Étude Drees : les plus modestes, davantage touchés par les maladies chroniques | Espace Infirmier
 
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06/10/2022

Étude Drees : les plus modestes, davantage touchés par les maladies chroniques

Pour les personnes les plus modestes, c’est la double peine. Elles développent plus de maladies chroniques, diabète en tête, et réduisent davantage leur espérance de vie. Des résultats révélés par une étude(1) de la Drees, publiée le 6 octobre.

« Les inégalités sociales de santé occupent une place importante dans le débat public et dans l’agenda des politiques de santé publique, et c’est un axe prépondérant de travail de la Direction de la recherche, des études de l’évaluation et des statistiques (Drees), rappelle Benoît Ourliac, sous-directeur à la Drees, sous-direction Organisation des soins et de l’assurance maladie. Un rapport (1) publié en septembre montre clairement que l’état de santé de la population s’améliorait mais qu’en même temps la société française restait parcourue par des inégalités sociales de santé importantes. » Grâce au rapprochement de plusieurs bases de données sur les consommations de soins et les données socio fiscales des individus (EDP-Santé), la Drees vient de mettre en lumière plus finement ces inégalités, notamment en matière de maladies chroniques. L’étude de la Drees publiée le 6 octobre s’appuie sur un échantillon de 4 % de la population française, soit plus de trois millions de personnes.

Le diabète cristallise les inégalités

Entre 2016 et 2017 (dernières données disponibles), les 10 % les plus modestes de la population française ont développé plus souvent une maladie chronique que les 10 % les plus aisés, à âge et sexe comparables. Incontestablement, le diabète est la maladie chronique pour laquelle l’écart est le plus important. Le risque d’en développer est 2,79 fois plus élevé chez les plus modestes que chez les plus aisés. Puis viennent les maladies du foie ou du pancréas (2,20), les maladies psychiatriques (1,95), les maladies respiratoires chroniques (1,58), les maladies neurologiques ou dégénératives (1,49), et enfin les maladies cardioneurovasculaires (1,36). Par ailleurs, le risque de déclarer une maladie chronique est aussi très variable entre les groupes socioprofessionnels. Ainsi, les ouvriers et les employés développent plus souvent une maladie chronique que les cadres et professions intellectuelles supérieures. L’étude met en avant le fait que les ouvriers ont deux fois plus de risque de développer une maladie psychiatrique que les cadres et professions intellectuelles supérieures. Le risque est multiplié par 1,92 pour le diabète, 1,52 pour les maladies neurologiques ou dégénératives, 1,5 pour les maladies du foie ou du pancréas, 1,43 pour les maladies respiratoires chroniques et 1,29 pour les maladies cardioneurovasculaires. Par ailleurs, les maladies chroniques (en priorité les maladies psychiatriques et les maladies cardioneurovasculaires) accroissent les inégalités en matière d’espérance de vie. Sans elles, l’écart d’espérance de vie à la naissance entre les plus aisés et les plus modestes serait réduit de plus d’un tiers.

Des résultats inversés pour le cancer

En effet, à âge et sexe comparables, les personnes les plus aisées ont un risque 1,12 fois plus élevé que les personnes les plus modestes de développer un cancer. « Il faut faire attention à l’interprétation de ce résultat, car on repère la maladie notamment à travers la consommation de soins, les séjours en hôpitaux, et donc une explication possible est que les personnes les plus aisées réalisent davantage de dépistage de cancer et sont ainsi plus souvent repérées avec le cancer, précise Samuel Allain, chargé d’études au Bureau État de santé de la population. De plus, ici on mélange des cancers différents ce qui aurait besoin d’être affiné. » En effet, d’après d’autres études, on sait que les cancers des voies respiratoires et de l’œsophage touchent plus souvent les catégories sociales défavorisées et leurs pronostics sont également moins optimistes (car ils sont notamment dépistés plus tard) que pour les catégories plus favorisées. En revanche, la prise en charge des cancers du sein, du cancer de la prostate et des mélanomes concerne plus souvent les catégories sociales favorisées. Le chemin à parcourir est encore long en matière de santé publique.

Isabel Soubelet

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Soubelet I., « L’appel du Cise : vivre en bonne santé sur une planète saine », Espaceinfirmier.fr, le 10 février 2022

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