Dix ans d’innovations - L'Infirmière Libérale Magazine n° 301 du 01/03/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 301 du 01/03/2014

 

E-SANTÉ

Actualité

SANDRA MIGNOT  

TECHNOLOGIES > Patient informé et éclairé par ses pairs, objets connectés ou applications mobiles, coopération des médecins avec des industriels : les technologies de l’informationet de la communication continuent, jour après jour, de modifier la pratique du soin.

« La France n’est pas en retard, a résumé Pierre Simon, président de l’Association nationale de télémédecine (Antel) lors du colloque Tic Santé 2014, le 12 février. Sur notre territoire, 280 applications de télémédecine sont recensées et nous avons été les premiers à adopter le terme de “e-santé” en 2000. » Ces dix dernières années, Robert Picard, référent santé au Conseil général de l’économie, de l’industrie, de l’énergie et des technologies (relevant entre autres du ministère de l’Industrie), a recensé par moins de 25 rapports touchant à l’application des technologies de la communication dans le secteur de la santé.

« Quantified self »

« Beaucoup de produits émergent aujourd’hui, notamment sur le marché du “quantified self”, car les citoyens se préoccupent individuellement de leur santé », souligne Robert Picard. Le “quantified self” signifie le fait de mesurer soi-même certaines constantes (poids, tension, glycémie…) en fonction de la pathologie.

Pendant le colloque, de nombreuses interrogations ont été soulevées, notamment quant à cette nouvelle forme d’information du patient que fournit Internet. « Il ne faut pas en avoir peur, précise Catherine Cerisey, auteur du blog “Après mon cancer du sein” et fondatrice d’une société de conseil en santé. Les gens ne sont pas stupides, ils ne mettent pas toutes les sources d’info au même niveau et apprennent à faire le tri. »

« Living Labs »

De plus en plus informés (grâce aux forums aussi, ces échanges entre pairs qui ont permis l’émergence d’un patient expert, responsable et plus autonome) les usagers du système de soin revendiquent aujourd’hui un rôle actif dans son évolution : « C’est tout l’intérêt de la démarche des Living Labs, remarque Catherine Cerisey. Ces installations permettent de tester grandeur nature et avec de vrais utilisateurs des applications, outils et usages nouveaux des technologies de la communication. »

Au point, même, que certains considèrent l’émergence d’un nouveau métier fondé sur la valorisation d’une expérience de la maladie.

Projets pilotes

Du côté des professionnels, une réelle collaboration s’est construite entre médecins et industriels des technologies de communication. « Ces deux mondes complexes se sont rencontrés, explique Béatrice Falise Mirat, médecin et directrice des affaires publiques et réglementaires chez Orange HealthCare. Et il a fallu beaucoup de projets pilotes pour apprendre à construire ensemble. » Car il ne s’agit pas seulement d’avoir une idée et de lui associer la technologie adéquate. « La technologie fait rêver les professionnels qui pensent qu’un industriel peut rapidement mettre une idée en œuvre. Mais il faut d’abord arriver à formuler un objectif, avec un véritable projet médical, sinon un grand nombre de solutions ne tiendront pas la route. »

Déploiement imminent

Les projets expérimentés se sont complexifiés, associant des acteurs de plus en plus nombreux (autorités de santé, établissements de soin, professionnels libéraux, associations de patients, industriels…).

« Nous sommes à une période charnière, en France comme dans d’autres pays où on recherche encore des modèles de financement, d’organisation et d’évaluation, affirme Béatrice Falise-Mirat. Aujourd’hui, tous les acteurs ont été sensibilisés. Reste à constituer et encadrer le marché, avec des actes cotés. Nous sommes à présent à la veille de la phase de déploiement. »