Troponine et BNP - L'Infirmière Libérale Magazine n° 263 du 01/10/2010 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 263 du 01/10/2010

 

Marqueurs biologiques

Cahier de formation

LE POINT SUR

Ces deux marqueurs biologiques cardiaques présentent un intérêt dans le diagnostic, le suivi de traitement et le pronostic de différentes pathologies cardiaques. Grand avantage : leur dosage peut être effectué rapidement en laboratoires d’analyses médicales.

Troponine

Qu’est-ce que la troponine ?

La troponine, complexe protéique, se constitue de trois molécules : la troponineC, TnC, (fixatrice du calcium), la troponineT, TnT, (fixatrice de la tropomyosine) et la troponineI, TnI, (spécifique du muscle cardiaque). Présente dans les muscles striés, elle régule la contraction musculaire par interaction entre l’actine et la myosine.

Principales indications de son dosage

→ Le diagnostic précoce et rétrospectif de l’infarctus du myocarde : en cas d’infarctus, les cellules musculaires cardiaques libèrent de la troponine dans la circulation sanguine, d’où l’intérêt de son dosage. La molécule totalement spécifique du muscle cardiaque (TnI) apparaît 2 à 6heures après les premiers signes cliniques, présente un pic vers la 11e heure et reste élevée pendant environ 7 jours. Cette fenêtre diagnostique élargie en fait un marqueur de choix, par rapport à d’autres marqueurs cardiaques comme la myoglobine qui apparaît 2 heures après l’attaque cardiaque et ne reste présente que 24 heures.

→ Le diagnostic et la surveillance de l’angor instable : l’angor instable se caractérise par une douleur thoracique au repos ou après l’arrêt d’un exercice physique, ou qui n’est pas soulagée par un traitement. Les cellules cardiaques lésées peuvent alors libérer des troponines. Les patients, dans cette situation clinique, présentent un risque d’infarctus du myocarde ou d’accidents cardiovasculaires qui peuvent être prévenus par traitement ou chirurgie.

→ Le suivi post-opératoire dans certaines chirurgies, notamment cardiaques ou vasculaires : ce dosage présente un intérêt, par exemple dans la détection de micro-infarctus à l’occasion de pontages coronariens.

Conduite à tenir pour le prélèvement

Le patient n’a pas besoin d’être à jeun. Le prélèvement se fait sur tube sec, dans les conditions d’asepsie habituelles et dans le respect de la démarche qualité du laboratoire. Réalisé en urgence, il doit être rapidement acheminé au laboratoire. Les résultats sont rendus le jour même dans de courts délais qui varient en fonction des appareils utilisés par le biologiste (1 heure environ).

Interprétation des résultats

Les valeurs de référence sont les suivantes :

→ résultats négatifs : < 0,01 microgramme (µg)/l ;

→ résultats douteux : > 0,001 et 0,11 µg/l ;

→ résultats positifs : > 0,11 µg/l.

La valeur de la troponine vient compléter les autres indicateurs diagnostiques.

BNP

Qu’est-ce que le BNP ?

Il s’agit d’un peptide natriurétique de type B (ou Brain Natriuretic Peptide) qui est une hormone dont la sécrétion intervient lorsque le myocarde doit lever une contrainte imposée par une situation aiguë ou décompensée (étirement des ventricules). Sécrété par les ventricules, le BNP a une action vasodilatatrice, il favorise la diurèse et la natriurèse et agit comme un IEC (inhibiteur des enzymes de conversion-antihypertenseur ) en s’opposant à l’activité du système rénine angiotensine lorsqu’elle intervient en excès.

Les indications de son dosage

Elles relèvent essentiellement de l’insuffisance cardiaque :

→ diagnostic de décompensation cardiaque gauche dans la dyspnée aiguë ;

→ insuffisance cardiaque diastolique ;

→ défaillance droite dans l’embolie pulmonaire ;

→ dépistage de la dysfonction myocardique liée au sepsis.

Conduite à tenir devant une suspicion d’insuffisance cardiaque

Réalisation d’un ECG (électrocardiogramme), d’une radio thoracique et d’un prélèvement pour dosage des BNP selon les préconisations de la Société européenne de cardiologie :

→ Si BNP < 100 picogrammes (pg)/ml : pas d’insuffisance cardiaque.

→ Si BNP >100 pg/ml et ECG normal : pas d’insuffisance cardiaque.

→ Si BNP >100 pg/ml et ECG anormal : réalisation d’examens complémentaires pour déterminer l’étiologie et mettre en place un traitement.

Par ailleurs, l’efficacité d’un traitement mis en place peut être rapidement objectivée par une diminution des BNP.

Conduite à tenir pour le prélèvement

Le patient n’a pas besoin d’être à jeun. Le prélèvement se fait sur tube EDTA (mauve), dans les conditions d’asepsie habituelles et dans le respect de la démarche qualité du laboratoire. Réalisé en urgence, le plus souvent, il doit être rapidement acheminé au laboratoire. Les résultats sont rendus le jour même dans de courts délais qui varient en fonction des appareils utilisés par le biologiste (1heure environ).

Interprétation des résultats

→ Un taux de BNP < à 100 pg/ml permet d’exclure (avec une très forte probabilité) une insuffisance cardiaque.

→ Entre 100 et 250 pg/ml, des examens complémentaires sont à prévoir afin de confirmer ou infirmer des pathologies cardiaques, mais aussi embolie pulmonaire, bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO).

→ Au-delà de 250 pg/ml, un ECG devra être effectué pour confirmer le diagnostic d’insuffisance cardiaque.

Si ces examens de biologie médicale ont un grand intérêt diagnostique, notamment par la possibilité d’une approche “multi-marqueurs”, ils doivent toutefois être complétés par la clinique et d’autres examens spécifiques selon les pathologies suspectées.

Sources : G. Lefévre, C.Morin, Utilisation des marqueurs cardiaques et de la Troponine en France, Spectra Biologie n° 145-35, 41, mai 2005 ; N.Kubab, I.Hakawati, S.Alajati-Kubab, Mémo des examens biologiques, éditions Lamarre, septembre 2009 ; BNP, Option/ Bio n° 314, septembre 2003.

Rappel sur les signes d’infarctus du myocarde

Parmi les signes évocateurs de cette nécrose du myocarde d’origine ischémique :

→ une douleur précordiale de siège rétrosternal, intense, “en étau” et source d’angoisse survenant au repos et d’une durée prolongée ;

→ celle-ci irradie dans les bras (le gauche notamment), les mâchoires, parfois dans le dos ;

→ des signes tels que palpitation et dyspnée peuvent être associés.

Dans les formes moins typiques, on retrouve des symptômes digestifs : nausées, vomissements, douleurs de l’épigastre.

Un facteur déclenchant (stress, effort physique intense) est souvent retrouvé à l’interrogatoire.

Rappel : les signes cliniques révélateurs d’insuffisance cardiaque

→ Une dyspnée : essoufflement se manifestant à l’effort, puis au repos (le cœur ne parvient pas à éjecter le sang qui revient des poumons), avec ou sans oppression thoracique.

→ Des œdèmes des membres inférieurs (pieds, chevilles), le cœur ne parvient pas à jouer son rôle de pompe, les vaisseaux sont engorgés de sang et il y a fuite de liquide dans les tissus.

→ Une toux sèche, une gêne thoracique.

→ Une asthénie, une altération de l’état général…