Fièvre et changements de comportement - L'Infirmière Libérale Magazine n° 267 du 01/02/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 267 du 01/02/2011

 

Cahier de formation

Savoir faire

La petite Janine, 5 ans, est très grognon et refuse de manger. Vous conseillez à la maman de prendre sa température. Elle a 38,8°C. Que faire ?

Vous recherchez des signes de gravité. Devant leur absence, vous contactez le médecin traitant habituel de l’enfant. En attendant son arrivée, vous donnez à la maman les consignes à adopter en cas de fièvre : découvrir l’enfant, lui donner à boire et la dose de paracétamol inscrite sur le protocole de soins. Et, surtout, pas de bain froid, ni d’enveloppement froid. Vous en profitez pour reprendre le protocole sur la fièvre, et le revoir au calme avec la maman.

La fièvre chez l’enfant drépanocytaire est le plus souvent due à une infection, mais elle peut aussi accompagner une crise douloureuse. Il faut être très vigilant en cas de fièvre, parce que, malgré la vaccination et la prophylaxie antipneumococcique, les enfants ne sont pas à l’abri d’une infection fulminante à pneumocoque. Il faut donc apprendre aux parents à être attentifs à l’apparition d’une fièvre (l’enfant est chaud, il a des sueurs, des frissons, ou la chair de poule), mais aussi aux changements de comportement de leur enfant : autant de signes qui doivent faire prendre la température. Ce sont une irritabilité, des pleurs, une perte d’appétit, une pâleur, des vomissements, une toux, une douleur, une soif inhabituelle.

LA MESURE DE LA TEMPÉRATURE

Ne pas utiliser de thermomètre frontal qui n’est pas précis, mais le thermomètre digital ou électronique (le thermomètre auriculaire ou infra-rouge est d’un coût important).

L’ENTRETIEN DU THERMOMÈTRE

Ne pas le laisser à proximité d’une source de chaleur (soleil, radiateur…), ne pas le nettoyer à l’eau chaude, mais utiliser plutôt un antiseptique, vérifier régulièrement l’état des piles et toujours prévoir des piles de rechange.

CHEZ L’ENFANT DE MOINS DE 3 ANS

→ S’il présente une température de plus de 38,5°C, il doit aller aux urgences.

→ S’il a entre 38°C et 38,5°C et qu’il présente les signes de gravité suivants : il est très pâle, il vomit, il respire mal, il est très douloureux, il est très fatigué, il a mal au thorax, son ventre est ballonné, il doit aller aux urgences.

→ S’il a entre 38°C et 38,5°C sans signe de gravité, il doit voir son médecin traitant le jour même.

CHEZ L’ENFANT DE PLUS DE 3 ANS

→ S’il a plus de 39,5°C, il doit aller aux urgences.

→ S’il a plus de 38°C, et qu’il présente les signes de gravité suivants : il est très pâle, il vomit, il respire mal, il est très douloureux, il est très fatigué, il a mal au thorax, son ventre est ballonné, il doit aller aux urgences.

→ S’il a entre 38,5°C et 39,5°C sans signe de gravité, il doit voir le jour même son médecin traitant.

PAS DE CONSULTATION AUX URGENCES

Il faut découvrir l’enfant (vêtements légers et amples), maintenir la température de la pièce entre 18 et 20°C, aérer la pièce en dehors de la présence de l’enfant, lui donner du paracétamol (Doliprane, Efferalgan) selon l’ordonnance du médecin, lui faire boire régulièrement des boissons fraîches même s’il n’a pas soif, ne pas lui donner de bain froid, et ne pas lui faire d’enveloppement froid (risque de crise vaso-occlusive).

Point de vue…
Comment les familles ressentent-elles leur maladie ?

Dr Sandrine Mensah, médecin coordinateur au réseau Rofsed (hôpital Necker-Enfants malades, AP-HP)

« Cela peut dépendre de leur origine géographique et de leur vécu antérieur de la maladie. Dans certaines régions d’Afrique, la drépanocytose est encore considérée comme une maladie honteuse. Les familles présentes depuis une ou deux générations sont plus éloignées des explications traditionnelles de la maladie. Cependant, la plupart pensent qu’elle se transmet par la femme. En France, les parents craignent la stigmatisation : « C’est une maladie de noirs, ils manquent l’école, ils ont du mal à se projeter dans l’avenir… ». Autant de tabous qui sont des freins à la prise en charge et qu’il faut lever, y compris chez les professionnels. C’est l’un des objectifs de l’éducation thérapeutique. »