L’hygiène de vie - L'Infirmière Libérale Magazine n° 271 du 01/06/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 271 du 01/06/2011

 

Cahier de formation

Savoir faire

Martin, 38 ns, est un patient que vous voyez pour un pansement. Vous savez qu’il est migraineux. Il vous informe qu’il est invité à un cocktail professionnel. Il se montre hésitant car ne pas boire dans ce genre de soirée nuit à « l’intégration sociale ». Or l’alcool favorise la survenue de crises chez lui

Vous lui indiquez qu’il doit respecter une hygiène de vie stricte s’il veut venir à bout de sa maladie migraineuse. Il ne doit absolument pas prendre d’alcool, quelles que soient les tentations. S’il doit subir une crise de migraine le lendemain, celle-ci risque de lui gâcher son week-end et de l’isoler de sa famille

Les migraineux se montrent très sensibles aux facteurs de stress et aux perturbations dans l’hygiène de vie. Ils doivent absolument apprendre à bien se connaître afin d’identifier les facteurs déclenchants d’une crise et, si besoin, modifier leur mode de vie. Quelques conseils s’imposent.

→ Prendre ou garder l’habitude d’avoir, de façon hebdomadaire, une activité physique relaxante, telle que la marche ou le vélo, par exemple, d’une durée d’une heure au minimum.

→ Savoir faire des pauses de façon régulière pendant ses horaires de travail est aussi très important : cela permet de réduire l’augmentation progressive du stress. Parfois, le simple fait d’aller marcher ou de prendre un bol d’air frais peut s’avérer salutaire. C’est un moyen de rompre le cercle vicieux du stress.

→ Les patients doivent apprendre à gérer les tensions de leur vie quotidienne (travail, famille), mais aussi le repos, car il est fréquent qu’une détente brutale engendre une migraine (la classique “migraine de week-end” ou au début des vacances)…

→ Apprendre à se relaxer, quelle que soit la méthode employée, est un apport non négligeable pour qui veut diminuer la fréquence des crises. Cet apprentissage peut apparaître fastidieux au début, mais le jeu en vaut la chandelle : on observe, chez ceux qui pratiquent une méthode de relaxation, une diminution de plus de 50 % des migraines.

→ L’alimentation : se nourrir de façon régulière, sans sauter de repas et en respectant quelques règles simples, doit aussi faire partie de l’hygiène de vie de tout migraineux. Des habitudes alimentaires néfastes peuvent engendrer des crises : le jeûne, l’irrégularité des repas, avec l’hypoglycémie de la mi-journée, la consommation d’aliments glacés, l’arrêt ou la diminution de la consommation de café… Certains aliments sont à éviter, tels que le chocolat, les fromages fermentés, la cuisine chinoise riche en glutamate de sodium, les graisses cuites, le hareng, le gibier, les charcuteries…Chaque patient doit être vigilant et prendre note des aliments qui lui posent problème.

→ Les boissons : vin blanc, champagne, digestifs sont souvent incriminés dans l’apparition des crises. L’alcool en général est à éviter… Les prises importantes d’alcool ou de tabac – même s’il s’agit d’un tabagisme passif – sont à proscrire. Le migraineux doit pouvoir faire respecter par son entourage ce qui lui est nuisible.

→ Sevrage tabagique : l’arrêt du tabac à lui seul peut donner de bons résultats.

→ Avoir un bon sommeil est aussi important. L’abus ou l’habitude des somnifères est extrêmement préjudiciable aux migraineux, qui devraient mieux connaître leurs propres rythmes de sommeil naturel et les respecter. Il est facile pour chacun de savoir s’il est “du matin” ou “du soir”. Éviter également les grasses matinées comme les couchers trop tardifs.

Point de vue…
Adélaïde Robert, patiente migraineuse, 34 ans

« J’ai appris à identifier et éviter les situations à risque »

« De l’âge de 2 ans jusqu’à 16 ans, j’ai souffert de migraines hebdomadaires. Cela a gâché mon enfance, altéré ma qualité de vie et celle de ma famille… À partir de 16 ans, j’ai fait de la relaxation et pris de l’homéopathie et les crises se sont espacées. Mais j’ai continué à en avoir à l’âge adulte. Mon médecin généraliste me prescrivait des anti-inflammatoires. Il y a quelques années, j’ai pris un bêtabloquant en traitement de fond, pendant huit mois. Je n’ai presque pas eu de crises pendant cette période, certes, mais je me sentais au ralenti… J’ai un tempérament nerveux et angoissé. La situation s’est améliorée avec le temps parce que j’ai appris à gérer mon stress et mes émotions, et surtout à identifier et éviter les situations à risque : chaleur, bruit, grasses matinées… Je sais aussi que, dès que je sens une crise venir, je dois faire une pause dans mon travail. Comme je travaille à mon domicile, je suis en mesure de le faire. Aujourd’hui, je n’ai presque plus de crises, mais je m’estime encore migraineuse, car j’ai un terrain sensible. »