UN BINÔME INFIRMIER-ÉDUCATEUR POUR ACCOMPAGNER LES SITUATIONS COMPLEXES EN PSYCHIATRIE

DIFFÉRENTES RAISONS D’INTERVENTION
Le binôme infirmier-éducateur, qui intervenait en coordination des parcours complexes, concentre aujourd’hui sa mission en intervention mobile de gestion de crise. Il intervient auprès des équipes et des patients, pour apporter une aide à la réflexion et à la décision, offrir un accompagnement transitoire et intervenir en cas de crise, l’objectif étant d’éviter des hospitalisations souvent synonymes de perte de chance. Les sollicitations peuvent par exemple avoir lieu lorsque des patients restent reclus dans leur chambre, lorsqu’ils refusent les traitements, de manger avec le collectif, ou encore à la suite de tentatives de fugues, de troubles du comportement, de menaces suicidaires ou encore de scarifications. « Nous pouvons intervenir lorsque le lien entre les patients et les équipes n’est pas encore rompu », précise Jérôme Lambert, cadre socio-éducatif du DICI, indiquant que les interventions en urgence ne relèvent pas du DICI.

L’ÉLABORATION D’UN PLAN D’ACTIONS
Lorsque des professionnels sollicitent le binôme par téléphone au secrétariat du DICI, « nous leur envoyons une fiche de demande d’intervention permettant de recenser leurs attentes et de préciser les besoins de l’usager, explique Stevens Delaunay, infirmier du DICI. Ces éléments sont nécessaires pour déterminer, lors de notre réunion hebdomadaire, les axes de notre mobilisation ». Une première rencontre est alors organisée sur le terrain ainsi qu’avec le patient concerné afin de lui notifier la présence du binôme et obtenir son accord pour l’intervention, qui débute en moyenne sous une semaine. « Nous co-construisons alors un plan d’actions concernant les modalités d’accompagnement ainsi qu’un calendrier », précise-t-il. Le binôme se rend auprès des équipes et des patients à des fréquences variables pour des temps d’entretien ou de médiation en s’appuyant sur leurs ressources respectives. L’accompagnement, personnalisé, peut durer en moyenne 6 mois, avant une évaluation de l’atteinte des objectifs et du bénéfice pour l’usager.

UN COMPLÉMENT DE COMPÉTENCES
L’intervention de l’équipe reste transitoire. « Notre objectif n’est pas de nous substituer à l’existant, fait savoir Emilien Souchu, éducateur spécialisé au sein du DICI. Nous apportons notre regard extérieur et notre expertise, travaillons sur les transitions et pouvons être amenés à réorienter ». Et Stevens Delaunay d’ajouter : « Nous sommes aussi en lien avec le réseau qui gravite autour de l’usager, par exemple le Centre médico-psychologique (CMP) ou les professionnels libéraux. Nous pouvons rassembler les informations, faire du lien et coordonner nos interventions pour éviter les doublons. »
L’apport clinique du soignant est apprécié par les structures médico-sociales qui ne détiennent pas de temps infirmier. De même que la compétence éducative est pertinente au sein des hôpitaux qui ne disposent pas de professionnels socio-éducatifs. Depuis le démarrage du dispositif début 2022, le DICI, qui intervient sur le territoire d’EPSYLAN (le nord du département), a accompagné 138 personnes. Chaque binôme suit entre 12 et 15 situations en même temps. La file active en cours est de 25 personnes.

« Ce dispositif innovant et expérimental a été élaboré en réponse à un appel à manifestation d’intérêt (AMI) de l’ARS Pays de la Loire, portant sur les situations de patients hospitalisés au long cours en psychiatrie, explique Jérôme Lambert. L’objectif était de trouver des solutions d’accompagnement dans un processus d’intégration en structures médico-sociales. »
Le dispositif a été construit dans le cadre d’un partenariat entre l’EPSYLAN et la Coopération d’accompagnement publique du handicap en Loire-Atlantique Nord (Cap'Lan).
Après un premier financement de 3 ans, l’ARS a d’abord décidé de ne pas prolonger le soutien financier, avant de faire machine arrière et d’accorder une nouvelle enveloppe pour 2 ans. « Nous espérons à terme que l’ARS intégrera les coûts de fonctionnement du DICI dans le budget global de l’hôpital », conclut Jérôme Lambert.

Laure Martin

En photo de gauche à droite : Stevens DELAUNAY infirmier, Jérôme LAMBERT, cadre socio-éducatif, et Emilien SOUCHU éducateur spécialisé.