MÉDECINE INTÉGRATIVE : UNE VISION DU PATIENT À 360°

Analyse

Le concept de médecine intégrative intéresse au plus haut point les infirmièr.es qui, dès leur entrée en Ifsi, sont sensibilisés au principe selon lequel « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, [qui] ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité »⁽¹⁾. Principe qui implique de reconnaître chaque humain comme un être « bio-psycho-social ».
Pour l’OMS, la médecine intégrative est « une combinaison des traitements conventionnels et des médecines complémentaires. Elle se concentre sur la prévention et le maintien en santé »⁽²⁾.

Cette conception place le patient au centre de son projet de soins et lui permet de contribuer activement à sa prise en charge. Plus précisément, la médecine intégrative ne limite pas son action au traitement de la pathologie, mais contribue à la qualité de vie et au bien-être de la personne soignée, en la rendant actrice de son projet thérapeutique lorsqu’elle est malade et de son maintien en santé de façon plus générale. Comme le souligne le Pr Alain Toledano, médecin oncologue pionnier en la matière, il ne s’agit pas seulement de traiter la maladie, voire de guérir le malade, mais bien de prendre soin de lui dans toutes les dimensions⁽³⁾. Pour y parvenir, le médecin et les autres thérapeutes inscrivent leur action au sein d’une équipe interdisciplinaire et pluriprofessionnelle, selon une philosophie de soin partagée.

Au début des années 2000 en France, en grande partie à la demande des patients atteints de cancers, la prise en charge évolue vers une plus grande attention portée à la qualité de vie. C’est l’introduction des soins de support. La diversité des propositions (soins d’esthétique, activités physiques, ateliers culinaires, activités artistiques, etc.) démontre que l’amélioration de la santé, voire l’obtention de la guérison, ne vient pas uniquement des traitements médicochirurgicaux.
Cette étape est celle qui précède le développement du concept de médecine intégrative. Pour Alain Toledano, « la santé intégrative est une démarche pluridisciplinaire qui articule autour de la médecine conventionnelle différentes approches qui contribuent au maintien de la qualité de vie et au bien-être des individus »⁽⁴⁾.
Ce modèle bénéficie des découvertes en neurosciences qui apportent des preuves scientifiques concernant les effets des pratiques non pharmacologiques sur le cerveau. Ainsi, le fonctionnement cérébral dans le domaine de la douleur grâce à l’imagerie médicale sous hypnose a-t-il permis de confirmer les bénéfices observés sur le plan clinique⁽⁵⁾.
Dans le même temps, la place prise par les patients dans leur parcours de soins évolue. Les patients experts intègrent progressivement les équipes soignantes. Il devient alors évident que le maintien et l’amélioration de l’état de santé d’une personne sont multifactoriels. C’est ce que mettent en valeur les travaux de Zurron et Berna⁽⁶⁾ dans lesquels la médecine conventionnelle occupe une place relativement réduite.

Dans le système de santé actuel, tous ces modèles coexistent. L’intérêt est de faire évoluer le modèle de soins sans systématiquement détruire le précédent, pour répondre de façon adaptée aux besoins et demandes des patients.

Références
(1) Préambule de la constitution de l’OMS (1946).
(2) Stratégie de l’OMS pour la médecine traditionnelle 2014-2023.
(3) Toledano A. L’art de soigner. HumenSciences 2022.
(4) Toledano A. Lancement de la chaire partenariale de santé intégrative le 25 novembre 2021.
(5) Liens entre douleurs et hypnose.
(6) Zurron N, Berna C. Antalgie intégrative : une vision holistique du patient souffrant de douleurs chroniques » Rev Med Suisse 2019;15:1259-1265.