“ITINÉR’AIR” REPREND LE SOUFFLE DE LA POPULATION

Les maladies respiratoires touchent en France « des millions de patients potentiels », pose le Pr Colas Tchérakian, pneumologue à l’hôpital Foch (Suresnes). Non sans conséquences. La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) affecte ainsi 3 à 3,5 millions de personnes, et est la cause de 18 000 décès par an. L’asthme ? 4 millions. Or il « tue encore », soulève Christine Rolland, directrice de l’association Asthme & Allergies, « 900 personnes par an », et est responsable chaque année de « 60 000 séjours hospitaliers ». Et ce alors qu’il y a des traitements. 
Le problème : ces pathologies sont sous-diagnostiquées. Pour l’asthme, le sous-diagnostic concerne 20 à 70 % des adultes. Pour la BPCO, ça grimpe à 60 voire 90 %. Or plus la mesure du souffle tarde, plus « il y a de perte de chance pour le patient », observe Christine Rolland. D’où l’importance d’avoir « une mesure du souffle chez tout le monde », enjoint le Pr Tchérakian. Ce qui permettra de « mettre en place une stratégie pour le patient », avise Christine Rolland. « On ne peut améliorer que ce qu’on mesure », pointe Frédéric Le Guillou, pneumologue (Toulon).

DEUX TEMPS FORTS
Pour lutter contre ce problème de santé publique, Chiesi France – « premier laboratoire pharmaceutique devenu société à mission », rappelle son président Patrice Carayon – table sur Itinér’Air⁽¹⁾. Chiesi lance en effet la 3^e édition de ce « Tour de France », qui est une « grande campagne de sensibilisation à la mesure du souffle », présente Christine Contré, directrice des Affaires médicales du laboratoire. Il passera par 6 villes en 2025 : Liévin (30 janvier), Marseille (24 avril), Besançon (13 mai), Nancy (4 juin), Grenoble (9 septembre) et Paris (14 octobre). 
Chaque étape aura deux temps forts, détaille-t-elle : en journée, il sera notamment proposé aux passants dans le village Itinér’Air, de « venir mesurer leur souffle » via une spirométrie avec un professionnel de santé, et en fonction des besoins, une orientation. En soirée, seront organisés des « ateliers-débats, réunissant toutes les parties prenantes du territoire : professionnels de santé, associations de patients, représentants des collectivités locales, institutionnels. L’enjeu, c’est de débattre de la prévention, mais également de la prise en charge sur le territoire. »

DÉMYSTIFIER CETTE MESURE
Lors des éditions précédentes, Itinér’Air a fait escale dans 11 villes de France, mobilisant 98 professionnels de santé, 21 associations de patients. Cinq en 2022-2023 : Lille, Paris, Strasbourg, Lyon, Nice, avec une majorité dans la « partie Est ». Six en 2023-2024, plutôt à l’Ouest, pour « mailler le territoire » : Caen, Brest, Nantes, Tours, Bordeaux… Et déjà Liévin, débouchant sur une expérimentation ARS-CPAM d’un protocole BPCO sur le territoire de 4 CPTS (Beaumont Artois, Liévin Pays d’Artois, Nord Aisne, La Marque), livre Stéphan Gizzi, kiné à celle de Liévin. Qui relève l’efficacité du « travail de groupe » et les opportunités d’orientation qu’offre la CPTS.

Les deux premiers Itinér’Air ont permis de réaliser plus de 1 300 spirométries. Ce qui était « assez édifiant », souligne le Dr Contré, c’est que 30 % nécessitaient des investigations supplémentaires. Et donc que les patients soient « réorientés dans un parcours de soins. » Elle valorise aussi la « centaine de propositions » ayant émergé des débats, distinguant 3 grands axes : 
- la nécessité de systématiser le dépistage, et donc d’accompagner les professionnels de santé (matériel, formation) ; 
- de sensibiliser le grand public ;
- de reconnaître la spécificité des publics à risques, d’aller au plus près de ces populations.

Pour le Pr Chantal Raherison-Semjen, pneumologue (Pointe-à-Pitre) et coprésidente de Droit à respirer, Itinér’Air montre que la mesure du souffle est « faisable. » Qu’il faut la « démystifier. »

Pauline Machard

⁽¹⁾ Réalisée avec le soutien d’Asthme & Allergies, de Droit à respirer, de la Fédération française des associations et amicales des malades insuffisants ou handicapés respiratoires (FFAAIR) et de Santé respiratoire France.