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À l’occasion d’une table ronde lors du Salon Infirmier, 5 interlocuteurs ont croisé leurs regards sur « La confiance, terrain fertile de l’engagement. » En quoi est-elle essentielle ? À quoi tient-elle ?
« La confiance, c’est quand tu donnes du pouvoir à autrui sur ta vie », pose Jean Mathy, philosophe, directeur de l’innovation et de Perce-Neige Formation et animateur de l’événement.
Les intervenants ont voulu le questionner « en toute humilité », glisse Christelle Galvez, directrice des soins et des parcours au centre Léon Bérard à Lyon. À ses côtés, Dominique Combarnous, présidente de l’Association nationale des cadres de Santé (Ancim), Emmanuel Mercadier, cadre de santé sapeur-pompier dans l’Hérault, président de l’Association Nationale des Infirmiers Sapeurs-Pompiers (ANISP) et Marilyne Peyroche, patiente partenaire, infirmière, référente handicap au Centre des Massues à Lyon, pour qui, quel que soit son positionnement, « la confiance est importante. »
L’IMPORTANCE DU REGARD DES AUTRES
Pour faire confiance, il faut « travailler sur l’estime de soi », estime Dominique Combarnous. Marilyne Peyroche approuve le terme, la confiance en soi, du fait de son parcours, de son handicap, n’étant « pas si facile » à atteindre. S’aimer assez, en revanche, lui permet comme patiente de « dépasser ses peurs » et comme soignante de se « faire respecter et de demander de l’aide si nécessaire. » « Si j’avais attendu d’avoir complètement confiance en moi pour avancer, je n’aurais pas fait grand-chose. »
Les intervenants mettent aussi en avant le rôle de l’altérité dans la construction de la confiance et donc l’engagement. Si Marilyne Peyroche a pris la parole, c’est parce qu’on l’a invitée à le faire, qu’on lui a fait confiance. C’est aussi ce qui a poussé Christelle Galvez à accepter la fonction de directeur des soins.
« On s’accorde la confiance quand, aussi, on nous l’accorde », observe Emmanuel Mercadier. Jean Mathy reprend la définition de départ : « Si on ne nous donne pas le pouvoir d’agir, on ne peut pas aller bien loin. »
S’aimer un peu n’empêche pas de douter. « J’ai beaucoup douté en tant que soignante », témoigne Marilyne Peyroche. En tant que patiente, elle préfère un soignant qui ne sait pas mais se renseigne à celui qui prétend tout savoir.
NI SAUVEUR NI BOURREAU
L’enjeu pour les infirmiers est d’être reconnus personnes de confiance par les patients.
La difficulté, expose Jean Mathy, est qu’ils donnent à la fois « le poison » et « le remède » (pharmacie vient du grec pharmakon, qui a ces sens). À ce titre, ils peuvent être vus comme des « bourreaux » (3e acception) ou des sauveurs.
Pour éviter cet écueil, Emmanuel Mercadier conseille aux infirmiers sapeurs-pompiers d’adopter une « posture basse », dire « je veux bien aider mais il faut que vous m’aidiez aussi » et non d’entretenir l’imaginaire du camion rouge et de la sirène. Mais aussi de garder les pieds sur terre, car une fois la tenue ôtée, le professionnel redevient compagnon, papa… Il faut doser la confiance car « l’excès peut être poison. »
Pour Marilyne Peyroche, en tant que patiente, la confiance est clé : « Si je n’ai pas confiance en l’équipe qui m’accompagne, il ne peut pas y avoir de soins de qualité. Surtout parce que je ne me sens pas suffisamment en sécurité pour progresser. »
AVOIR FOI EN SES ÉQUIPES
Côté cadres, Dominique Combarnous rappelle que la confiance vient du latin confidere, soit « se fier à (…), avoir la foi. » « On n’a pas le choix, dit-t-elle. On ne va pas être derrière les soignants toute la journée. » Impossible de connaître les « 1000 professionnels sous ta responsabilité. Tu dois lâcher prise » abonde côté direction des soins Christelle Galvez. La confiance doit être entière. Parfois, néanmoins, l’institution bloque, comme lorsque Dominique Combarnous a voulu instaurer l’auto-organisation des plannings.
La confiance ne doit pas être « un slogan », avertit Christelle Galvez. Pour autant, ce management peut perturber, témoigne Dominique Combarnous, certains cadres lui ayant dit : «c’est sympa, ça permet d’avoir de la créativité, mais en même temps, on a peur de vous décevoir. » Il y a des personnes qui « n’ont pas envie d’autonomie. » Or pour les deux managers, quand il y a demande de feedback ou contrôle, il n’y a pas confiance. Dominique Combarnous promeut en revanche l’évaluation.
Pour elles, il faut aussi composer avec le risque d’une trahison de la confiance. Quand il y a confiance, analyse Christelle Galvez, il y a « partage de responsabilité. » Cette confiance, dit-elle, s’éprouve d’autant plus en « zones de turbulences. » Nul n’est toujours fiable à 100 %. Il faut avoir confiance dans « le fait qu’on va réussir ensemble », en équipe, « à se relever. » « La confiance nous lie en responsabilité pour le pire et le meilleur », formule-t-elle.
Pauline Machard
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