Le refus d’assistance, un problème d’intégration | Espace Infirmier
 
26/10/2007

Le refus d’assistance, un problème d’intégration

Pour Michel Joubert, sociologue et chercheur au Cesames sur la problématique des conduites addictives, il faut déjà tenter de comprendre ce que signifie le refus de la part de la personne en situation de grande précarité : « Le refus est l’aspect visible d’un processus plus complexe qui est celui de la désaffiliation ». Cette notion décrivant l’exclusion sociale et que l’on doit à Robert Castel, décrit un processus de décrochage, de déstabilisation des composantes stables de la vie, d'une vulnérabilisation des positions assurées. Ce qui est déterminant dans ce processus, c’est le fait que le travail cesse d'être « le grand intégrateur » social.  « C’est donc la rupture d’un certain nombre de cadres qui empêche l’individu d’avoir une raison d’être au sein du corps social ».

Et il pourrait y avoir une certaine perversité dans l’assistance sociale en ce que l’on oblige la personne exclue, en situation de ruptures affective, familiale, sociale, économique, à entrer dans un nouveau système dont elle va dépendre. Finalement, ces individus exclus n’ont plus de place, ils sont hors système, et leur désir n’est pas d’avoir une place d’assisté. Il ne faut pas non plus oublier que le droit au consentement va de pair avec le droit au refus d’assistance.

Afin de ne pas se heurter à ce processus, il faut parvenir à mettre en place une articulation du point de vue de la reconnaissance de l’autre. « Il faut que les conditions permettant une reconnaissance mutuelle soient suffisantes et reconnues pour que la personne exclue puisse accepter l’aide que propose le personnel social et soignant », poursuit Michel Joubert. Nombreux sont les professionnels du social et de la santé qui doivent gérer ces paradoxes et qui éprouvent de la difficulté à se positionner comme acteur. Dans la pratique, beaucoup d’acteurs ont réussi à recréer un autre cadre pour créer des liens avec cette population. Ils travaillent à un niveau communautaire plus qu’institutionnel. Le travail est donc fait avec le voisinage, le réseau informel, et les structures associatives.

Carole Ivaldi

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