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23/06/2025

LE DONNEUR TYPE N’EST PAS FORCÉMENT UN JEUNE DE 30 ANS

L’INFIRMIÈR.E a rencontré Frédéric Klein, infirmier de coordination des prélèvements à l’hôpital Robert-Pax à Sarreguemines (Moselle) lors de la Journée nationale de réflexion sur le don d’organes et la greffe, et de reconnaissance aux donneurs, le 22 juin. L’occasion de rappeler l’importance de cette démarche qui permet chaque année la réalisation d’un peu moins de 6 000 greffes en France*.

QUEL EST VOTRE RÔLE EN MATIÈRE DE PRÉLÈVEMENT D’ORGANES ET DE TISSUS ?
FK : Dans mon établissement, nous sommes autorisés à effectuer des prélèvements de tissus mais nous ne pratiquons pas de prélèvement d’organes. Ma mission principale consiste à recenser tous les donneurs possibles. Je me concentre sur les personnes décédées à cœur arrêté. Chaque jour, je vérifie le registre des décès et des certificats de décès des dernières 24 heures. Avant de consulter les proches pour vérifier une éventuelle opposition de la personne décédée, je m’assure avec le médecin responsable que la personne décédée est médicalement apte au don et qu’elle n’est pas inscrite sur le registre national des refus. Je retrace alors tout le parcours médical du patient, en consultant les courriers médicaux, le médecin traitant et les autres établissements où il a été soigné, afin de proposer le tissu à une banque spécialisée qui se chargera des analyses et de la conservation et de la validation du donneur. Le prélèvement de tissus est réalisé par le médecin-préleveur jusqu’à 24 heures après la mort. Dans le cas de la cornée, je suis formé pour réaliser l’acte de prélèvement dans le cadre d’un transfert de compétences du médecin. Cela permet d’assurer une activité pérenne dans l’établissement. À moi seul, je réalise plus de 60 % de ces prélèvements.

QUI PEUT DONNER ET COMMENT CELA SE DÉROULE-T-IL EN PRATIQUE ?
FK : Contrairement aux idées reçues, le donneur d’organes type n’est pas forcément un jeune de 30 ans accidenté de la route. La moyenne d’âge est de 60 ans, principalement des personnes victimes d’un accident vasculaire cérébral mortel. Il est possible de prélever un rein au-delà de 80 ans, voire jusqu’à 95 ans pour le foie. La greffe rénale permet d’améliorer la qualité de vie et allonge l’espérance de vie du receveur par rapport à la dialyse. Le foie, même âgé, peut être greffé à une personne plus jeune car il se régénère. La greffe sauve des vies.
Pour le prélèvement et le don d’organes, nous travaillons en lien avec les centres hospitaliers référents. Il faut agir vite, car le transfert du donneur avant la survenue de la mort encéphalique est préférable pour éviter les complications liées à l’instabilité hémodynamique inhérente à la destruction du cerveau. L’établissement de santé est doté d’un protocole d’appel de la coordination hospitalière 24 heures sur 24 avec l’aide de l’astreinte départementale. L’objectif est de recenser tous les patients présentant des lésions cérébrales graves, même s’ils n’évoluent pas tous vers la mort encéphalique. Je rassemble les informations médicales afin de gagner du temps dans la constitution du dossier médical et le transfert. Chaque donneur potentiel est présenté à l’agence de la biomédecine afin de définir s’il est possible de prélever ses organes. Cette dernière proposera aux chirurgiens greffeurs les organes selon les règles de répartition. Le receveur n’attend pas un organe parfait ! Il faut savoir qu’il est possible de donner un rein ou un lobe hépatique vivant. Ainsi en 2024, 614 greffes avec donneur vivant ont été réalisées.

COMMENT SENSIBILISER DAVANTAGE LE PUBLIC ET LES PROFESSIONNELS À LA QUESTION DU DON ?
FK : D’après un sondage réalisé tous les ans par l’Agence de la biomédecine, 79 % de la population se dit favorable au don d’organes, mais lors des entretiens, 36 % des proches s’y opposent. Beaucoup déclarent ne pas savoir quelle était la volonté du défunt. La loi de bioéthique prévoit le consentement présumé, mais la mort reste un sujet tabou. Mon rôle est aussi de former et de sensibiliser les équipes de santé à l’importance d’exprimer clairement sa position. Nous travaillons en réseau, avec le réseau lorrain PRELOR par exemple, pour améliorer la performance du recensement et du prélèvement. Malgré les progrès, la liste d’attente ne cesse de s’allonger : aujourd’hui, on compte plus de 22 000 personnes inscrites, alors que le nombre de greffes réalisées chaque année n’augmente pas au même rythme. Chaque jour, on réalise en moyenne 15 greffes, tandis que 22 à 23 patients s’ajoutent quotidiennement à la liste d’attente. Mécaniquement, on n'éponge pas annuellement les nouveaux inscrits. Il est donc essentiel de continuer à informer et à former, pour que les avancées en matière de prélèvement et de dons d’organes profitent au plus grand nombre. Chaque donneur compte !

Propos recueillis par Eléonore de Vaumas

* Source : Agence de la biomédecine.

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