Les patients dépendants ont aussi une libido - L'Infirmière Libérale Magazine n° 260 du 01/06/2010 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 260 du 01/06/2010

 

POLITIQUE DE SANTÉ

Actualité

MARJOLAINE DIHL  

TABOU→ L’institut de gérontologie sociale de l’université de Provence a levé le voile sur la sexualité des personnes âgées et handicapées lors d’un colloque qui s’est tenu à Marseille.

« Vous avez 85 ans et vous avez un cancer de la prostate : on vous castre sans problème ! » Sans détour, le Dr Élisabeth Catenacci, chef du pôle personnes âgées de l’hôpital de Pertuis (13), a posé le débat lors du colloque organisé par l’Institut de gérontologie sociale de l’Université de Provence le 22 avril. Études à l’appui, le médecin démontre combien la sexualité des seniors est taboue, y compris dans le monde médical. Si bien que « bon nombre d’entre eux se résignent », s’offusque cette dernière, avant de dénoncer un phénomène de « iatrogénie sexuelle ».

Chez les personnes handicapées, les orateurs évoquent les mêmes difficultés. En témoigne Charles Valenza administrateur de l’association Choisir sa vie (13). Atteint d’ostéogenèse imparfaite, à savoir la maladie des os de verre, celui-ci milite au sein du collectif Handicaps et sexualités pour la reconnaissance d’un statut d’assistant sexuel. D’autant que, d’après le responsable associatif, les tentatives de suicides liées à ces souffrances sont légion. « Et la seule solution apportée aujourd’hui : ce sont des anxiolytiques qui cassent la libido ! J’appelle cela de la castration chimique qui ne dit pas son nom ! »

À son tour, Alain Giami, directeur de recherche au Kremlin Bicêtre, pointe le rôle des institutions et des professionnels de santé dans ce malaise général. Malgré le tabou ambiant qui tend à nier la sexualité des patients dépendants, aux yeux d’Alain Giami, le monde médical s’en préoccupe en permanence. Ne serait-ce que lorsqu’il impose « la stérilisation obligatoire des femmes handicapées mentales et l’acharnement reproductif des handicapés médullaires ». D’où ses interrogations sur la place du sexe dans notre société.