LE DÉFI DE LA PRÉVENTION EN OCCITANIE

Des fiches santé synthétisées, un tuto vidéo pour s'approprier l'outil en moins d'une demi-heure, un podcast optimiste et motivant, un webinaire dédié… L'URPS Idel d'Occitanie a fait de la Prévention un de ses grands chantiers et elle n'a pas boudé le travail. Elle a dédié le mois de janvier au Bilan prévention désormais réalisable officiellement par les Idel, et s'est lancé le défi de mobiliser en masse tous ses adhérents.
« Notre système de santé a besoin de passer à la vitesse supérieure dans ce domaine, observe Pascale Cazaneuve, Idel à Toulouse et référente prévention à l'URPS. La prévention et l'éducation à la santé font partie de notre rôle propre et des entretiens infirmiers, mais sont sous utilisées », rappelle cette clinicienne. Et avec ses 13 000 Idel, la 2^e région du pays après l'Ile-de-France, assure pouvoir relever le challenge, haut la main. « Il suffit que chaque Idel en fasse 1 dans le mois ! »

CONTRÔLE TECHNIQUE DE SANTÉ
Le dispositif, nouveau, est ambitieux. Il veut rendre la population concrètement actrice de santé. Dans une région de 6 millions d'habitants dont environ 50 %  (4 tranches d'âge clé) sont concernés par ce Bilan Prévention⁽¹⁾.
« On peut le voir comme ce contrôle technique que l'on fait sans se poser de question pour que notre véhicule nous amène à bon port le plus longtemps possible », résume Pascale Cazaneuve. 
Le bilan, gratuit, se réalise sous forme d'échange sur un temps dédié d'environ 45 minutes, et balaie tous les axes de la santé à partir d'un questionnaire – assez long – rempli en amont par le consultant. À la clé : le repérage des facteurs de risques, les actions prioritaires de prévention à mettre en place pour conserver sa santé ou la modifier… le tout consigné sur un Plan de prévention personnalisé.
Rappel du calendrier vaccinal, dépistages, modifications de comportement, activité physique, conseils… « Les Idel peuvent désormais prendre plus de temps pour aider les patients à comprendre leur maladie, les éduquer à la prévention, parler de leur santé et discuter ensemble des moyens de la conserver ou de l'améliorer, » se réjouit Pascale Cazaneuve. Cela veut dire aussi s'asseoir, parler. « Ça n'est pas dans l'ADN de base faute de temps, car nous avons de plus en plus de soins à domicile, l'hôpital conservant de moins en moins de patients. »

GROUPE DE TRAVAIL DÉDIÉ
Pour lever des freins, aider à s'approprier le potentiel d'une nouvelle activité, un groupe de travail constitué d'Idel expertes a été spécifiquement dédié, au sein de l'URPS. Il a planché pendant 6 mois avant de présenter en novembre un mode d'emploi compréhensible.
Première étape : structurer la démarche pour aider 13 000 Idel à basculer dans la prévention, prendre le temps de se former et de s'accoutumer à ce nouvel outil. « Les Idel ont un rôle incroyable à jouer car elles sont les seules à aller dans les foyers, au domicile du patient, » rappelle Franck Deschamps, conseiller entreprise qui a accompagné l'URPS dans ce changement.  « Le Bilan de prévention est un bel outil mais ces soignants à domicile n'ont pas le temps de se l'approprier parce qu'ils sont dans un rythme effréné », ajoute-t-il. Dans ces conditions, le changement peut ne pas sembler des plus faciles.

MODE D'EMPLOI SIMPLE
Le groupe de travail de l'URPS leur a concrètement mâché la tâche. L'équipe s'est attelée à simplifier le process du Bilan prévention et tous les supports de communication. Elle a décortiqué les documents du ministère de la Santé, parfois épais, « que personne ne lit » précise le conseiller. En est sorti un guide de 12 pages qui va à l'essentiel. Des fiches santé ont été synthétisées pour aider à parler sédentarité et obésité, alcool, tabac, alimentation… « On peut désormais expliquer en 2 heures et en 10 étapes, comment on fait un bilan de prévention, indique Franck Deschamps. Tout Idel qui voudra se lancer trouvera tous les éléments pratiques utiles, recensés sur le site de l'URPS Occitanie », ajoute-t-il.

PODCAST, AFFICHES ET CARTES POSTALES
Pour donner envie, au-delà des outils pratiques, le podcast imaginé par le collectif met en scène 3 Idel qui expliquent tout le bénéfice de rebondir sur ce Bilan prévention pour développer son activité. Avec des affiches et des cartes postales à disposition pour « mettre au courant » le public concerné. Et une émission radio avec des infirmières pour donner envie. « Les Idel sont le 2^e hôpital de France et nous sommes très en retard par rapport à d'autres pays européens, rappelle Pascale Cazaneuve. Nous avons la chance d'avoir cet outil à disposition, autant faire en sorte qu'il évolue dans le bon sens. » 

DÉFI DE JANVIER, UN SYMBOLE
Le défi du mois de janvier aura valeur de symbole. « Nous verrons les chiffres du premier trimestre. Il faudra animer dans la durée, » rappelle Franck Deschamps. Pour contribuer à entretenir la flamme, le comité de pilotage “Bilan de prévention” a imaginé des Mardis de la prévention, chaque 1^er mardi du mois. Sous forme d'un webinaire d'1 heure articulé, à part égale, entre présentation d'un thème (le 4 février l'Obésité) et échange de questions-réponses sur tous les aspects pratiques. « Les Idel d'Occitanie y ont tous un accès libre, » rappelle l'accompagnateur de ce changement.

Myriem Lahidely

(1) Le Bilan de prévention activé depuis janvier 2024 et réalisable par les médecins généralistes, sages-femmes, pharmaciens et infirmiers, s'adresse à toutes les personnes aux âges clés de la vie : 18-25 ans ; 45-50 ans ; 60-65 ans ; 70-75 ans.