Se former pour s’entendre - L'Infirmière Libérale Magazine n° 288 du 01/01/2013 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 288 du 01/01/2013

 

RELAIS

L’exercice au quotidien

Martine Calzavara, Idel sur Marmande, dans le Lot-et-Garonne, s’implique au sein d’une association de services et d’aide à domicile et décrypte les liens existant entre chacun des différents intervenants.

J’exerce en libéral sur le territoire de Marmande depuis plus de vingt ans. Chez nous, plus d’un habitant sur quatre est âgé, et ce chiffre devrait encore augmenter pour atteindre un sur trois d’ici 2015. Pour ne pas me laisser prendre au dépourvu, j’ai réactualisé mes connaissances avec un DU soins infirmiers aux personnes âgées en 1999. Et, par curiosité, j’ai intégré à la même époque le conseil d’administration d’une Association de services et d’aide à domicile (Assad). Car j’avais envie de mieux connaître le rôle des autres intervenants que je croisais lors de mes tournées. Une bonne prise en charge exige de travailler ensemble, aides ménagères, auxiliaires de vie sociale (AVS), infirmiers, médecins, etc. Cela se vérifie tous les jours. Ainsi, lorsque l’état de santé d’une personne s’aggrave, l’AVS se doit d’alerter et de passer la main aux Idels. L’autonomie du patient revenue, l’Idel passera à son tour la main aux AVS. Le va-et-vient est constant. L’objectif est d’optimiser les ressources humaines : c’est la clef pour un meilleur accompagnement, et aussi pour faire des économies.

De 2006 à 2011, j’ai pris la présidence de l’Assad de Marmande, puis celle de la commune de Seyches, car, en tant qu’infirmière, je m’estime bien placée pour comprendre les enjeux et répondre aux besoins du terrain. Alors oui, la situation est en train d’évoluer, mais chaque profession reste dans son coin et travaille sans véritable concertation. C’est pourquoi je me suis inscrite à l’université du Mirail à Toulouse*, afin de mener une recherche-action sur les représentations que les intervenants à domicile ont les uns des autres. Grâce à mon engagement au sein de l’Assad de Seyches, je travaille à l’amélioration du lien entre les acteurs du sanitaire et du social, en créant des conditions favorables à un partage d’informations. Le défi de la professionnalisation et de la formation va dans le même sens, car la communication commence par l’apprentissage d’un langage commun : si je parle de mobiliser un patient, il faut que l’AVS sache de quoi il s’agit. De même, l’Idel doit s’approprier le registre du social. Se former pour se comprendre, c’est essentiel. »

* En DHEPS-REPS : Diplôme des hautes études en pratiques sociales – Responsable d’études et de projet social.

Avis de l’expert

L’interprofessionnalisation, c’est l’avenir

Laurence Brunelle, infirmière formatrice et responsable pédagogique à Orion Santé, organisme de formation continue

« Je suis d’accord : il y a urgence au décloisonnement professionnel et à l’interprofessionnalisation pour une prise en charge globale du patient à domicile. Maillon entre sanitaire et social, l’Idel possède le profil idéal pour être coordinateur, référent de proximité, une fonction promue par l’avenant n° 3 (arrêté du 25 novembre 2011). Nous croyons à la professionnalisation des intervenants de services à la personne et à la formation des professionnels de santé. Celles-ci atténueront les résistances culturelles. Dans cette logique, le DPC effectif en 2013 pourra accompagner les Idels vers une démarche d’analyse des pratiques permettant de cibler les formations pertinentes selon chacun, de définir des objectifs d’amélioration des pratiques et d’aboutir à un partage d’expériences. »