L’AFEST AU SERVICE DES ÉLÈVES AIDES-SOIGNANTS EN DIFFICULTÉ

La loi de 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel a introduit, pour les TPE et PME, la possibilité de mettre en place une AFEST pour les futurs salariés. Dans ce cadre, un intervenant d’un organisme de formation certifié vient directement former le futur salarié sur son poste de travail.
Coordonnateur pédagogique territorial des IFAS du GHT d’Armor, Franck Cohen a décidé d’exploiter cet outil pour les élèves aides-soignants. « J’ai suivi une formation pour devenir référent AFEST afin de pouvoir former l’ensemble des formateurs des 5 IFAS du GHT à devenir accompagnateurs AFEST », indique-t-il avant de poursuivre : « Dans le cadre d’une formation-action, nous avons réfléchi à l’utilisation de ce dispositif pour nos élèves et avons décidé de cibler ceux en difficulté d’apprentissage. » L’objectif est de développer la réflexivité de la personne pour accéder à la compétence. « Nous travaillons en situation, sur la mobilisation des savoirs théoriques, le liant étant la réflexivité pour permettre la création de connexions entre le savoir et l’action ».

LA MISE EN ŒUVRE
Le projet est déployé depuis septembre 2024 et a permis l’accompagnement d’une vingtaine d’élèves en difficulté. La mise en œuvre débute par le diagnostic d’opportunité d’un élève, lié au repérage d’une problématique à la suite de l’évaluation des compétences à l’issue du 1^er stage. Pour éviter que la situation ne se reproduise au 2^nd, le dispositif AFEST est mis en œuvre autour de 3 phases.
Dans le cas d’un élève en difficulté sur une compétence en lien avec, par exemple, l’organisation du soin, au cours de la 1^re phase « abstraite », « nous regardons ensemble la compétence et nous lui faisons envisager le soin dans sa partie organisationnelle, explique Franck Cohen. Nous mobilisons donc ses savoirs en situation abstraite. »
Pour la 2^e étape, l’accompagnateur AFEST se rend sur le lieu du stage avec l’élève pour effectuer l’acte avec lui ou pour lui montrer.
Enfin, la 3^e étape consiste en un débriefing de la situation. « Nous travaillons sur la collaboration, sur la sollicitation, ce qui va permettre à l’élève de comprendre ce qu’il sait faire et ce qui lui reste à apprendre et à accomplir, rapporte-t-il. Le sentiment d’efficacité s’élève, d’autant plus que nous valorisons chaque étape, ce qui suffit parfois à redonner confiance. » La réussite du dispositif se mesure avec l’évaluation des compétences à la fin du stage, ce qui permet de constater la progression.

Bien entendu, les équipes hospitalières sont prévenues de la venue des accompagnateurs AFEST. « Nous sommes encore en train d’inculquer cette culture, mais notre démarche est bien reçue, car innovante et surtout les progrès sont réels », assure Franck Cohen, qui mène actuellement une étude pour en démontrer l’efficacité. Pour autant, il prévient : « il s’agit d’un dispositif dont il faut user, mais pas abuser, afin d’éviter de braquer toutes les parties. »

Laure Martin