Une plante qui fait du mal | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 289 du 01/02/2013

 

SANTÉ PUBLIQUE

Actualité

ENVIRONNEMENT → Un député de la région Rhône-Alpes dépose en ce début d’année une proposition de loi pour lutter contre l’ambroisie, une plante invasive particulièrement allergisante.

Bientôt une proposition de loi pour lutter contre une plante invasive ? D’après le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA), 1,2 million de personnes sont allergiques aux pollens d’ambroisie.

Des coûts élevés

Les symptômes surviennent de mi-août à début octobre (avec un pic en septembre). « Certains patients en sortent épuisés après un mois et demi d’allergie. Ils sont ensuite victimes dès l’automne de rhinopharyngites, sinusites ou bronchites », explique Bruno Girodet, médecin sentinelle du RNSA. Également coordinateur de l’unité d’allergologie au centre hospitalier Saint-Joseph-Saint-Luc de Lyon, pneumologue et allergologue libéral à Bron, il décrit la symptomatologie de cette maladie comme se traduisant « majoritairement par une rhinite (dans 90 % des cas), de la conjonctivite (75 %), ainsi que par de l’asthme (50 %). Avec, dans 10 % des cas, des poussées associées d’urticaires et/ou d’eczéma, et toujours une grande fatigue ».

Rien qu’en région Rhône-Alpes, son berceau historique, les coûts de santé liés à cette allergie sont estimés entre 14 et 19,6 millions d’euros, en 2011. Une note salée pour une plante sacrément invasive : adorant coloniser les sols nus, ses graines voyagent allégrement, notamment sous les roues des engins de chantier ou agricoles.

Destruction programmée

Pharmacien jusqu’en 2011 à Irigny, Jean-Luc da Passano (actuel vice-président en charge de la voirie auprès du Conseil général du Rhône) a été l’un des politiques pionniers à prôner sa lutte, dès 1997. Dans ce département, l’arsenal de guerre déployé contre l’ambroisie comprend campagnes d’information, marché de fauchage en insertion, végétalisation, etc. Un combat techniquement difficile à mener, qui implique de coordonner tous les acteurs (élus, agriculteurs, particuliers…).

C’est pourquoi le député-maire de Crémieu (Isère), a déposé une proposition de loi* afin « de rendre la destruction de l’ambroisie obligatoire, en délimitant le champ d’action de chacun ». L’ambroisie a gagné de nouvelles régions, dont, à ce jour, le Poitou-Charentes, la Bourgogne, la Franche-Comté et la Bretagne.

*Plus d’infos sur www.parlementaires-ambroisie.fr, www.ambroisie.info (Observatoire du ministère de la Santé et de l’Inra) et sur www.stopambroisie.com (association d’allergiques).

Prévenir et traiter

→ Le diagnostic se base sur des tests cutanés. Les dosages d’IgE spécifiques permettent d’affiner le diagnostic.

→ Les symptômes sont traités principalement par des anti-histaminiques oraux et par des pulvérisations nasales et oculaires anti-allergiques. Un traitement anti-asthmatique est associé si nécessaire. « Dans les cas les plus graves, je prescris des corticoïdes par voie buccale, informe Bruno Girodet. En revanche, j’évite les corticoïdes par formes-retard injectables, dangereux pour l’organisme. »

→ Quant aux traitements préventifs de désensibilisation (par immunothérapie), par voie sublinguale, « ils durent de mai à fin septembre et doivent être appliqués au minimum durant trois saisons successives, de manière à protéger ensuite les patients environ une dizaine d’années. Je pense que les infirmières libérales peuvent jouer un rôle d’alerte, en repérant les personnes concernées et en les informant de l’existence des traitements ».

→ L’allergie aux pollens d’ambroisies touche dès l’enfance et peut aussi se déclarer subitement chez des seniors.