Lumière dans la nuit - L'Infirmière Libérale Magazine n° 273 du 01/09/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 273 du 01/09/2011

 

TRAVAIL NOCTURNE

L’exercice au quotidien

Infirmier libéral à Grenoble (Isère), Lionel Fallone a ouvert, en 2007, avec l’un de ses amis, un cabinet d’infirmiers libéraux de nuit. Une pratique qui a son lot de bons et de mauvais côtés.

« J’ai travaillé de nuit, en clinique, pendant plusieurs années. Je me suis alors aperçu que de nombreux patients qui rentraient à domicile avec des soins programmés la nuit ne trouvaient pas d’infirmiers libéraux pour les assurer ou encore que certains d’entre eux étaient hospitalisés uniquement pour des soins de nuit. La demande pour des soins infirmiers de nuit en libéral était donc réelle. C’est pourquoi, avec un ami, nous avons décidé de monter un cabinet de nuit. Actuellement, nous prenons en charge environ dix-huit patients et nous effectuons entre vingt-cinq et trente passages par nuit, de 20 heures et 7 heures. Nous travaillons chacun notre tour, en alternance, une nuit et un week-end sur deux, surtout auprès de personnes en perte d’autonomie ou handicapées, atteintes de pathologies chroniques, pour effectuer des fins de nursing, des perfusions d’hydratation, aider au coucher, ou encore pour prévenir des escarres en changeant les patients de positions plusieurs fois par nuit.

Travailler la nuit est une approche totalement différente, car nous intervenons à un moment particulier pour les patients. La journée, les malades ont reçu des visites de leur famille, de leurs amis. Alors que, le soir, ils nous attendent, car ils se retrouvent seuls. Ils ressassent tous leurs problèmes, leurs angoisses. Nous représentons un soutien important pour eux, car nous sommes à leur écoute.

La difficulté majeure concernant l’exercice infirmier libéral de nuit est de tenir un rythme biologique inversé. Je travaille la nuit et dors le jour, ce qui est difficile pour récupérer. Parfois, je lutte pour rester éveillé et être efficace. Il faut donc bien se connaître avant d’entreprendre ce type d’activité. D’autant plus que je travaille également le jour pour remplir les papiers administratifs, rester en contact avec les médecins et les familles des patients. Autre problème auquel il peut m’arriver d’être confronté : la sécurité routière. Je dois être en permanence vigilant vis-à-vis des autres et aussi faire attention à ne pas m’endormir au volant. Ma vie personnelle se trouve aussi affectée par mon exercice professionnel car je suis moins disponible pour ma famille et mes amis.

Malgré tout, j’aime vraiment ce que je fais, car je me sens utile. Ce qui me plaît, c’est d’intervenir dans un secteur où personne d’autre n’intervient et de faire une activité originale, qui réponde à un besoin. Beaucoup de patients nous disent que, sans nous, ils n’auraient personne ou devraient être hospitalisés. »

EN SAVOIR

LA PRIME DE NUIT

L’infirmier libéral, lorsqu’il est conventionné, s’engage à respecter les tarifs conventionnels et la NGAP pour la facturation des soins qu’il dispense.

Pour tout acte effectué la nuit, entre 20 heures et 8 heures, il peut facturer une majoration supplémentaire de la cotation. En revanche, les majorations ne sont pas cumulables, donc, pour un acte de nuit le dimanche, l’infirmier peut compter l’indemnité “nuit” mais pas l’indemnité “dimanche”.

Pour les indemnités “nuit”, il faut que cette nécessité soit précisée sur la prescription médicale.