LE NUMÉRIQUE EN SANTÉ : QUELLE PLACE DANS LES FORMATIONS ET DANS LA PRATIQUE INFIRMIÈRE ?

UNE ADAPTATION DE L’EXERCICE PROFESSIONNEL
Sur le terrain, les professionnels de santé n’ont pas eu d’autres choix que d’intégrer ces outils dans leurs pratiques. Infirmière gériatrique aux urgences du Centre hospitalier de Saverne (Alsace), Virginie Adam considère ces outils comme une aide. De son côté, Julien Grizzetti, infirmier libéral depuis 17 ans (Hauts-de-Seine) a vécu la digitalisation du métier, les logiciels ayant intégré le secteur libéral par le biais de la facturation des actes. Aucun des deux soignants ne souhaiterait revenir en arrière tant les avantages sont nombreux notamment pour la traçabilité des actes et la sécurisation des pratiques. « Certes parfois l’informatique bugge et il faut savoir s’adapter mais j’ai aussi connu l’avant numérique, et avec le recul, on se rend compte qu’il offre un vrai confort, facilite le travail, sécurise les soins et favorise la prise en charge des patients », insiste Virginie Adam. Un point de vue partagé par Julien Grizzetti, satisfait du gain de temps pour la prise en charge des patients et la facturation.

L’ÉLABORATION DE LOGICIEL
Certains infirmiers participent directement au déploiement de ces outils numériques. C’est le cas d’Abdel Iazza, infirmier libéral en Ile-de-France, expert en santé connectée à l’origine d’outils numériques pour la gestion des astreintes de nuit en Ehpad et pour l’identification d’infirmières libérales disponibles sur un secteur. « Pour les élaborer, nous sommes partis des besoins du terrain, fait-il savoir. Auparavant, les logiciels étaient créés par des ingénieurs et n’étaient pas très intuitifs. Les deux mondes doivent se retrouver pour faire gagner du temps aux soignants et améliorer la prise en charge des patients. »  Aujourd’hui, les acteurs plaident pour une meilleure interopérabilité entre les outils, ce qui faciliterait leur usage. La démarche est en cours dans le cadre du Ségur du numérique.

ET LES ÉTUDIANTS…
Depuis la rentrée de septembre 2024, le programme de formation des étudiants en soins infirmiers consacre 28 heures de cours au numérique en santé. Une façon d’acculturer les futurs professionnels de santé à leur environnement de travail. « En première année de formation, la santé numérique est une nouveauté », rappelle Djibé Sylla, étudiante à l’Ifsi de la Fondation Léonie Chaptal (Val d’Oise). L’accès aux logiciels proposés par son Ifsi lui permet d’apprendre en amont de ses cours et de ses stages, et d’expérimenter des situations réelles, via la simulation. « Je peux faire des erreurs sans me sentir jugée », a-t-elle ajouté. En 3^e année, le numérique occupe une place encore plus importante. Outre les cours sur la plateforme de l’Ifsi, « nous devons savoir utiliser certains logiciels lors de nos stages, notamment pour les transmissions, témoigne Coretta Dali, étudiante en 3^e année au sein du même Ifsi. Nous devons donc y être formés en amont. » Cet Ifsi a répondu à un appel à manifestation d’intérêt ministériel qui lui a permis d’engager une réflexion sur les contenus des formations autour de l’objet numérique. « Aujourd’hui, nous nous rendons compte qu’il est important pour les étudiants de détenir la connaissance et la maîtrise des différents logiciels utilisés sur le terrain, a fait savoir Guillaume Decormeille, responsable des programmes pédagogiques de la Fondation Léonie Chaptal. Nous devons mettre en place des moyens pour mieux les préparer. »

Laure Martin