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15/04/2025

SE DÉFINIR COMME PROFESSION POUR S’EMPARER DU LEADERSHIP

« Comment exprimer son leadership infirmier en cancérologie ? », thème d’une table ronde aux 28e Rencontres Infirmières en Oncologie (RIO) organisées par l’Association Française des Infirmièr(e)s de Cancérologie (AFIC) fin mars, a soulevé bien des réflexions. En direct…

La spécialité cancérologie n’a de cesse de « bénéficier d’innovations thérapeutiques au profit de plus en plus de patients », pose Bernadette Fabregas qui anime l’événement. Et le monde dans lequel elle évolue change et les défis sont nombreux « sanitaires, structurels, organisationnels, démographiques, économiques. » « Comment, dans ce contexte, chacun peut-il, en mettant en lumière un savoir-faire, un savoir-être, mais aussi un faire savoir, peser ? », interroge-t-elle.
Pour répondre à cette question, 4 invités : Sylvaine Mazière-Tauran, présidente de l’ONI, Mathilde Garry-Bruneau, doctorante en sciences infirmières à l’université Laval (Québec), Éric Marchandet, directeur de la fondation ITSRS, sociologue à Paris-Dauphine et Sophie Chazalon, infirmière à l’Institut Curie.

« UNE NOTION ASSEZ FLOUE »
Pour exprimer le leadership, mieux vaut savoir ce que c’est. Or « ça reste une notion assez floue, qui est assez souvent confondue avec l’expertise clinique, la gestion de l’équipe, le management », observe Sylvaine Mazière-Tauran.
Il y a eu des tentatives, « au cours de nombreuses décennies, par de nombreux chercheurs, explique Mathilde Garry-Bruneau, pour conceptualiser et stabiliser ce terme anglophone, mais il reste assez polysémique et avec des définitions assez instables. » Pour elle, pour qu’il y ait leadership, il faut se définir comme profession, ce qui est le cas au Canada. En France, elle constate « un manque de consensus autour du terme. »
Sophie Chazalon estime qu’une infirmière qui se saisit du leadership est celle qui « va faire évoluer ses pratiques tout au long de sa vie professionnelle et développer ses connaissances en s’appuyant sur des revues scientifiques. » Elle considère que tout le monde peut le faire, même « un jeune diplômé qui arrive dans un service, même si ce n’est pas la chose la plus aisée quand on commence. »
« Nous devons nous en emparer, invite la présidente de l’Ordre, dans la pratique clinique, l’enseignement, la recherche, la gestion et l’organisation des soins. »

L’ENJEU DE LA FORMATION
La présidente de l’Ordre ne croit pas au désengagement des infirmiers jeunes et moins jeunes. Et ce même si les premiers valorisent l’équilibre temps pro/perso alors que les seconds ont intégré un discours sur la « vocation. » Une différence qu’il « faut prendre en compte », pour Éric Marchandet. Pour Sophie Chazalon, les étudiants d’aujourd’hui « auront des exigences de salaire et de conditions de travail qui permettront peut-être de faire évoluer nos métiers. »
Pas de désengagement, donc, mais pour Sylvaine Mazière-Tauran, on est « à un tournant. Il est nécessaire que le système de santé se réforme et s’améliore, que la place des infirmières soit reconnue. » Pour elle, la loi infirmière (votée à l’Assemblée), qui étend les compétences, est « une première marche pour exprimer le leadership, mais il ne faut pas s’arrêter là. »
Il faut notamment « améliorer la formation. » La filière sciences infirmières se construit, mais il y a des marges de progression. Et pour les 3 années à l’IFSI, il s’agit entre autres « d’améliorer les conditions de stage. »
Pour Éric Marchandet, c’est crucial car en l’absence d’encadrement de qualité, « c’est très insécurisant pour l’étudiant. » Sophie Chazalon abonde et ajoute qu’il est important que les étudiants puissent s’appuyer sur le leadership d’infirmières plus anciennes.
Pour les masters, une étape a été franchie avec l’émergence des IPA (350 en oncologie), met en avant la présidente de l’ONI. Les infirmiers ont depuis l’opportunité de progresser dans le médical, salue Éric Marchandet. Il y a aussi des doctorants, désormais, même si les conditions sont pour l’instant moins favorables en France qu’au Québec, où il y a « des docteurs en sciences infirmières depuis 30 ans », compare Mathilde Garry-Bruneau.
Et puis, il y a une section au CNU 92 depuis 2019. C’est « une reconnaissance universitaire extrêmement importante », mais il ne suffit pas d’avoir des doctorants et une section, il faut avoir « un ensemble parfaitement intégré, que tout ça soit appliqué et qu’il y ait des équipes de recherche. »

AMÉLIORER LES CONDITIONS DE TRAVAIL
Pour bâtir le leadership, il faut aussi, affirme la présidente de l’ONI, « améliorer les conditions de travail », ce qui passe par « améliorer la sécurité des professionnels, poursuivre le travail sur les quotas, lutter contre les violences sexuelles et sexistes. » Mais aussi – même si l’Ordre n’est pas compétent en la matière – « sortir les infirmiers et infirmières françaises de la sous-rémunération. »
La formation tout au long de la vie est aussi un levier indispensable, pour Éric Marchandet, surtout que le secteur est extrêmement technique. Il encourage à « sortir des structures. »
Il faudrait, esquisse Sylvaine Mazière-Tauran, réfléchir à la façon de valoriser les efforts de formation (par exemple le fait, pour un infirmier en oncologie de faire un DU douleur, soins palliatifs…).
Sophie Chazalon souligne également le rôle de l’engagement associatif. Pour elle, c’est « une source d’information et de formation importante » et cela peut permettre de présenter un poster, d’être orateur à un congrès…
Enfin, pour permettre aux 565 553 infirmiers de peser davantage dans le paysage sanitaire et politique, « l’unité » est à certains moments de mise, affirme la présidente de l’Ordre.
« Il faut parler d’une seule voix », abonde Éric Marchandet, même si « la difficulté, c’est que vous avez des spécialisations, des missions spécifiques, des statuts différenciés et des types d’organisations différents. »

Pauline Machard

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