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11/03/2025

L’IA PEUT CONTRIBUER À AMÉLIORER LA QUALITÉ DU TRAVAIL

Dans sa mission prospective, l’Anap vient de publier une cartographie des 30 métiers émergents à l’international, en lien avec l’évolution du secteur de la santé. Comment l’arrivée de l’IA et de la robotisation va-t-elle changer l’organisation des soins ? Nous avons demandé à Matthieu Girier, directeur du pôle performance des ressources humaines à l’Anap, de nous en dire plus.

Voir la cartographie

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Comment l’Anap (Agence nationale de la performance sanitaire et médico-sociale) se saisit-elle des évolutions du secteur de la santé dans son travail d’appui à la performance ?
Ouvrir les réflexions et la prospective en allant comparer les expériences internationales fait partie des missions de l’Anap. Pour le moment, quand on parle d’IA, de robotique ou de numérique, les impacts restent encore difficiles à quantifier. Leurs promesses sont certaines, les innovations de rupture sont là, il n’y a qu’à se référer aux discussions qui ont eu lieu dans le cadre du Sommet mondial sur l’IA mi-février à Paris. 
Ce qui est certain, c'est que l'intégration de ces innovations dans les organisations, pour les patients et les soignants, va passer par la formation des professionnels, l'adaptation des métiers, et donc la mise en œuvre de nouvelles fonctions dans les établissements. Il faut donc anticiper ces évolutions, prendre en compte les nouvelles attentes, c’est pour nous le véritable enjeu stratégique dont vont devoir se saisir les établissements de santé et médico-sociaux.
L’Anap a mis en place une plateforme dédiée aux solutions d’IA dans les secteurs sanitaire et médico-social qui liste déjà 50 solutions éprouvées et mises en place. L’objectif est de la faire évoluer ; d’ailleurs de plus en plus d’établissements nous contactent pour mettre en avant leurs pratiques afin qu’elles soient diffusées au plus grand nombre. Toujours dans le champ de l’IA, nous avons organisé le 6 mars un événement pour mettre l’IA au défi face aux cadres et managers de santé. L’idée était d’établir le planning le plus performant en respectant les contraintes, réglementaires et organisationnelles que peuvent rencontrer les équipes sur le terrain. Les résultats du challenge seront présentés le 26 mars prochain à Paris pendant le salon People 4 Health. 

Comment ces initiatives sont-elles accueillies par les cadres de santé ? L’utilisation de l’IA n’est-elle pas perçue comme une menace ?
Pour le challenge du 6 mars, nous avons reçu un très grand nombre de candidatures, c’est donc que le sujet interpelle les managers de santé. Une nouvelle technologie peut en effet interroger, mais la mobilisation massive des cadres en faveur de ce challenge et les messages très positifs que nous avons reçus montrent qu’ils sont très en attente des résultats de l’IA dans le secteur de la programmation des plannings hospitaliers et médico-sociaux. Pour nous, c’est le signe d’un très grand intérêt que tout l'écosystème de santé en France porte à ce sujet.

De quelle manière ces changements peuvent-ils impacter le management des équipes ? Comment le métier de cadre peut-il être amené à évoluer ?
Concernant l'impact sur le management, nous sommes aujourd'hui au début d'une réflexion globale sur ce que peut être l'impact de l’IA sur le management. Deux sujets paraissent d'ores et déjà acquis. Premièrement, l'IA contribue à améliorer la qualité du travail, à dégager du temps utile. Par exemple, le temps qu'on ne passe pas à faire des plannings, on peut le passer à autre chose, notamment en réinvestissant du temps pour le patient. Deuxièmement, libérer du temps managérial permet de porter des projets, de conduire des transformations sur la fluidité du parcours, la sécurité des soins, avec l'idée que redonner du temps et du pouvoir d'agir aux équipes sont déterminantes pour améliorer la qualité de vie au travail de l'ensemble de l'équipe. L’Anap déploie d’ailleurs un appui terrain sur l'innovation et le management collaboratif depuis 2023.
Pour continuer sur la question du management, ce qui va être déterminant maintenant, c'est comment faire émerger des nouveaux talents, porteurs individuels et collectifs de nouvelles compétences dans cet environnement qui change, que ce soit en matière de gestion de projet, de management, d'innovation collaborative, d'expérience collaborateur. Comment accompagner les cadres vers une diversification et une amélioration qualitative des fonctions qui leur sont confiées ? À l’Anap, nous produisons un nombre important d'outils concrets qui permettent de moderniser le management, de renforcer l'autonomie et le pouvoir d'agir des équipes. Le métier de manager, de cadre de santé, essentiel pour le bon fonctionnement des filières de prise en charge, va suivre, comme il l’a déjà fait il y a 30 ans, les transformations de la société française et l’évolution des besoins des patients, des établissements et des équipes.

La cartographie des métiers émergents a suscité certaines réactions négatives : les infirmiers anesthésistes, par exemple, ont fustigé la présence d’un assistant technique d’anesthésie. Que leur répondez-vous ?
Ce document est un panorama international des métiers, un document prospectif qui a pour but de contribuer à une réflexion sur les acteurs de la santé. Il s’inscrit dans la mission de l’Anap d'éclairer le débat, d'interroger ce que les modèles internationaux peuvent apporter aux établissements de santé et médico-sociaux. Il recense une trentaine de métiers, étudiés dans dix pays différents, mais qui n'ont pas vocation à faire tous, demain ou après-demain, l'objet d'une transposition opérationnelle. L’idée était plutôt de définir dans chaque fiche un degré de transposabilité selon l'analyse qu'on peut en faire dans les pays étrangers.
Dans le cas précis des assistants techniques chirurgicaux et d'anesthésie, notre analyse nous a justement amené à conclure que la transposabilité en France n’était pas possible, que ces métiers semblaient intéressants dans l'environnement qu'on a pu analyser en Allemagne. C’est donc, je le répète, un travail purement prospectif, qui n’a pas pour objet d’entraîner une transposition et qui a une visée évolutive : nous passons beaucoup de temps dans les établissements, sur le terrain avec des équipes hospitalières, nous sommes à l’écoute de tous les professionnels, de toutes les équipes, de toutes les organisations. Finalement, ce nécessaire débat sur l'ensemble de nos travaux est indispensable pour que ce travail de pure perspective prenne toute sa valeur.

Anne-Lise Favier

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