La grippe - L'Infirmière Libérale Magazine n° 275 du 01/11/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 275 du 01/11/2011

 

La prévention

Cahier de formation

LE POINT SUR

Très contagieuse, la grippe peut être responsable de complications sévères, surtout chez des sujets fragilisés. Les mesures de prévention, dont la vaccination, limitent l’ampleur de l’épidémie. En curatif, les antiviraux diminuent la mortalité, le risque d’hospitalisation et les complications.

La pathologie

La grippe est une infection respiratoire aiguë d’origine virale évoluant le plus souvent sous la forme d’épidémies saisonnières. Le virus responsable de la grippe est l’Influenzavirus dont on distingue deux types responsables de l’épidémie saisonnière annuelle : A et B.

Les virus grippaux mutent très souvent, ce qui oblige à une adaptation régulière du vaccin antigrippal et explique la dangerosité de certaines épidémies de grippe (comme la pandémie de 2009).

Les signes cliniques

→ Les signes cliniques de la grippe ne sont pas spécifiques (ils s’observent dans la plupart des infections respiratoires aiguës d’origine virale, voire bactérienne) : toux, rhinorrhée, frissons, fièvre parfois élevée (plus de 39 °C), fatigue, maux de tête, douleurs musculaires, nausées. En revanche, leur apparition brutale en période épidémique est en faveur du diagnostic de la grippe.

→ Il existe de nombreuses formes cliniques de grippe. La maladie peut également passer inaperçue.

→ Le plus souvent, l’évolution est favorable en quelques jours. Le “V grippal”, qui correspond à une remontée de la fièvre avant la guérison, n’est pas systématique.

→ Les formes malignes de grippe sont rares, mais elles peuvent survenir même chez des sujets a priori en bonne santé : elles se manifestent par un essoufflement évoluant rapidement en détresse respiratoire. Tout essoufflement inhabituel chez un sujet grippé nécessite une consultation médicale.

Les sujets à risque de complications

→ Les personnes âgées : les symptômes de la grippe peuvent être peu marqués, mais les complications respiratoires sont plus fréquentes et plus graves. Les plus de 65 ans ne représentent que 5 à 11 % des cas de grippe, mais la quasi-totalité des décès liés à la grippe (90 %) sont observés dans cette tranche d’âge.

→ Les sujets immunodéprimés ou fragilisés par des pathologies : diabète, pathologies respiratoires ou cardiaques… La grippe peut induire une décompensation de la maladie sous-jacente (défaillance cardiaque, respiratoire, métabolique…).

→ Les femmes enceintes et les personnes obèses (IMC > 30) : la pandémie de 2009 a montré que ces personnes étaient les plus à même de développer des formes malignes de grippe. Concernant les femmes enceintes, la grippe peut être très grave pour la mère (et non pour l’enfant à naître). Leur vaccination est donc fortement recommandée à partir du deuxième trimestre de la grossesse. De plus, la vaccination de la maman permet de protéger le nourrisson à sa naissance (via les anticorps maternels) durant au moins trois mois.

→ Les nourrissons : les hospitalisations sont plus fréquentes que chez l’adulte. Il faut encourager la vaccination de l’entourage des jeunes nourrissons (moins de 6 mois), en particulier ceux nés prématurés ou fragilisés par des pathologies.

Les mesures de prévention

Respecter des règles d’hygiène

La transmission du virus se fait par voie aérienne ou par contact. Les mesures d’hygiène classiques limitent la dissémination du virus.

→ Se laver souvent les mains à l’eau et au savon ou avec une solution hydroalcoolique.

→ Utiliser des mouchoirs en papier, les jeter dans une poubelle fermée. Tousser dans le pli du coude.

→ En période épidémique, éviter au mieux les lieux fréquentés et confinés.

→ Contact avec un patient grippé : pour prévenir la contagion, il faut limiter au maximum les contacts avec le malade (qui doit idéalement respecter un isolement durant toute la durée des symptômes). Il est important de prévoir une chambre à part, aérer régulièrement les pièces, se tenir à un mètre au moins du malade. Les surfaces et objets peuvent être désinfectés à l’eau de Javel ou à l’alcool. Le port d’un masque antiprojections par le malade est utile pour limiter la diffusion du virus. Les soignants peuvent se protéger par le port d’un masque respiratoire FFP2.

Se faire vacciner

Le vaccin antigrippal est indiqué dans la prévention de la grippe à partir de l’âge de 6 mois. La vaccination annuelle est recommandée* et prise en charge à 100 % par la Sécurité sociale pour les personnes pouvant développer une forme grave de grippe. Cette année, la campagne de vaccination a débuté le 29 septembre et se poursuit jusqu’à fin janvier 2012.

→ Composition des vaccins : les vaccins antigrippaux ont tous la même composition. Le vaccin Gripguard qui renferme un adjuvant est indiqué chez les personnes de 65 ans et plus. Il permet de stimuler la réponse immunitaire (mais il n’est pas commercialisé cette année). Le vaccin Tetagrip, réservé aux adultes, est associé à l’anatoxine tétanique purifiée.

→ Effets indésirables : en dehors de réactions locales transitoires (au point d’injection…), les données montrent que les vaccins antigrippaux sont bien tolérés (l’existence d’effets neurologiques n’est pas démontrée).

→ Efficacité : la vaccination diminue le risque d’être infecté par le virus de la grippe, d’environ 75 à 90 % (selon les variants circulants). En cas de grippe chez une personne vaccinée, celle-ci sera vraisemblablement moins intense qu’en l’absence de vaccination.

Les antiviraux en prévention

Hors contexte particulier (comme lors de la pandémie de 2009), les antiviraux (Tamiflu, Relenza) sont peu utilisés à titre préventif, sauf dans les institutions de personnes âgées où leur prescription a permis de diminuer la mortalité liée à la grippe.

La prise en charge du patient grippé

Traitement symptomatique

Le traitement de la grippe est essentiellement symptomatique : antalgiques/antipyrétiques (paracétamol en première intention en raison de sa bonne tolérance, éventuellement AINS, voire aspirine, sauf chez l’enfant en raison du risque de syndrome de Reye), antitussifs, décongestionnants locaux (nez ou gorge).

Antiviraux (Tamiflu, Relenza)

Prescrits au cas par cas et en particulier aux personnes à risque de formes graves de grippe, ils réduisent la durée des symptômes de la grippe (de 24 à 36 heures environ), et les risques de complications et de décès (y compris chez la femme enceinte). Ils sont administrés tôt après l’apparition des signes cliniques. Au-delà de 48 heures, leur prescription est inutile.

→ Tamiflu est davantage prescrit que Relenza en raison de sa facilité d’administration (gélules). Les troubles digestifs (nausées, vomissements…) sont atténués par une prise au milieu du repas. La survenue de troubles neurologiques (hallucinations, délires…) durant le traitement doit être signalée au médecin.

* La liste des personnes éligibles à la vaccination antigrippale figure sur le BEH (Bulletin épidémiologique hebdomadaire) du 22 mars 2011 consultable sur le site de l’InVS (Institut de veille sanitaire, www.invs.sante.fr).

La vaccination des soignants

→ Récemment, la liste des personnes éligibles à la vaccination a été revue : elle est notamment prise en charge à 100 % pour les professionnels de santé libéraux en contact régulier et prolongé avec des sujets à risque de grippe sévère, dont les infirmiers.

→ Outre une protection individuelle, la vaccination des soignants est essentielle pour limiter le risque de transmission du virus dans l’environnement et la contamination de sujets vulnérables : patients âgés, nourrissons, patients atteints de pathologies chroniques.

→ Elle doit être réalisée tous les ans pour garantir une efficacité optimale : être protégé contre de nouvelles souches virales éventuelles et relancer la production d’anticorps.