans cette seconde enquête – par six formateurs qui ont confirmé qu’il y avait eu une très nette augmentation des participants aux actions de formation. Mais « ils voient désormais arriver des infirmières qui viennent uniquement pour valider leur formation ». « Le DPC a altéré le sens de l’engagement en formation, a conclu Catherine Prêcheur. Il va falloir du temps pour transformer cette contrainte en opportunité et en plaisir. »

EN SAVOIR +

→ Pour évaluer la connaissance du DPC et de son propre rôle, l’organisme OGDPC invite les professionnels de santé (dont les Idels) à compléter un questionnaire en ligne avant le 15 décembre (lien raccourci : bit.ly/1uJcigp).

Un seule inscription par an

Depuis le 17 octobre, compte tenu de la dynamique des inscriptions des professionnels de santé à un programme de DPC en 2014 (18 000 inscriptions par mois en moyenne), le Conseil de gestion de l’Organisme gestionnaire du DPC a décidé que seule la première inscription serait prise en charge, afin de permettre à chaque professionnel de santé de répondre à son obligation annuelle. Pour soutenir les professionnels de santé dans leur démarche, un budget rectificatif augmentant le budget initial 2014 de 13 millions d’euros a été voté.