Les contraceptions hormonales hors pilule - L'Infirmière Libérale Magazine n° 300 du 01/02/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 300 du 01/02/2014

 

Gynécologie

Cahier de formation

Le point sur

ANNE-GAËLLE HARLAUT  

Une femme de 15-49 ans sur deux recourt à la pilule, le moyen de contraception préféré des Françaises*. Mais d’autres méthodes gagnent du terrain. L’orientation vers ces autres voies peut se faire en raison de défauts d’observance et de profils particuliers.

Critères de choix

→ Le choix entre diverses méthodes hormonales est guidé par les contre-indications liées à une situation physiologique ou pathologique, le mode de vie, les préférences de l’utilisatrice, les capacités d’observance et le risque acceptable de grossesse.

→ L’efficacité d’une méthode est estimée par l’OMS via le taux de grossesse accidentelle au cours de la première année d’utilisation : très efficace si inférieur à 1 % ; efficace entre 1 et 9 % ; modérément efficace entre 10 et 25 %. En utilisation courante, une méthode est considérée comme très efficace si ce taux est compris entre 0,05 et 8 %.

Œstroprogestatifs

Le dispositif transdermique (patch)

Evra, seul commercialisé, contient une association d’œstrogène (éthinylestradiol) et de progestatif (norelgestromine) diffusée en continu dans la circulation par voie transdermique. Il n’est pas remboursable.

→ Mécanisme d’action principal : blocage central de l’ovulation ; secondaire : épaississement de la glaire du col utérin (qui gêne la progression des spermatozoïdes) et modifications de la muqueuse utérine (gêne la nidation de l’œuf fécondé).

→ Mode d’emploi : un patch par semaine pendant trois semaines, suivies d’une semaine d’arrêt. Appliquer sur la fesse, l’abdomen, la face extérieure du bras ou le torse (sauf sur les seins) sur peau sèche, propre, ni irritée, ni entaillée.

→ Effets indésirables les plus fréquents : céphalées, nausées, tensions mammaires, irritations locales.

→ Contre-indications : présence ou antécédent de thrombose veineuse ou artérielle, hypertension artérielle ou dyslipidémie sévère, diabète avec atteintes vasculaires, migraine avec aura, cancer hormono-dépendant, anomalie hépatique sévère, hémorragie génitale inexpliquée, association au millepertuis (risque de diminution de l’efficacité contraceptive).

→ Efficacité : 0,3 % en utilisation optimale et 9 % en utilisation courante.

→ Femmes concernées : en deuxième intention pour toutes les femmes, hors contre-indications, notamment celles qui désirent s’affranchir d’une prise quotidienne. Utilisable 42 jours après accouchement ou six mois si allaitement.

L’anneau vaginal

Nuvaring, seul commercialisé, est un anneau en plastique inséré dans le vagin, où il diffuse une association d’un œstrogène (éthinylestradiol) et d’un progestatif (étonogestrel). Il n’est pas remboursable.

→ Mécanisme d’action, contre-indications, femmes concernées : comme pour le patch.

→ Mode d’emploi : pincer l’anneau et l’insérer en position debout, accroupie ou allongée dans le vagin, où il est laissé en place trois semaines, suivies d’une semaine d’arrêt.

→ Effets indésirables les plus fréquents : céphalées, infections et pertes vaginales.

→ Efficacité : 0,3 % en utilisation optimale et 9 % en utilisation courante.

Progestatifs purs

L’implant sous-cutané

Seul commercialisé, Nexplanon, bâtonnet réservoir flexible de 4 cm et 2 mm de diamètre, libère quotidiennement dans le sang un progestatif (étonogestrel). Il est remboursable.

→ Mécanisme d’action : comme pour le patch.

→ Mode d’emploi : implanté sous anesthésie locale au niveau du bras pour une durée de trois ans maximum (moins si poids ≥90 kg).

→ Effets indésirables les plus fréquents : infections vaginales, céphalées, acné, mastodynie, prise de poids, aménorrhée.

→ Contre-indications : accident thromboembolique veineux évolutif, cancer hormono-dépendant, affection hépatique sévère, hémorragie génitale inexpliquée, association au millepertuis.

→ Efficacité : 0,05 % en utilisation optimale et courante.

→ Femmes concernées : en deuxième intention en cas de contre-indication ou d’intolérance aux œstroprogestatifs, ou en cas d’inobservance. Utilisable 21 jours après accouchement.

→ Le dispositif intra-utérin hormonal (DIU)

Mirena, seul commercialisé, délivre un progestatif (lévonorgestrel) en continu.

→ Mode d’action : épaississement de la glaire cervicale et modifications de l’endomètre, blocage de l’ovulation de façon inconstante. La période d’efficacité est de cinq ans.

→ Effets indésirables les plus fréquents : saignements génitaux modifiés (dont aménorrhée fréquente), kystes ovariens. L’expulsion du dispositif intra-utérin est possible (environ une femme sur vingt).

→ Contre-indications : infection génitale en cours ou récente, anomalie anatomique utérine, hémorragie génitale inexpliquée, phlébite ou embolie pulmonaire en cours, cancer hormono-dépendant, affection hépatique sévère.

→ Efficacité : 0,2 % en utilisation optimale et courante.

→ Femmes concernées : toutes, en deuxième intention après un DIU au cuivre et/ou en cas de saignements menstruels importants. Recommandé quatre semaines après accouchement.

Injectable

Depo-Provera contient un progestatif (acétate de médroxyprogestérone) injecté en intra-musculaire profonde tous les trimestres. À utiliser quand d’autres méthodes ne sont pas possibles, sauf chez les adolescentes et si risque d’ostéoporose en raison de la diminution de la densité minérale osseuse. Il est remboursable.

* Population & Sociétés, bulletin de l’Institut national d’études démographiques, n° 492, septembre 2012.

Infos clés

Le risque d’accident thromboembolique veineux :

→ est rare (6 cas pour 10 000 lors de la grossesse) ;

→ ne remet pas en cause la balance bénéfice/risque des contraceptifs hormonaux ;

→ est maximal lors de la première année d’utilisation ou après un arrêt d’au moins quatre semaines ;

→ est lié à l’œstrogène, le sur-risque ne concernant pas de façon significative les progestatifs purs (implant, injectable…).

Quel risque thromboembolique veineux par rapport aux pilules ?

Le risque thromboembolique veineux (phlébite, embolie) est supérieur chez les utilisatrices de contraceptions œstroprogestatives par rapport à celles qui n’en prennent pas. Ce sur-risque, essentiellement lié à la présence de l’œstrogène, diffère néanmoins en fonction du progestatif associé. Selon les dernières évaluations de l’Agence européenne du médicament* :

→ chez les non-utilisatrices, le risque est d’environ 2 cas annuels pour 10 000 femmes ;

→ sous contraceptif œstroprogestatif de 1re ou 2e génération (contenant de la noréthistérone ou du lévonorgestrel), recommandé en première intention : 5 à 7 cas annuels pour 10 000 utilisatrices ;

→ sous contraceptif œstroprogestatif de 3e génération contenant de l’étonogestrel ou de la norelgestromine : 6 à 12 cas annuels pour 10 000 utilisatrices. Les patchs et anneaux entrant dans cette catégorie, leur sur-risque thromboembolique est au moins égal et jusqu’à deux fois supérieur à celui des contraceptifs de 1re ou 2e génération, d’où leur prescription en deuxième intention.

* “Contraceptifs hormonaux combinés (pilules, anneau vaginal et patch) : position finale du Comité des médicaments à usage humain” (CHMP), Point d’information, 25/11/2013, sur le site Internet www.ansm.sante.fr.