La main sur le corps - L'Infirmière Libérale Magazine n° 301 du 01/03/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 301 du 01/03/2014

 

Nadège Quoinon, chiropractrice à Ivry-sur-Seine (94) et clinicienne à l’Institut franco-européen de chiropraxie

La vie des autres

LAURE MARTIN  

Diplômée depuis quatre ans, Nadège Quoinon exerce en tant que chiropractrice libérale à Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne. Cette profession, bien implantée à l’étranger, commence à prendre de l’ampleur en France depuis sa reconnaissance en 2011.

Nadège Quoinon est passée par la case médecine, avant de revoir son orientation professionnelle et de se diriger vers la chiropraxie. « Je cherchais une profession en contact avec le patient, explique la jeune femme de 29 ans. Je me suis tournée vers la chiropraxie car j’ai été soignée de cette manière pendant toute ma jeunesse. » En effet, ses parents ont toujours été attirés par les professions paramédicales, « ce qui m’a amenée à connaître la chiropraxie autant que les autres professions médicales ». Nadège Quoinon reconnaît avoir hérité de ses parents un réel intérêt pour les médecines alternatives, comme l’hypnose ou l’acupuncture. « J’aime travailler avec des gens qui vont chercher ailleurs », confie-t-elle. Autre élément qui la convainc dans son choix de profession : à l’époque de sa réorientation, elle cherche une école où la formation est sûre et où le diplôme n’est pas « plus ou moins valide ». « En sortant de ma première année de médecine, j’ai donc cherché des écoles et j’ai remarqué que, dans le domaine de la chiropraxie, il n’en existait qu’une en France, à Ivry-sur-Seine, accréditée, et qui dispensait une formation de 5 500 heures, sur six ans. Le parcours était strict et carré, ce qui m’a rassurée, contrairement à certaines écoles d’ostéopathes, très nombreuses, qui n’ont pas toutes les mêmes critères d’enseignements. »

Les effets de la chiropraxie

Les chiropracteurs ont principalement comme outils de travail leurs mains. « Cette manière de travailler a également motivé mon choix, précise Nadège Quoinon. J’avais envie de travailler d’une autre manière sur le corps, tout en étant en symbiose avec les médecins. » La chiropraxie, qui peut s’exercer sur des nourrissons comme sur des personnes âgées, consiste en la prévention, le diagnostic et le traitement des pathologies mécaniques, réelles ou supposées, de l’appareil neuro-musculo-squelettique, en particulier du rachis. « Mon métier se fonde surtout sur la conception globale du corps du patient. La colonne vertébrale et le système nerveux sont la base du travail des chiropracteurs. » L’objectif est de redonner au corps sa mobilité, d’apaiser les différentes douleurs dont peut souffrir le patient, de corriger les blocages articulaires et musculaires. « On ajuste pour libérer les articulations et permettre au corps de retrouver sa mobilité », souligne Nadège Quoinon. Il arrive que les patients viennent avec une requête car ils ont des douleurs aux cervicales, à la cheville ou encore aux genoux, mais certains viennent simplement en prévention.

Chiropracteurs, ostéopathes, kinésithérapeutes…

« La chiropraxie et l’ostéopathie ont les mêmes bases, puisqu’il s’agit dans les deux cas de professions manuelles. Mais nous avons deux approches différentes. Les ostéopathes se concentrent sur le système vasculaire, viscéral et digestif, tandis que les chiropracteurs se basent sur le système vertébral et neurologique. » Les ostéopathes peuvent eux aussi effectuer des manipulations articulaires, mais elles ne sont pas forcées, alors que les chiropracteurs vont jusqu’à la libération articulaire complète. De plus, si les ostéopathes ont des formations variées, ce qui peut se ressentir sur leurs actes, les chiropracteurs ont tous la même formation à travers le monde, leur manière de travailler est donc similaire. Quant aux masseurs-kinésithérapeutes, ils ne font pas de manipulation vertébrale, ils massent et ils rééduquent. Ils ne libèrent pas les articulations, car cela ne relève pas de leur formation. « Le fait d’avoir chacun une connaissance, un outil d’interrogation et d’anamnèse qui nous sont propres, implique que nous soignons différemment et que nous allons offrir au patient des solutions appropriées. Nos approches peuvent être complémentaires, cela dépend des envies et des besoins des patients. »

Depuis la rentrée 2013, Nadège Quoinon a ajouté une nouvelle corde à son arc puisqu’elle est clinicienne à l’Institut franco-européen de chiropraxie (Ifec) deux jours et demi par semaine, soit 80 heures par mois. « J’avais vraiment envie d’être au contact des étudiants, en clinique, juste avant leur entrée dans la vie active, pour leur apporter mon expérience. C’est très enrichissant pour moi, car les étudiants posent de nombreuses questions, et c’est intéressant pour eux d’avoir des professeurs qui sont également de jeunes chiropracteurs car on peut leur enseigner ce que l’on vit au quotidien. » D’ailleurs, à l’issue de leur cursus, une fois diplômés, les étudiants ont un stage obligatoire dans un cabinet libéral, sous forme de compagnonnage, chez un ou plusieurs professionnels.

Vers un panel thérapeutique

La jeune praticienne porte un regard enthousiaste sur sa profession, un « regard d’avenir », car « de plus en plus de chiropracteurs sont formés chaque année : de 75 diplômés il y a cinq ans, on est passé à 150 aujourd’hui ». Et de conclure : « Nos liens se développent avec les autres professions de santé. Aujourd’hui, des médecins m’envoient leurs patients. C’est très bénéfique pour le patient d’avoir un panel thérapeutique complet et, dans ce domaine, on a tout à construire en France afin d’être complémentaires. »

Elle dit de vous !

« Je ne suis pas vraiment en contact avec les infirmières libérales. Les infirmières libérales et les chiropracteurs n’ont pas, il me semble, encore trouvé une manière de communiquer qui paraisse évidente. Peut-être par manque de temps… Nous avons une compatibilité à rechercher avec elles, afin de savoir dans quel domaine nous pourrions les aider, les compléter. En revanche, elles viennent se faire soigner, notamment pour des douleurs de dos, car elles passent du temps assises dans leur voiture, et il leur arrive aussi de porter des patients. Avoir recours à la chiropraxie peut être un plus pour elles afin d’atténuer les douleurs qu’elles peuvent ressentir dans leur travail quotidien. »

RÉGLEMENTATION

Métier encadré, enseignement standardisé

La profession de chiropracteur est régulée en France depuis la loi du 4 mars 2002, mais les diplômés français ont dû attendre le 7 janvier 2011 pour la publication des textes réglementaires concernant leurs actes professionnels, et le 21 septembre 2011 pour ceux encadrant la formation. La chiropraxie est la seule profession de santé pour laquelle la formation est standardisée au niveau mondial. Tous les chiropracteurs reçoivent une formation équivalente aboutissant à la délivrance d’un diplôme Doctor of chiropractic. La qualité et l’équivalence d’enseignement des établissements accrédités sont contrôlées par les Chiropractic Council on Education de chaque continent, qui vérifient l’application des standards de formation dictés par le Chiropractic Council on Education International. En France, l’Institut franco-européen de chiropraxie (Ifec) est accrédité par le European Council on Chiropractic Education et aussi par le ministère de la Santé.