L’avis du Dr André Deseur, médecin généraliste en Seine-et-Marne (77) et président de la section “Exercice professionnel” de l’Ordre national des médecins. | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 281 du 01/05/2012

 

Actualité

Quel bilan tirez-vous des prescriptions infirmières ?

Étant moi-même en exercice, j’observe que ce droit de prescription n’est pas suffisamment utilisé par les infirmiers, à mon avis. Après en avoir parlé avec eux, j’ai le sentiment qu’ils hésitent à en user, craignant que le médecin en prenne ombrage.

Selon vous, comment ce texte doit-il évoluer ?

La position de l’Ordre est claire : il n’y aura pas de conflit tant que l’on reste dans le cadre d’un simple renouvellement de matériel, de certains traitements, à état constant du patient. Par contre, dès qu’on se retrouve face à une évolution de l’état clinique du patient qui appelle une nécessaire adaptation du traitement, cela devra relever de la prescription du médecin, excepté si c’est une évolution prévue et détaillée dans un protocole établi en amont. On ne doit pas oublier non plus que prescrire, c’est prendre la responsabilité de l’évolution du patient, donc en assumer les conséquences. Ainsi, conseiller de vive voix à un patient qui a de la fièvre de prendre du paracétamol est une chose ; lui prescrire, sans examen clinique, cette même molécule et prendre le risque de passer à côté d’une méningite en est une autre. D’un point de vue pratique, pour toutle matériel de pansement (sérum physiologique et antiseptique), le plus simple serait de créer des sets à pansement dans des conditionnements raisonnables, ce qui simplifierait le travail de tous.

Pensez-vous que les prescriptions infirmières entraînent des économies pour le système de santé ?

Je n’en suis pas sûr… D’abord, parce que les infirmières vont privilégier assez naturellement les pansements les plus confortables et les plus efficaces pour leurs patients, sans tenir nécessairement compte de leur coût, ce qui me semble naturel. De plus, les laboratoires offrant des informations régulières sur leurs produits, les infirmières sont sollicitées pour prescrire des nouveautés. Enfin, je ne pense pas que ce soit le coût des consultations des médecins qui grève en premier les comptes de la Sécurité sociale, surtout que nombre de renouvellements se font soit au détour d’une consultation pour un autre motif, soit gratuitement. Les prescriptions infirmières sont une vraie reconnaissance des compétences des infirmiers, une solution pratique et pragmatique à des problèmes chronophages. Mais je doute que cela représente une réelle économie financière.