Les financements manquent - L'Infirmière Libérale Magazine n° 305 du 01/07/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 305 du 01/07/2014

 

ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE

Actualité

LAURE MARTIN  

ÎLE-DE-FRANCE → Huit Unions régionales des professionnels de santé (URPS) s’unissent pour ouvrir en ville l’accès aux programmes d’éducation thérapeutique du patient. Mais l’initiative bloque.

« Nous sommes partis du constat que les programmes d’ETP autorisés existent majoritairement au sein des établissements hospitaliers ou de structures associatives », souligne Jean-Jules Mortéo, président de l’URPS- infirmiers d’Île-de-France. Dans la région, les services hospitaliers réalisent 85 % des actions d’ETP dits “programmes autorisés” par l’Agence régionale de santé (ARS). Or, sur mille habitants exposés à un problème de santé, seuls neuf sont admis à l’hôpital. « Nous avons donc pensé qu’il serait judicieux que les programmes d’ETP soient au plus près des patients et réalisés à domicile ou aux cabinets des professionnels libéraux », ajoute-t-il en précisant que les URPS travaillent sur ce projet depuis deux ans. Le programme présenté à l’ARS par huit URPS franciliennes* consiste à établir un modèle d’ETP pour les patients en ville et à développer l’offre d’ETP par 110 professionnels de santé organisés en vingt équipes pluriprofessionnelles de proximité et formés par des organismes dédiés. Ils éduqueraient 1 000 patients à risque cardiovasculaire, soit cinquante patients par équipe. Les URPS ont envisagé un budget de 300 euros par patient et par an, pour cinq entretiens d’ETP de vingt à trente minutes.

Absence de soutien

« Le financement nécessaire est supérieur à 300 000 euros, rapporte Jean-Jules Mortéo. Mais nous n’avons pas l’appui de l’ARS, ce qui rend impossible la mise en œuvre du projet. » Et d’ajouter : « L’ARS nous dit que le projet est innovant, intéressant et répond à un besoin avéré, mais il semble qu’elle ne veuille pas ouvrir l’ETP à la ville et préfère réserver les budgets à l’hôpital. » Pourtant, l’expérimentation permettrait l’appropriation de “la culture ETP” par les professions de santé libérales.

« Il est important d’accéder à des programmes de santé publique car nous avons des compétences dans ce domaine qui sont sous-utilisées, surtout pour les infirmiers, estime Jean-Jules Mortéo. De plus, la part de l’activité “traditionnelle” des infirmiers diminue chaque jour, donc, d’un point de vue économique, il faut investir d’autres champs. » Il s’agit « d’un secteur d’avenir et la valorisation d’autres compétences que le soin est enrichissante, considère-t-il. On ne comprend pas cette fin de non-recevoir. C’est peut être une volonté politique de dire que la prévention et l’éducation ne relèvent pas du champ libéral ».

* Biologistes, chirurgiens-dentistes, infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, médecins, orthophonistes, orthoptistes et pédicures-podologues.