Les brebis égarées - L'Infirmière Libérale Magazine n° 279 du 01/03/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 279 du 01/03/2012

 

Éditorial

Le lecteur du Parisien, dans son édition du 7 février, aura découvert ce qui pend au nez des Idels indélicates : une peine de prison et une forte somme à rembourser à la CPAM*, assorties d’une interdiction d’exercice de cinq ans. À l’annonce du verdict, son avocate a prononcé cette phrase : « Ce n’est pas elle qu’on a jugé, mais toutes les escroqueries commises dans la profession. » La réplique ne s’est pas faite attendre : le tribunal a réclamé la publication du jugement dans la presse, afin – ce sont ses mots – de lancer un message « à ceux qui sont tentés de frauder » à l’Assurance maladie. Dans un communiqué paru quelques jours plus tard, la FNI déplore le fait que, « depuis six mois », les infirmiers libéraux soient « la cible d’une répression systématique qui vise à les présenter d’emblée comme des tricheurs […], véritable flicage d’opportunité en période préélectorale ». Le 16 mars, ce sera au tour d’une Idel du Val-de-Marne d’être jugée au tribunal correctionnel de Créteil : soupçon de fraude à hauteur de 450 000 euros et d’abus de faiblesse envers une patiente. Des tricheurs, il y en a, soyons honnête. Des escrocs en blouse blanche, effectivement, cela existe. Et oui, il faut y mettre un terme. Mais, entre fraude et faute, il y a davantage de nuances que la rime ne le laisse penser. Convergence infirmière invite tous les professionnels de santé à manifester le 13 mars pour dénoncer « les contrôles incessants et continus, réalisés de façon inquisitoire sans le droit de défense ni le droit à l’information, ne prenant en compte que le temps passé auprès des patients ». Piégés par les contrôles des caisses, les professionnels ? Embourbés dans une nomenclature antédiluvienne, vous êtes en droit de réclamer une autre reconnaissance que le temps théorique passé auprès du patient. Mais attention à ne pas foncer tête baissée dans le sac.

* Dans cette affaire, l’Idel défendue par Me Geneviève Beltran devra rembourser à la CPAM de Seine-et-Marne 393 526 euros au titre du préjudice subi.