HAD : UNE PRISE EN CHARGE QUI PREND DE L’AMPLEUR

« L’hospitalisation à domicile (HAD) s’est vraiment amplifiée notamment depuis la crise du Covid. Et cela se poursuit, se réjouit Anne Hegoburu, sous-directrice à la direction générale de l'organisation de soins (DGOS). L'activité continue à se développer aussi bien en nombre de journées qu’en nombre de séjours. En 2024, 8 millions de journées ont été comptabilisées, soit 6 % de plus que l’année précédente et 330 000 séjours supplémentaires, soit 10 % de plus par rapport à l'année précédente qui était déjà une année très dynamique. »
Stéphane Pardoux, directeur général de l’Agence nationale de la performance sanitaire et médico-sociale (Anap) : « Il s’agit d’un dispositif fortement soutenu par les pouvoirs publics et pour lequel l’Anap a mis en place une série d’actions dans l’objectif de la développer massivement. Si la France demeure leader en la matière, il existe des dynamiques importantes dans d’autres pays, dont la France peut s’inspirer car elles s’appuient peut-être sur des leviers que notre pays n’a pas encore suffisamment explorés. »

PANORAMA INTERNATIONAL
« Depuis 2020, il y a eu un doublement du nombre d’HAD dans le monde », analyse ainsi Émilie Lebée-Thomas, responsable de la veille internationale à l’Anap.
Des travaux de recherche démontrent, en outre, que dans certains pays, l’HAD permet une forte réduction des coûts : jusqu’à moins 30 % aux États-Unis. Elle réduit sensiblement (- 2 %) la mortalité à 30 jours par rapport aux séjours hospitaliers traditionnels.
Divers indicateurs témoignent du fait qu’il s’agit d’un modèle de soin ayant fait ses preuves et dans lequel on peut investir. « Nous le savions en France mais les autres pays confirment cette valeur ajoutée, poursuit Émilie Lebée-Thomas. Souvent, la HAD se développe à l’international du fait d’un investissement fort des pouvoirs publics avec des ambitions inspirantes pour nous aussi. Singapour a, par exemple, fixé l’objectif à ses hôpitaux d’atteindre 10 % de leur capacité en lits hospitaliers en HAD, sachant qu’avant 2020, l’île ne proposait pas d’HAD. Aujourd’hui, ils ont presque 500 lits, ce qui n’est pas négligeable par rapport à la taille du pays. »
Parmi les autres leviers pertinents, certains pays, à l’instar des États-Unis, financent de manière équivalente l’HAD et l’hospitalisation traditionnelle…

PARCOURS DE SOINS TRÈS SPÉCIALISÉS
Un autre élément marquant, c’est la médicalisation croissante et l’offre de plus en plus spécialisée. Les nouvelles HAD sont, en effet, quasiment toutes rattachées à des hôpitaux et s’appuient sur des équipes médicales, permettant de développer des parcours très spécialisés. Ces équipes comprennent des urgentistes, des oncologues, des pédiatres. En Espagne, le CHU de Barcelone va jusqu’à réaliser des greffes de moelle osseuse à domicile. La frontière des soins à domicile progresse donc toujours plus.
Toutefois, pour offrir des soins très techniques en HAD, il faut être en mesure de faire des diagnostics, des bilans sanguins avec des systèmes de biologie délocalisée, des échographies, etc. Ces examens peuvent être pratiqués par les médecins et par des infirmières en pratique avancée. Les innovations existent, par conséquent aussi, en matière d’organisation et de compétences et les infirmières y ont toute leur place.
À noter qu’aujourd’hui, en France, un tiers des HAD ont engagé la transformation de leur structure grâce à l’appui terrain de l’Anap. Dans le cadre de la feuille de route nationale HAD 2021-2026, l’Anap renforce son accompagnement avec une 2^e vague d’appuis terrain collectifs, et le développement d’un laboratoire prospectif sur les nouvelles technologies. À suivre donc.

Élise Kuntzelmann