Savoir jouer pour mieux soigner les enfants - L'Infirmière Libérale Magazine n° 266 du 01/01/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 266 du 01/01/2011

 

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PRIX > Trois lauréats se sont partagés cette année le prix poster du 10e Congrès de la SFETD*. Parmi eux, une infirmière libérale a retenu l’attention du jury pour son travail sur la prévention de la douleur induite chez l’enfant de 0 à 6 ans par des techniques non médicamenteuses.

Dans son exercice en Rhône-Alpes, Catherine Diamantidis Zinchiri, infirmière puéricultrice libérale, soigne 40 % d’enfants de moins de 16 ans. À l’occasion d’une formation (DIU douleurs et soins palliatifs pédiatriques), des questions émergent et vont alors nourrir son mémoire présenté en format poster. Quelles ressources proposer dans le cadre du rôle propre pour réduire la douleur induite ? Les méthodes non médicamenteuses sont-elles applicables à domicile ? Sont-elles efficaces sur la douleur et l’anxiété de l’enfant lors du soin ? Quel est leur impact sur le vécu du soin par l’enfant, ses parents et le soignant ?

L’intérêt des techniques non médicamenteuses

Pour valider la pertinence de ces techniques, l’infirmière réalise une enquête auprès de quarante-neuf enfants (61 soins : injections, pansements). Trois techniques non médicamenteuses seront retenues pour leur simplicité de mise en œuvre, leur sécurité d’emploi et fonction de l’âge. Pour le nouveau-né à terme, l’allaitement maternel, même pendant le soin douloureux, crée une intimité rassurante et a fait l’objet d’études confirmant l’effet analgésique. Si l’enfant n’est pas allaité, explique Catherine, « je propose à la maman de faire fondre deux morceaux de sucre dans 30 ml d’eau environ et nous lui faisons boire cette solution sucrée concentrée ». À cela, elle ajoute une méthode de distraction, tout en restant éducatrice de santé : « Je gonfle un ou deux ballons de couleurs vives, tout en expliquant à la maman la sécrétion d’endorphines provoquée par le plaisir du goût sucré, j’attends une ou deux minutes et je pique. »

D’autres fois, l’infirmière propose un concours de bulles avec la fratrie. « L’enfant est très réceptif à toutes sortes de distractions : il suffit de connaître le développement cognitif et d’avoir un peu d’imagination. » Ce qui a amené cette professionnelle à organiser une mallette (à deux étages) un peu spéciale où se côtoient épicrâniennes, ballons, matériel à bulles, etc.

Des résultats encourageants

Du côté des enfants, l’étude conclue que 84 % sont cotés (principale échelle OPS, Objective Pain Scale) en dessous du seuil de traitement de la douleur avant le soin, 59 % pendant le soin et 97 % après le soin. Ces méthodes non médicamenteuses réduisent l’anxiété et la douleur et limitent l’impact traumatisant du soin.

Les parents (à 95 %) ont souhaité participer activement au soin et se sont déclarés « très satisfaits » du déroulement du soin. Les soignants quant à eux évoquent un « remède anti burn-out », travaillant ainsi dans un climat de soin apaisant et bénéficiant d’un retour gratifiant. Comme le souligne l’auteur de ce travail, « il reste beaucoup à faire pour généraliser ces méthodes dans de bonnes conditions ». La formation continue constitue une ressource majeure.

Mais une nomenclature inadaptée

Des soins où le temps est un allié (durée moyenne vingt-quatre minutes) mais pour lesquels la Nomenclature des actes accorde peu de reconnaissance à la spécificité des soins pédiatriques et à la prise en charge de la douleur en général, malgré l’existence de plans nationaux de lutte contre la douleur.

* Société française d’études et de traitement de la douleur, site Internet www.sfetd-douleur.org.