Quelle contraception après une IVG ? - L'Infirmière Libérale Magazine n° 261 du 01/07/2010 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 261 du 01/07/2010

 

Cahier de formation

Savoir

Clotilde a subi une IVG il y a dix jours et constate encore des saignements intermittents. Pour reprendre la pilule que le médecin lui a prescrite, elle préfère attendre que tout rentre dans l’ordre. Pour elle, une ovulation ne peut pas avoir lieu alors que les saignements ne sont pas arrêtés.

Dites-lui qu’une ovulation peut se produire et que le risque de grossesse existe immédiatement après une IVG. Il est donc nécessaire d’utiliser un moyen contraceptif dès l’intervention. Si elle veut attendre avant de reprendre la pilule, elle devra utiliser un préservatif ou s’abstenir de rapports sexuels.

QUAND REPRENDRE UNE CONTRACEPTION ?

Pour les IVG chirurgicales ou médicamenteuses pratiquées en France (à moins de 12 semaines de grossesse), l’ovulation intervient en moyenne entre quinze et vingtjours après l’intervention et le retour des règles entre 28 et 35 jours. Une contraception régulière, choisie pendant les divers entretiens du protocole IVG, doit idéalement être mise en place immédiatement après l’intervention. La contraception peut être prescrite par les médecins, les médecins gynécologues et les sages-femmes.

Laquelle choisir ?

Le choix de la méthode dépend majoritairement des souhaits et du mode de vie sexuelle de la femme. Les informations lui sont délivrées lors des différents entretiens du protocole. Chaque moyen contraceptif doit être proposé pour un choix éclairé.

Le premier cycle suivant l’intervention

Aucune méthode contraceptive n’est formellement contre-indiquée, sauf les dispositifs intra-utérins (stérilets) si une infection est survenue ou a été découverte au cours de l’IVG. Mais les méthodes qui nécessitent des manipulations vaginales ne sont pas recommandées : anneau contraceptif, cape cervicale, préservatif féminin, spermicides, diaphragme. Les méthodes recommandées sont les plus efficaces :

 en l’absence d’épisode infectieux, les DIU au cuivre ou hormonal peuvent être mis en place au cours de l’intervention, dès la fin de l’aspiration (recommandations OMS). Sinon, elle sera différée d’une quinzaine de jours ;

 les méthodes hormonales, œstroprogestatives ou progestatives (pilule, patch, implant), débutées le jour même ou le lendemain ;

 les préservatifs peuvent être utilisés dès la reprise des rapports. Ils ont l’avantage de protéger contre les infections sexuellement transmissibles.

Les centres de planification et d’éducation familiale peuvent délivrer gratuitement les moyens contraceptifs aux mineurs et aux femmes ne bénéficiant pas de prise en charge par l’Assurance maladie.

En contraception régulière

Un mois après l’intervention, toutes les méthodes peuvent être utilisées selon les préférences et le mode de vie de chacun en privilégiant les plus efficaces. Les méthodes dites “naturelles” (méthode des températures, retrait…), dont le taux d’échec est élevé, sont déconseillées. Si l’IVG fait suite à une erreur de contraception (72 % des cas), le plus souvent des oublis de pilules, il peut être judicieux d’orienter vers des méthodes qui demandent moins d’effort d’observance comme un implant, un patch, un DIU.

La visite de contrôle de l’IVG permet de vérifier que la méthode choisie est bien utilisée et qu’elle convient. Le DIU peut aussi être posé à cette occasion.

Que faire en cas d’urgence ?

En cas de rapports ultérieurs mal ou non protégés, systématiquement utiliser une méthode de rattrapage, le plus vite possible pour une meilleure efficacité. Conserver un contraceptif d’urgence à domicile ou dans son sac est un bon réflexe.

Les méthodes hormonales

La pilule du lendemain

 À base de lévonorgestrel (Norlevo® ou Lévonorgestrel Biogaran®).

 Posologie : un seul comprimé à prendre le plus tôt possible après le rapport sexuel mal protégé et au plus tard dans les 72 heures.

 Accessibilité : délivrée en pharmacie avec ou sans ordonnance, prise en charge par la Sécurité sociale sur prescription. Délivrance gratuite et anonyme aux mineures en pharmacie, dans les centres de planification et d’éducation familiale, dans les infirmeries scolaires.

La pilule du surlendemain

 À base d’acétate d’ulipristal ou EllaOne, agoniste antagoniste de la progestérone.

 Posologie : un comprimé à prendre le plus tôt possible après le rapport à risque et au plus tard dans les cinq jours suivants (120 heures).

 Accessibilité : délivrée en pharmacie sur prescription médicale, en théorie réservée aux plus de 18 ans (absence d’études chez les mineures), pas de prise en charge par la Sécurité sociale, prix indicatif de 30,50 euros.

Le DIU au cuivre

Il peut être posé en contraception d’urgence après un rapport à risque, dans les cinq jours suivants. Plus efficace que la contraception d’urgence hormonale, il nécessite une consultation médicale pour être posé. Il peut être laissé en place en contraception régulière ou être retiré le mois suivant, après les règles.

Point de vue…
« Le rôle des infirmières devrait être élargi »

Françoise Tourmen, médecin endocrinologue, vice-présidente de l’Association française pour la contraception (AFC)

« Les infirmières scolaires sont pour le moment les plus investies dans le domaine de la contraception et de l’IVG puisqu’elles font le lien entre les jeunes filles et les centres d’orthogénie. Jusqu’ici, les libérales n’avaient qu’un rôle limité mais l’arrêté de la loi HPST* listant les pilules œstroprogestatives dont les infirmières peuvent prolonger la prescription de six mois non renouvelables est paru. Seules les pilules sont concernées par le projet de loi mais il se peut que les patchs et anneaux vaginaux soient par la suite ajoutés. Dans une logique de partage des responsabilités entre professionnels de santé, elles pourront avoir un rôle déterminant dans le suivi et l’accès des femmes à la contraception. Tout dépendra de comment la profession va s’emparer de ces mesures. Il faudra que ce soit un choix de chacune et qu’une formation adéquate soit dispensée. »

* Références textes : art. L. 4311-1 du Code de la Santé publique, art. L. 162-16 du Code de la Sécurité sociale, modifiés par la loi HPST n° 2009-879 du 21 juillet 2009-art. 88. Lire aussi l’actualité page 10.