JOURNÉE MONDIALE DE L’ASTHME : LE CHANGEMENT CLIMATIQUE EN CAUSE

En France, 4 millions de personnes souffrent d’asthme. Pathologie respiratoire, « l’asthme est une maladie inflammatoire multifactorielle », rappelle le Dr Maxime Hosotte, allergologue à l'Hôpital Privé Nancy Lorraine (ELSAN) (54) et président de l’Association des allergologues lorrains. Il explique qu’elle se manifeste par une toux, une oppression thoracique et une dyspnée provoquée par une bronchoconstriction. Si la maladie peut s’installer sur un terrain génétique favorable, elle est directement placée sous l’influence de l’environnement.
« La pollution a été identifiée de longue date comme un irritant des voies respiratoires en provoquant une inflammation, mais désormais, on se rend compte que le changement climatique a également un impact important sur la santé des asthmatiques », explique l’allergologue. La raison est multiple : « tout d’abord directement avec l’augmentation globale des températures car on sait que la chaleur a tendance à exacerber les crises d’asthme mais aussi indirectement car le changement climatique provoque des événements qui vont avoir une influence sur la santé respiratoire », précise-t-il. « Compte tenu du changement climatique, la saison des pollens évolue : face au stress hydrique, la durée de pollinisation dure plus longtemps, et ce d’autant que les hivers sont plus doux : à titre d’exemple, dans la région Grand-Est où j’exerce, la saison des pollens de graminées s’étend de mars à octobre », détaille l’allergologue.
Le dernier bilan de la qualité de l’air extérieur en France du ministère de la Transition écologique et du Climat atteste que les quantités de pollens ont globalement augmenté sur la période 2000-2023, avec une augmentation par 3 de la prévalence des allergies respiratoires en 30 ans : cette étude montre que non seulement les saisons polliniques sont plus longues, mais l’augmentation du CO₂ atmosphérique alimente la photosynthèse et donc la production de pollens, lesquels sont plus facilement fragmentés en particules submicroniques à cause de la pollution. Les conditions climatiques peuvent même conduire à une augmentation des consultations aux urgences comme ce fut le cas à Melbourne en 2016 : la ville australienne avait connu un épisode aigu d’orage pollinique après un épisode de pluie intense qui avait entrainé 10 décès et plus de 8 000 patients aux urgences.

PRÉVENIR, TRAITER ET ÉDUQUER
Ainsi, pollution et changement climatique alimentent un terrain favorable à l’asthme allergique, qui représente la moitié des cas d’asthme, selon le Dr Hosotte. Comment, dès lors, lutter contre ces facteurs aggravants ? « Sur le plan pratique, pour limiter l’exposition aux pollens, on dit aux patients de porter des masques en cas de pic pollinique, d’éviter les heures les plus chaudes de la journée et d’aérer matin et soir », conseille l’allergologue. Les patients peuvent aussi consulter l’indice pollen sur le site d’Atmo France qui informe quotidiennement sur la présence de pollens dans l’air, pour mieux prévenir les symptômes allergiques.
Des pistes thérapeutiques existent : traiter la symptomatique avec des antihistaminiques et des corticoïdes, mais aussi désensibiliser les patients dont l’asthme a une origine allergique. « Ces derniers sont des traitements contraignants, qui doivent être pris pendant quelques années et qui ont un coût avec un reste à charge important », note le Dr Hosotte. Autre solution, l’immunothérapie, qui a fortement évolué ces dernières années avec des modalités d’administration par voie orale, oro-dispersible. En tout état de cause, l’éducation thérapeutique et la prévention primaire restent une des clés, en accompagnant les patients à une meilleure compréhension des facteurs déclenchants et en les formant à l’usage des dispositifs d’inhalation, par exemple, pour favoriser une meilleure observance thérapeutique.

Anne-Lise Favier