Hôpital : quelques lueurs d’espoir sur le front du recrutement | Espace Infirmier
 
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13/10/2022

Hôpital : quelques lueurs d’espoir sur le front du recrutement

Alors que l’attractivité continue de préoccuper le monde de la santé, deux établissements ont récemment annoncé des résultats positifs en matière de recrutement. Voilà qui, sans annoncer une quelconque sortie de crise, donne des raisons d’espérer.

31 à la fin du mois de juin, 23 le 19 septembre. Le nombre de postes infirmiers vacants au CHU d’Angers a diminué de plus de 25 % au cours de l’été, et l’établissement a tenu à le faire savoir par un communiqué diffusé fin septembre. Des résultats qui font écho à ceux que Yann Bubien, Directeur général du CHU de Bordeaux, avaient annoncés à nos confrères d’APMNews le 12 septembre : celui-ci s’était en effet réjoui de voir que grâce à un nombre « record » de recrutements au cours des quatre mois écoulés, le groupe girondin avait pu réduire les fermetures de lits et retrouver les capacités qu’il affichait avant le Covid.

Certes, ces deux hirondelles peuvent d’autant moins faire le printemps que les hôpitaux ont un intérêt objectif à montrer qu’ils parviennent à recruter : ils sont engagés dans une bataille où la communication est loin de jouer un rôle insignifiant et où, selon la vieille logique qui veut qu’on ne prête qu’aux riches, un établissement qui parvient à se présenter comme attractif a plus de chances de le devenir. Reste que dans la conjoncture actuelle, qui rend impossible toute conversation avec un responsable hospitalier sans que celui-ci ne mentionne au bout de trente secondes les fortes tensions qu’il connaît du côté des ressources humaines, il semble intéressant de voir comment Angevins et Bordelais expliquent leurs relatifs succès.

Stagiairisation, fidélisation, communication

« Nous avons fait un choix majeur sur l’accès au statut de fonctionnaire, dévoile Jean-François Agulhon, DRH du CHU d’Angers. Nous avons décidé au printemps dernier que nous proposerions la mise en stage dès que les professionnels sont sur un poste permanent. » Cette mesure, assure la direction de l’établissement, a permis d’engager près de 300 stagiairisations depuis le début de l’année 2022.

Autre action forte menée par l’établissement : la fidélisation des professionnels récemment diplômés qui viennent remplacer durant l’été. « Nous avons renversé notre façon de voir, affirme Jean-François Agulhon. À la fin de l’été, plutôt que de leur présenter les affectations possibles, nous sommes allés les voir en leur demandant où ils avaient envie de travailler. Nous avons tout fait pour satisfaire leur premier choix, et dans les cas assez peu nombreux où ce n’était pas possible, nous nous sommes engagés à leur donner une priorité à la mobilité d’ici un an. » Résultat, sur 88 jeunes infirmières et aides-soignantes qui étaient en remplacement d’été, « 85 ont fait le choix de rester au CHU », annonce le DRH.

Du côté de Bordeaux, Yann Bubien a estimé auprès d’APMNews que les recrutements massifs observés étaient notamment dus à une « énorme campagne » menée depuis un an sur les réseaux sociaux, dans la presse ou auprès des instituts de formation, chaque service ayant « la possibilité de diffuser sur l’ensemble des réseaux sociaux et de ses réseaux en général des postes [à pourvoir] », et donc de « lancer sa propre phase de recrutement ». Autre point mis en avant par le DG du CHU de Bordeaux : la qualité de vie au travail, avec notamment une hausse du nombre de places en crèche, une amélioration de l’offre de logement pour les personnels, etc.

S’inscrire dans la durée

Reste que ces gains, si encourageants soient-ils, ne seront rien s’ils ne se sont qu’un feu de paille. Yann Bubien le sait bien, et reconnaît que la dynamique des recrutements « peut se retourner en quelques semaines ». « C’est bien pour cela que nous avons choisi de nous inscrire dans la durée, explique Jean-François Agulhon. Pour la stagiairisation, par exemple, nous aurions pu faire une grosse vague de mise en stage, mais nous avons préféré ne pas faire du "one-shot" et changer notre politique : celle-ci s’appliquera désormais pour tous les professionnels. »

D’où l’importance, pour les responsables hospitaliers, d’être appuyés par le pouvoir politique. « Les choses ne changent pas en un claquement de doigt, reconnaît le DRH angevin. Mais il y a actuellement des débats nationaux sur la place de la santé, sur la place de l’hôpital public, et nous voulons voir quelles mesures en sortiront. » Le message adressé aux parlementaires en plein travail sur le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) ou aux parties prenantes du Conseil national de la refondation (CNR) est on ne peut plus clair.

Adrien Renaud

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