La relève de l’été - L'Infirmière Libérale Magazine n° 295 du 01/09/2013 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 295 du 01/09/2013

 

CARNET DE TOURNAGE

Actualité

En écrivant ce documentaire, je savais que le mois d’août serait un moment à part dans notre narration. Françoise en congés – il va sans dire, bien mérités – nous allions suivre sa remplaçante. Elles seront en fait trois à la suppléer : trois jeunes professionnelles attachantes, trois anges sur les traces de leur aînée.

« Juste une toilette et le pilulier. Vous verrez, elle est très gentille mais trouve dure la solitude… » Nous sommes en juillet, Françoise organise sa relève. À l’occasion de ce rendez-vous fleuve, les responsables du centre de soin à domicile notent tout, attentifs : affections et traitements bien sûr, mais aussi petites habitudes des patients, les choses à savoir de leur tempérament ou encore des points pratiques essentiels tels que les codes d’immeuble. Le matin même, nous avions filmé un entretien similaire avec Virginie, une jeune infirmière indépendante à qui Françoise a confié d’autres patients. Je mesure un peu plus encore, à l’aune de ces échanges extrêmement précis, à quel point une infirmière libérale sait tout de ses protégés, à quel point cette “passation de pouvoir” est déterminante pour le patient à qui l’on demande d’accorder tout de suite sa confiance. Lorsque nous revenons au centre en ce matin d’août, nous rencontrons Noémie et Amélie. Il est 7 h 30, elles sont en train de se répartir les patients de Françoise pour planifier au mieux leur tournée. Amusés, nous constatons très vite un changement majeur : les deux jeunes femmes sont à vélo ! Bye bye, la trottinette à laquelle nous nous étions habitués. Notre doyenne, Mlle L., 95 ans, reçoit sans états d’âme sa “nouvelle” infirmière. « J’ai pas pu faire mon lit, tant pis ? » Ce sont les premiers pas de Noémie en libéral. Elle est à l’aise et nous confie prendre beaucoup de plaisir. Sa principale difficulté ? Pour elle qui vient de la campagne : se repérer dans Lyon. Nous nous sommes nous aussi tellement perdus que nous compatissons. Nous poursuivons avec Amélie, à peine plus âgée mais plus expérimentée. Nous apprécions chez elle aussi sa simplicité et son professionnalisme. Françoise avait beau avoir prévenu, nous avons conscience d’être potentiellement une source de stress supplémentaire pour les patients et les soignants ce jour-là, surtout chez Mlle B. Très âgée et presque sourde, elle a accepté d’être filmée il y a longtemps mais a besoin d’être rassurée. Amélie doit lui donner une douche, un soin d’autant plus intime que les deux femmes ne se connaissent qu’à peine. Tout se passe au final remarquablement bien.

Nous finissons la matinée avec Virginie chez nos truculents “Italiens”. La jeune infirmière tente de se repérer dans le dédale de médicaments qui l’entourent : bien que tout soit noté, le couple a un peu de mal à se souvenir de ce qui a été pris ou non. Mais tout rentre dans l’ordre. « Vous êtes très gentille », glisse monsieur A. à Virginie tandis qu’elle s’apprête à partir. Comme des milliers d’autres, ces trois infirmières sont bien plus que ça.