Infirmière en pratique avancée : un métier à construire avec l’ensemble des acteurs | Espace Infirmier
 
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28/09/2022

Infirmière en pratique avancée : un métier à construire avec l’ensemble des acteurs

L’Union nationale des infirmières en pratique avancée (Unipa) a organisé, le 20 septembre, une conférence de concertation réunissant de nombreux acteurs de la santé afin de réfléchir aux moyens pour bâtir un cadre viable, un modèle économique pérenne et des moyens opérationnels pour les IPA.

Le chemin à parcourir semble être encore long avant de parvenir à une collaboration empreinte de succès entre les IPA et les autres professionnels de santé. Comme l’ont fait savoir les médecins, pharmaciens ou encore biologistes médicaux, lors de cette séance de concertation, des ajustements sont à prévoir en termes d’échanges et de connaissances car l’arrivée des IPA dans l’organisation de l’offre de soins soulève nombre de questionnements, en ville comme à l’hôpital. L’apport de leur expertise dans la prise en charge des patients n’est pas particulièrement remis en cause. Au contraire. C’est davantage leur place, leur rôle et leurs compétences qui interrogent.

Des compétences additionnelles

« L’évolution du métier d’infirmier vers la nouvelle profession d’IPA est certainement la solution intermédiaire utile pour le médecin, qui n’a plus suffisamment le temps d’écouter, d’éduquer et d’orienter ses patients, a soutenu François Arnault, président du Conseil national de l’Ordre des médecins. Avec elles et d’autres professionnels comme les assistants médicaux, il faut construire des équipes de soins dans les territoires afin de proposer une réponse commune à la prise en charge des patients. » Un point de vue partagé par Franck Devulder, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Il estime que certes, les compétences des IPA sont en additionnelles et non concurrentielles, mais il faut que la définition du travail en équipe soit élaborée en concertation avec l’ensemble des acteurs concernés. « Nous nous sommes déjà positionnés contre des délégations et transferts de compétences, car les propositions émanaient de parlementaires, et n’entraient pas dans le cadre du parcours patient, a-t-il fait savoir. Ce type de mesures doit être discuté collectivement. »

Une acculturation nécessaire

Cette collaboration requiert de la confiance et de la connaissance entre les professionnels de santé. Ce qui fait encore défaut. Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), a pointé du doigt un problème concret de terrain : « En tant que pharmacien, je ne sais pas ce que les IPA sont en droit de prescrire. À titre d’exemple, les médicaments pour le diabète ne sont pas référencés dans la liste des médicaments que vous pouvez renouveler. Nous sommes donc face à des problématiques d’exécution des ordonnances pour les patients. Il s’agit d’un travail que nous devons mener en commun afin de sécuriser la délivrance du médicament. » Mais Christophe Roman, vice-président du Conseil national de l’Ordre des infirmiers (Cnoi) a rappelé que « pour le renouvellement des ordonnances, il n’y a pas d’interdiction. Donc normalement, dans la loi, ce qui n’est pas interdit est autorisé ». Preuve que la connaissance de la sphère de compétences de chacun n’est pas encore acquise.

Autre problématique, exprimée par les biologistes médicaux cette fois-ci. « Les IPA peuvent prescrire un très grand nombre d’examens de biologie médicale, dont la liste a été décidée sans nous consulter, a souligné François Blanchecotte, président du Syndicat des biologistes médicaux (SDB). Or, nous avons des cadres et des enveloppes à respecter. On parle d’équipe, de coordination, mais aujourd’hui, cette compétence des IPA nous impacte dans notre profession et dans nos rapports conventionnels. Il faut en discuter tous ensemble. » « Nous devons absolument co-construire avec les pharmaciens, les biologistes et les radiologues, a conclu Clara Bouteleux, IPA mention oncologie, vice-présidente de la communication au sein de l’Unipa. Une meilleure communication et un partage de l’information sont nécessaires afin de mieux définir les champs d’intervention de chacun. »

Laure Martin

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- Martin L., « Des évolutions nécessaires pour viabiliser et clarifier la pratique avancée », L’Infirmièr.e, n° 17, février 2022.

- Laborde T., « De quoi l’IPA est-elle le nom ? », Espaceinfirmier.fr, le 18/11/2021.

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  • 30/09/2022 à 13:16
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