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31/03/2025

UNE INFIRMIÈRE RÉFÉRENTE POUR MIEUX APPRÉHENDER LES DEUILS

Sylvie Talent est référente Deuils à l’EPSM de Vendée. À l’origine de cette nouvelle fonction, elle nous en explique les tenants et aboutissants.

EN QUOI CONSISTE VOTRE NOUVELLE FONCTION DE RÉFÉRENTE DEUILS ?
Cette fonction est née au fil des années, de mes interventions et de mon vécu d’infirmière. La mort reste un sujet tabou et les soignants sont parfois dépourvus face au décès de leurs patients. Ma fonction consiste à les accompagner, ainsi que toutes les personnes endeuillées, dans une démarche de sensibilisation aux spécificités du deuil. Une personne peut avoir à faire son deuil vis-à-vis d’un proche décédé ou atteint d’une maladie dégénérative et qui n’est plus tout à fait celui qu’il a connu, ou encore vis-à-vis d’un métier. J'apporte un soutien structuré et des outils pratiques pour mieux comprendre et appréhender le processus de deuil. Nous pouvons tous avoir besoin d’être orientés mais parfois l’information est difficile à aller chercher.

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QUELLES SONT VOS MISSIONS ?
J’informe, conseille et forme les soignants dans l'objectif d'un meilleur accompagnement du patient endeuillé, grâce à la connaissance des ressources et des outils existants. Je peux être en relation directe avec des patients que je vais écouter, soutenir et orienter en proposant des entretiens deuil et en leur apportant des outils pour avancer vers une résilience nécessaire afin de retrouver l'apaisement.
Pour l'ensemble du personnel de l'EPSM (Établissement public de santé mentale – CH Georges Mazurelle de La Roche-sur-Yon), si eux-mêmes vivent un deuil, je leur apporte écoute, soutien, conseils et orientation vers des associations ou professionnels de santé.
Mon objectif est de permettre à toutes les personnes qui traversent un deuil, qui ont besoin de conseils et de soutien, d’avoir quelqu’un à qui s’adresser. Toutefois, je ne suis pas psychologue. Ma fonction consiste à réancrer la personne sur le processus de deuil et à l’orienter.
Pour mener à bien cette mission, on me contacte par mail et bientôt par téléphone. L’hôpital communique sur mon poste : l’information a été envoyée au personnel avec les bulletins de salaires afin de les informer de ma mission qui participe directement à leur bien-être au travail. L’hôpital a su s’emparer de la problématique sociale et sociétale qu’est le deuil, afin de remettre de l’humanité dans nos relations aux autres.

COMMENT EXPLIQUEZ-VOUS VOTRE LIEN AVEC LA MORT ?
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu un questionnement personnel, puis professionnel, sur la manière de gérer la mort. Elle n’a jamais été un tabou dans ma famille. Quand j’étais enfant, j’allais au cimetière. Je trouvais que c’était un bel endroit paisible, arboré, fleuri. Ma mère ne me présentait pas la mort comme quelque chose de macabre mais comme une normalité. Je voulais m’orienter vers le métier de thanatopracteur, pour diverses raisons, j’ai opté pour le soin. J’ai suivi une formation d’infirmière spécialisée en psychiatrie, complétée par le diplôme d’État afin de me sentir libre dans ma profession. Cela fait maintenant 35 ans que j’exerce au sein de l’EPSM et pendant toutes mes années de pratique, j’ai continué à me cultiver sur l’art funéraire. Je me suis formée à la clinique du deuil (formation adressée aux soignants). L’EPSM m’a soutenu et permis de suivre le DU de la faculté d’Amiens sur la prise en charge de la mort, des défunts et des endeuillés, que j’ai obtenu en 2018.
J’ai également effectué un stage au sein d’un service funéraire, ce qui n’a pas été simple. Je voulais comprendre comment améliorer la continuité de la prise en charge du patient entre ses derniers instants de vie et les premiers en tant que défunt, et aussi comment accompagner les familles dans cette épreuve.

LES FORMATIONS QUE VOUS AVEZ SUIVIES VOUS ONT CONDUIT À EN DISPENSER…
Je me suis engagée dans des interventions au sein de l’hôpital afin d’aborder la toilette mortuaire comme dernier soin réalisé par les infirmières dans la prise en charge des patients. De même que je suis intervenue à l’Ifsi pour initier les 1res et les 3es années sur l’approche de la mort.
En 2018, j’ai fait partie d’un groupe de travail au sein du GHT sur les soins palliatifs, la fin de vie et la mort et nous avons découvert qu’au cours des 5 dernières années, j’étais la seule à avoir été formée sur la mort. Nous avons voulu changer la donne. Il faut accepter et savoir prendre en charge la mort car cela fait partie du soin.
Depuis, je propose une formation sur 3 jours, interne à l’EPSM, sur notre façon d’appréhender et de prendre en charge la mort. Elle est basée sur un regard anthropologique avec une approche de la mort, de la prise en charge des défunts et des endeuillés pour les professionnels de santé. On évoque la définition de la mort, les rites funéraires, l’interculturalité, les symboles de la mort, notre travail sur les contextes de mort. Mais aussi les directives anticipées, les personnes de confiance, la sédation profonde, afin d’ouvrir notre regard vers un questionnement éthique. J’aimerais aussi proposer des formations flash, c’est-à-dire passer dans les services pour former rapidement les soignants sur certains points. Cela fait du bien à tous de pouvoir échanger librement sur nos vécus ou questionnements professionnels.

Propos recueillis par Laure Martin

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