Un binôme infirmier/angiologue libéral au cœur d’un centre de cicatrisation | Espace Infirmier
 
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15/12/2022

Un binôme infirmier/angiologue libéral au cœur d’un centre de cicatrisation

Depuis une quinzaine d’années, des infirmiers libéraux et un angiologue libéral coopèrent, à Saint-Alban (Haute-Garonne) pour la prise en charge des patients porteurs de plaies complexes. Une collaboration qui a conduit à l’ouverture d’un centre de cicatrisation en 2014.

L’histoire a commencé il y a 15 ans, lorsque face à la prise en charge d’une plaie complexe, Daniel Jollivet, infirmier libéral (Idel), rencontre des difficultés pour appliquer la prescription de l’angiologue. « Il avait prescrit des contentions multicouches avec des bandes biflex, de la ouate et du jersey, se rappelle l’Idel. Je ne savais pas comment procéder, notamment parce que durant nos études en soins infirmiers, nous n’apprenons pas spécifiquement les pansements d’ulcères et, sur le terrain, je n’avais jamais eu l’occasion d’en faire. » Il contacte alors l’angiologue prescripteur, et lui propose d’assister à la prochaine consultation du patient, afin de mieux comprendre le suivi.

La constitution du binôme

« Progressivement, pour des patients communs, nous avons pris l’habitude de travailler en binôme, afin d’optimiser la cicatrisation », raconte l’infirmier. De deux à trois patients, ils passent rapidement à une vingtaine, suivis conjointement. Organisés de manière informelle, ils réfléchissent alors à trouver un lieu commun d’exercice afin de proposer une consultation en binôme médecin/infirmier. Ensemble, ils fondent le Centre de cicatrisation de Saint-Alban et de télémédecine Louis Lareng en 2014, situé au-dessus d’une pharmacie, dont le bâtiment a été agrandi. Le cabinet de l’angiologue et celui des infirmiers se situent depuis sur le même étage. En parallèle, Daniel Jollivet a décidé d’accroître son expertise en passant un Diplôme universitaire Plaies et cicatrisation. « La première année, nous avons pris en charge 400 patients et aujourd’hui, nous en voyons environ 2 000 par an », précise l’Idel.

Une organisation rodée

Les quatre infirmiers du cabinet participent, en alternance avec leur activité de soins classique, à cette consultation en binôme avec l’angiologue. « Les patients nous sont adressés par des Ehpad, par des infirmiers libéraux ou par des médecins généralistes, dès lors qu’ils affichent un retard de cicatrisation sur une plaie devenue chronique », explique Daniel Jollivet. Le patient est alors reçu, sur rendez-vous, au sein du centre de cicatrisation. « Je commence par prendre en charge le patient, à observer sa plaie, la nettoyer, à effectuer un prélèvement en cas d’infection, puis avec le médecin, nous définissons ensemble le protocole de soin à suivre pour l’équipe de terrain », rapporte-t-il. Lorsque l’infirmier libéral, ou un soignant de l’Ehpad, est présent au rendez-vous, le binôme lui explique la démarche, sinon, il lui envoie le protocole par email. Un prochain rendez-vous est ensuite fixé à huit jours, pour observer l’évolution de la plaie.

Le recours à la télémédecine

Si le patient ne rencontre aucune difficulté pour se mouvoir ou s’il peut être accompagné, le deuxième rendez-vous se déroule également au centre de cicatrisation. « Néanmoins, s’il est difficilement mobilisable, nous proposons de nous déplacer sur son lieu de vie, et d’avoir recours à de la télémédecine dès lors que l’avis de l’angiologue est nécessaire », souligne l’infirmier. Dans ce second cas, lorsque l’infirmier se trouve sur le lieu de vie du patient, il utilise des lunettes connectées – des Google glass – afin que le médecin puisse observer la plaie et définir le meilleur protocole, comme s’il était présent.

Un financement pour la coordination des soins

Pour cette démarche, les infirmiers cotent un pansement lourd et complexe, soit 1 AMI 4. « Pour la partie coordination entre l’infirmier et l’angiologue, après avoir été un temps bénévoles, nous nous sommes rapprochés de l’Agence régionale de santé (ARS) afin de savoir si nous pouvions obtenir un financement, explique Daniel Jollivet. Nous avons rempli un dossier pour être reconnus comme Équipe de soins primaires (ESP), notamment parce que nous collaborons également avec un nutritionniste, un kinésithérapeute et un pharmacien. » L’équipe a perçu un financement pendant deux ans. « Aujourd’hui, nous travaillons avec la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS), afin d’obtenir un financement pour cette coordination des soins », conclut-il.

Laure Martin

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