Une mutuelle santé pour un village de Provence - L'Infirmière Libérale Magazine n° 304 du 01/06/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 304 du 01/06/2014

 

ACCÈS AUX SOINS

Actualité

CHANTAL BÉRAUD  

INVENTION → À Caumont-sur-Durance, beaucoup renonçaient aux soins, faute de complémentaire santé. Un contrat spécifique au village a été négocié auprès de la Mutuelle générale d’Avignon.

En France, 2,5 à 4 millions de personnes n’ont pas de couverture mutuelle. À Caumont-sur-Durance (4 600 habitants, Vaucluse), Véronique Debue, adjointe aux affaires sociales et vice-présidente du Centre communal d’action sociale, constate en 2013 que de plus en plus de gens renoncent aux soins. Elle a alors l’idée de négocier une mutuelle groupée pour les habitants, à un tarif plus abordable. Un courrier, adressé à la population, teste l’intérêt pour ce projet. Il est assorti d’une citation de Churchill : « Tout le monde savait que c’était impossible à faire puis un jour quelqu’un est arrivé qui ne le savait pas, et il l’a fait. » Message reçu : fin avril 2014, quelque 250 foyers ont adhéré au contrat spécifique communal, négocié auprès de la Mutuelle générale d’Avignon (MGA). Au tarif unique de 47 euros par mois, quelle que soit la tranche d’âge.

Les professions de santé impliquées

Pourquoi ce choix ? Le tarif unique renoue avec l’esprit de solidarité mutualiste d’origine. L’élue a aussi étudié différents contrats, en s’entourant d’un comité de pilotage, composé de “notables” et de professions de santé (pharmacien, infirmière libérale, opticien…).

« Chaque corps de métier a apporté sa compétence pour étudier les devis soumis par plusieurs mutuelles, témoigne Julien Yeghnoyan, chirurgien-dentiste. Dans ma spécialité, ce sont les jeunes et les personnes âgées qui étaient surtout mal remboursés, pour des soins comme les couronnes ou les prothèses. » Outre la comparaison des tarifs, des appels téléphoniques anonymes ont également été adressés aux agences, afin de tester leurs réelles disponibilités et qualité d’accueil.

Un cas unique ?

Quatre mois après le début du contrat, un phénomène de retour aux soins a bel et bien été observé au village. « L’essentiel des demandes concerne les postes dentaires et d’optique », précise Adolphe Barnéoud, président de la MGA. Si la presse nationale et de nombreux élus se sont déjà déplacés à Caumont-sur-Durance, lui se montre nettement plus prudent quant à la possibilité d’appliquer la même formule à d’autres territoires : « La solidarité intergénérationnelle n’a pas joué autant qu’on l’espérait : peu de jeunes ont adhéré. Ils préfèrent souscrire ailleurs pour 20 à 30 euros. Nous espérons seulement à peu près équilibrer nos comptes en fin d’année. »