La technique ne suffit pas - L'Infirmière Libérale Magazine n° 281 du 01/05/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 281 du 01/05/2012

 

FORMATION

L’exercice au quotidien

Au bout de vingt ans d’exercice libéral, Agnès Simon ne ressentait plus que l’aspect routinier des visites à domicile. Grâce aux formations, elle a redonné de l’attrait et du sens à sa pratique infirmière.

Alors que j’affectionnais particulièrement l’aspect relationnel du domicile, j’ai commencé à ressentir une certaine lassitude il y a cinq ans, après plus de vingt ans de libéral. Alors, soit je passais à autre chose, soit je donnais un “plus” à mon activité. Au niveau de la formation continue, les thèmes se répétaient sans aborder l’aspect émotionnel ni la gestion du stress soignant/soigné. Malgré tout, j’ai décidé d’approfondir une approche différente du soin, complémentaire de la technique. J’avais auparavant déjà suivi une formation de conseillère en santé holistique (approche de la personne dans sa globalité, contexte de la maladie, repérage des agents stressants…). C’est dans cette voie, dans la continuité de ma vision du domicile, que j’ai opté pour une formation à la sophrologie caycédienne sur deux ans. Cette année, je la complète par un cursus en hypnose ericksonienne. La sophrologie, grâce à différentes techniques – respiration, lâcher prise, évacuation du stress… – permet au patient d’être acteur dans la gestion de sa pathologie, tant au niveau physique que mental. Cela joue un grand rôle au niveau immunitaire dans la guérison comme dans l’accompagnement de fin de vie. Le soignant, lui, reste davantage à l’écoute du patient et travaille plus sereinement, évitant l’accumulation du stress lié à la charge émotionnelle des situations rencontrées. Ce qui évite le burn-out.

Aujourd’hui, j’ai deux casquettes : infirmière et sophrologue, le tout à domicile. J’interviens également comme vacataire sur un réseau de soins palliatifs et douleurs chroniques. Je ne souhaite absolument pas stopper mon activité infirmière, qui me passionne toujours autant. Ces formations sont une ressource indispensable, tant pour le patient que pour moi. Toutes les infirmières devraient avoir accès à ce type d’outils par la formation continue. Je trouve vraiment dommageable que cette approche ne fasse pas partie des formations conventionnées par le Fif-PL, et je souhaiterais, comme de nombreux confrères libéraux, qu’une ouverture se fasse à ce niveau. Je dois financer personnellement ma formation continue, sans aucun apport du Fif-PL, mais j’ai choisi d’avancer. »

Avis de l’expert

« La formation continue est en lien direct avec la formation initiale »

Élisabeth Maylie, en charge du dossier formation continue à l’Onsil

« Le Fif-PL n’est certes pas à blâmer. La formation continue doit être en lien direct avec la formation initiale qui ne propose pas ces méthodes. Elles devront d’abord être reconnues par les pouvoirs publics. À l’exemple de l’ostéopathie qui, si elle n’est toujours pas remboursée, est aujourd’hui enfin reconnue, après vingt ans d’existence. La négociation doit donc se tenir à un autre niveau. Toutefois, dans leur utilisation même, il y aurait encore des étapes à franchir. Autre exemple, nous nous battons beaucoup pour l’éducation thérapeutique du patient. Bien que relevant de notre rôle propre et bénéfique, elle s’avère extrêmement compliquée à mettre en œuvre en raison d’un cahier des charges à respecter excessivement lourd auquel il serait risqué de déroger. »