Une enquête pointe les tensions entre les Idels et l’HAD | Espace Infirmier
 
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30/11/2022

Une enquête pointe les tensions entre les Idels et l’HAD

Le syndicat Convergence infirmière a publié récemment les résultats d’une enquête qui met en lumière les difficultés rencontrées par les Idels dans leurs relations avec les établissements d’hospitalisation à domicile. Des pistes d’amélioration sont aussi dessinées par les répondantes.

Infirmières libérales, quelles sont vos relations avec l’hospitalisation à domicile (HAD) ? C’est en substance la question posée par le syndicat Convergence infirmière à plus 50 000 personnes, dans une enquête détaillée. Quelque 2000 Idels ont répondu, et les résultats dessinent une cartographie des points de friction avec les établissements d’HAD. « Nous avons lancé cette étude suite à de nombreuses alertes spontanées sur des difficultés rencontrées sur le terrain, précise Ghislaine Sicre, la présidente de Convergence infirmière. Nous voulions mieux comprendre ce qui posait problème et quelles solutions pouvaient être envisagées. »

Parmi les répondantes, 22% ont déclaré ne pas travailler avec l’HAD. Parmi les motifs invoqués, des difficultés liées à la rémunération (22%), des problèmes de communication avec l’hôpital (9%) ou encore de la lourdeur administrative (3%). Des désaccords avec la mise en oeuvre de l’HAD sont aussi mentionnés, comme le détournement de patients (9%) ou le manque de déontologie (3%).

COTATION, COORDINATION ET CRITÈRES D’INCLUSION

Près de 60% de celles qui travaillent avec l’HAD disent rencontrer des difficultés, notamment pour la cotation de certains actes (74%), au premier rang desquels les perfusions (28%), puis les pansements complexes (26%) et les soins de dépendance (19%). Autre point de tension: la coordination, mentionnée par 76% des mécontentes. Les soins palliatifs et la mise en œuvre au démarrage du plan de soin sont les deux contextes les plus problématiques à cet égard. Les difficultés concernent aussi le cumul des actes (54%) et les cotations hors NGAP (74%).

Enfin, des questions que l’on pourrait qualifier de déontologiques se font également jour. Plus de 800 répondantes estiment ainsi que les patients pris en charge ne relèvent pas véritablement de l’HAD. Elles ne remettent pas en cause l’existence de l’HAD, jugée utile par plus de 60%, mais estiment que les patients sont dévoyés. « Les critères d’inclusion nous semblent pertinents, le problème est qu’ils ne sont pas toujours respectés. Dans de nombreux cas, une prise en charge à domicile par l’Idel, en dehors du cadre de l’HAD, serait plus appropriée… et moins chère pour le système de santé », souligne Ghislaine Sicre.

LES PROPOSITIONS DANS L’ATTENTE DE RÉACTIONS

Les Idels interrogées dans le cadre de l’enquête se sont également prononcées sur des voies d’amélioration, afin de déployer une prise en charge satisfaisante pour le patient et pour le professionnel. Plus du quart des réponses concernent l’amélioration de la coordination avec le personnel de santé, de même que l’implication du soignant habituel dans le plan de prise en charge en sortie d’hospitalisation. Une centaine d’Idels souhaitent également que la rémunération soit revalorisée à la hauteur du temps passé et des actes réalisés. Parmi les autres pistes évoquées figurent notamment le fait de laisser le choix au patient d’être suivi par l’HAD ou par son Idel, la simplification des échanges avec les autres professionnels de santé, une meilleure gestion du stock de matériel ou encore la limitation du nombre d’intervenants.

Les résultats de cette enquête ont été remis au ministère de la Santé et à l’Assurance maladie, qui n’ont pas encore réagi officiellement. La Fédération nationale des établissements d’HAD (Fnehad) n’a pas répondu à nos sollicitations. « Ce serait une erreur de nier le mécontentement des professionnelles de terrain, ou de ne pas répondre aux difficultés soulevées, remarque Ghislaine Sicre. Nous espérons que ce travail pourra aboutir à une meilleure régulation de l’HAD et à des relations plus saines entre les établissements et les Idels. »

Lisette Gries

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Résultats complets de l’enquête 

A LIRE EGALEMENT

- Martin L., « HAD, SSIAD, PSAD : qui fait quoi ? », dans L'infirmière Libérale Magazine n° 371 du 01/07/2020

- Martin L., « Idel-HAD : une entente capitale », sur espaceinfirmier le 19/10/2017

- Renaud A., « Ville-hôpital : L’HAD affiche ses ambitions », sur espaceinfirmier le 07/12/2017

- Le hors-série Ville-hôpital, numéro transversal

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