Tout feu tout flamme - L'Infirmière Libérale Magazine n° 258 du 01/04/2010 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 258 du 01/04/2010

 

URGENCES

L'exercice au quotidien

Associées dans un cabinet libéral à Maintenon en Eure-et-Loir, Sandrine et Audrey parent à toutes les urgences au cours de leurs tournées.Elles doivent même s'attaquer aux fuites de gaz !

«À une vingtaine de kilomètres après Maintenon (28) où se trouve notre cabinet, je stationne devant la maison de mon patient. Le portail est fermé : bizarre. Depuis deux ans que je visite ce monsieur atteint d'une maladie de Parkinson, j'ai toujours trouvé le portail ouvert à mon arrivée. Il est vrai que l'état de l'octogénaire se dégrade et qu'il évolue vers un état de plus en plus grabataire... Ma collègue vient de me signaler que le «grand-père» est tombé la veille. Elle s'était entendue avec un voisin pour qu'il le surveille pendant le week-end.

Ni une ni deux, j'enjambe le portail. Les oies cacardent méchamment : je me dépêche de passer en les écartant de la jambe. La porte d'entrée elle aussi est fermée à clé. Je contourne donc la maison pour essayer de trouver une autre ouverture. Décidément, ça commence bien...

Je décroche mon téléphone pour essayer de joindre mon «papi». Pas de réponse. Tout d'un coup, mon sang ne fait qu'un tour : car le grand-père souffre de troubles neurologiques et, s'il a bien toute sa tête, il vit dans une certaine incurie. Et par la fenêtre de la cuisine, je m'aperçois que le robinet de gaz est ouvert.

J'alerte sans attendre les pompiers. Quelques minutes plus tard, toute sirène hurlante, le camion arrive, suivi de près par le VSAB, le véhicule de secours aux blessés et aux asphyxiés. « Bonjour, où devons-nous intervenir ? » Il y a subitement pas mal de monde. La mairie est prévenue pour organiser l'évacuation du voisinage. Les gendarmes se sont déplacés. Les pompiers commencent à déballer leur appareillage pour évaluer la fuite. De l'extérieur, l'odeur de gaz n'est pas franche, mais comme tout est fermé, il peut s'agir d'une petite fuite.

Entre-temps, j'ai forcé une fenêtre. Rentrée dans la maison, je ne détecte pas d'odeur suspecte. J'éteins donc tous les robinets dans la cuisine et je fais le tour de la maison, plutôt angoissée, en appelant mon petit monsieur : pas de patient ! En voyant que le dossier de soins infirmiers à domicile n'est plus à sa place, j'ai l'idée d'appeler l'hôpital de Dreux. Là, on retrouve mon patient. Il avait été hospitalisé par le fameux voisin pendant le week-end sans que personne ne nous ait averties. Pourtant, les premières à appeler, c'était bien nous... »

Le gaz naturel a été odorisé pour vous permettre de déceler toute fuite, même minime. Cette odeur très caractéristique permet donc d'intervenir rapidement. D'abord, vérifiez les appareils, les brûleurs de la cuisinière, les conduits. Si tout vous semble normal mais que l'odeur persiste, ayez les bons réflexes : prenez toutes les précautions pour ne pas créer d'étincelle. Tapez à la porte des voisins plutôt que d'utiliser la sonnette, préférez les escaliers à l'ascenseur, sortez pour téléphoner, n'appuyez pas sur un interrupteur électrique, ne faites pas fonctionner un appareil électroménager, n'allumez ou n'éteignez pas de lampe de poche.

Fermez l'arrivée générale de gaz et appelez, de l'extérieur, les pompiers (18). Attendez bien que tout le monde soit à l'abri avant ouvrir les fenêtres : la ventilation pourrait faire courir un risque transitoire.

Source : Dolce vita, Gaz de France ().