Mal aimée, la coopération ? - L'Infirmière Libérale Magazine n° 289 du 01/02/2013 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 289 du 01/02/2013

 

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OPINION → Le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) révèle, suite à une consultation, un rejet en masse par la profession de cette mesure dérogatoire autorisée par l’article 51 de la loi HPST.

L e Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI)(1) a lancé à la fin de l’année sur son site Internet une consultation(2) à laquelle 13 234 infirmières, cadres infirmiers ou infirmières spécialisées, ont répondu. Résultat : 87 % des professionnels sont hostiles aux modalités de ces coopérations.

Rejet massif

« Nous savions qu’il y avait un rejet, mais nous ne pensions pas qu’il était aussi massif, rapporte Thierry Amouroux, secrétaire général du SNPI. Les infirmiers rejettent avant tout, dans la coopération, l’absence de cadre clair et de formation adaptée. »

Pour rappel, l’article 51 de la loi HPST autorise le transfert d’actes ou d’activités de soins qui ne figurent pas dans le décret d’actes professionnels. À ce jour, neuf protocoles de coopération médecin-infirmière ont déjà été validés par les Agences régionales de santé (ARS). Il s’agit, dans des zones géographiques limitées, de réaliser un bilan urodynamique, une ponction médullaire en crête iliaque, des vaccinations et sérologies au cours d’une consultation infirmière de prévention, ou encore des actes échocardiographiques.

Une formation sur le tas

Le SNPI est le premier à regretter qu’actuellement, la formation ne soit pas validante puisqu’elle se déroule « souvent sur le tas, par le médecin qui souhaite déléguer cette tâche », et qu’elle est « différente d’un endroit à l’autre ». « Les compétences sont donc discutables, en particulier la capacité de réagir correctement en cas de problème ou de complication », souligne le SNPI. Par ailleurs, le syndicat dénonce la pratique de ces nouveaux actes « sans reconnaissance statutaire et salariale ». Enfin, les ARS « ont tendance à étendre les protocoles à d’autres régions, alors qu’il n’y a aucune évaluation des résultats obtenus, estime Thierry Amouroux. Ces protocoles de coopération permettent juste de régulariser des situations existantes, de légaliser de petits arrangements locaux. » Pour le syndicat, la solution réside dans une reconnaissance officielle et nationale des pratiques, avec une rémunération et une formation conséquente en master 2 permettant ainsi à l’infirmier de pouvoir exercer sur tout le territoire.

Le SNPI prévoit de communiquer prochainement sur une nouvelle enquête, réplique de celle réalisée en 2011 sur “l’état d’esprit des infirmiers”, menée auprès de ses seuls adhérents. Avec des questions sur le stress, la rémunération, le sentiment de reconnaissance, etc.

(1) Le SNPI est le syndicat infirmier de la CFE-CGC.

(2) Consultation réalisée entre le 29 novembre et le 15 décembre 2012. Les internautes étaient invités à répondre par mail, contrôlés pour éviter les doublons sur le système “un seul vote comptabilisé par adresse mail”.