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17/02/2025

PSYCHIATRIE : LE CCNE APPELLE À UNE RÉFORME URGENTE

Érigée Grande cause nationale pour 2025, la santé mentale traverse une crise importante. Face à l’absence d’une réponse politique forte, le Comité consultatif national d’éthique appelle à un plan dédié, rapide et d’ampleur, selon 3 axes.

Manque de moyens, inégalités d’accès aux soins, saturation généralisée, le système de soins psychiatriques traverse une crise sans précédent que le Comité Consultatif National d'Éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE) qualifie d’enjeu éthique social et humain majeur et pour lequel il vient de publier un avis.
Dans ce dernier, le 147e produit par le CCNE, intitulé « Enjeux éthiques relatifs à la crise de la psychiatrie », le Comité met en lumière l’urgence de répondre à une crise de la psychiatrie « d’une ampleur inédite » qui concerne plus de 13 millions de Français.
« La fragilité de la psychiatrie révèle un paradoxe insoutenable, estime le Dr Angèle Consoli, psychiatre et co-rapporteure de l’avis, alors que les besoins augmentent, les moyens restent insuffisants, amenant à une saturation complète du système de soins. Cette crise dépasse la question des soins, c’est un signal d’alarme pour une société qui sous-estime encore l’impact de la souffrance psychique. »

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En France :
- 1 personne sur 5 est impactée au cours de sa vie par des troubles d’ordre psychiatrique, toutes pathologies confondues ;
- 2,4 millions de personnes sont prises en charge en établissement spécialisé chaque année ;
- 7,5 % de la population souffre de dépression ;
- enfin, on déplore 9 300 suicides/an, soit 24 décès/jour.

BEAUCOUP DE RAPPORTS, PEU D’EFFETS
Face à des chiffres qui dressent un constat alarmant, le CCNE déplore les nombreux rapports des 10 dernières années qui n’ont donné « aucune avancée majeure », même si les experts de l’éthique soulignaient quelques mesures intéressantes, à l’instar de la feuille de route santé mentale et psychiatrie lancée en 2018, la nomination d’un délégué ministériel en 2019 et des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie au lendemain de la crise Covid en 2021.
« Ces mesures, très attendues et positives, restent cependant largement insuffisantes au regard de la gravité de la situation sur le terrain, et des années de sous-investissement de la discipline. Elles ne sont en outre pas suffisamment visibles sur le terrain, » déplore le CCNE. Selon lui, il y aurait « un gouffre entre le nombre et la précision des rapports sur la situation de la psychiatrie en France et les réponses apportées. »

UN PLAN ET 3 AXES PRIORITAIRES
Le CCNE appelle à un véritable plan d’action concret et opérationnel en psychiatrie : « d’un point de vue éthique, cette mobilisation est cruciale car elle engage le respect des droits fondamentaux de personnes en situation de vulnérabilité, souligne le Comité, cela reflète aussi la capacité de la société à reconnaître et prendre en charge la souffrance psychique dans le respect des principes de liberté, d’équité et de dignité. »
Le premier concerne une garantie d’accès à des soins psychiatriques dignes et une vigilance sur la santé mentale de tous, avec une amélioration des conditions de travail des soignants. « Revaloriser les actes, étant donné ce nécessaire temps long de la rencontre humaine et des soins psychiques » et « faire de la santé mentale une priorité de santé publique en donnant les moyens » sont 2 exemples des mesures proposées.
Second axe prioritaire, la lutte contre la stigmatisation et les discriminations, notamment en œuvrant à la sensibilisation de la population générale mais aussi des professionnels de santé, en « valorisant la dimension humaine et clinique de la médecine psychiatrique. »
Dernier axe, et non des moindres, le renforcement de la formation et de la recherche dans toutes les disciplines qui concourent à la prise en charge psychiatrique, en « augmentant la formation des médecins généralistes et des infirmiers pour faciliter le repérage précoce des situations de souffrance et éviter que les urgences ne soient la porte d’entrée principale dans les soins psychiatriques. »
Plus qu’une question de moyens – 60 % des lits ont été fermés en 40 ans –, cette crise est aussi celle d’une vision de la société qui doit changer face aux patients atteints de troubles psychiatriques.
« Dans le moment historique que nous traversons, marqué par des crises multiples et diverses qui suscitent de vives inquiétudes, il est dans l’intérêt de chacun et de la société toute entière que la psychiatrie redevienne un lieu pour recevoir la souffrance psychique, la traiter et en prendre soin, » conclut le Comité.

Anne-Lise Favier

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