Équipe médico-soignante : les clés de la réussite | Espace Infirmier
 
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17/11/2021

SALON INFIRMIER

Équipe médico-soignante : les clés de la réussite

La crise sanitaire a entraîné une révision des modalités de travail au sein des équipes de soins. Entre les agents administratifs, les médicaux et les paramédicaux, un décalage est parfois observé. Lors du Salon infirmier, une équipe du Centre de lutte contre le cancer (CLC) Léon Bérard (Lyon), a donné les clés d’un fonctionnement optimal.

« Le travail en équipe n’est pas une contrainte mais une nécessité, a rappelé Érik Rodriguez, infirmier anesthésiste au CLC. Mais pour qu’il fonctionne, il faut bien se connaître et connaître la culture ainsi que l’éducation professionnelle des personnes avec lesquelles on travaille. » Les agents administratifs et ceux de la direction, les membres de la Commission médicale d’établissement (CME), proposent un regard global sur l’hôpital, avec du recul et des planifications sur plusieurs années. « Les médecins, à l’inverse, vont être dans une culture davantage individualiste, en raison de leur formation, et dans une projection un peu plus courte que les équipes de direction, a rappelé l’infirmier. Quant aux paramédicaux, nous avons une culture horizontale, dans le soutien et dans l’immédiateté car nous sommes au lit du patient. »

Respecter la temporalité

Pour créer une culture d’équipe, il faut respecter la temporalité et la culture de chacun, « pouvoir partager sur notre façon de travailler et de raisonner tout en respectant la hiérarchie », a-t-il soutenu. Un point de vue partagé par la directrice des soins du CLC, Christelle Galvez. « Ma temporalité est à plus long terme par rapport aux paramédicaux, reconnaît-elle. Néanmoins, pour partager ma vision, je dois écouter celle des autres. En travaillant quotidiennement avec les équipes, j’ai une écoute attentive pour observer comment cela peut se mettre en place. » Il faut donc se respecter, fixer des objectifs communs, sans avoir la crainte d’en parler à la hiérarchie. « C’est indispensable pour la gestion des tâches complexes, qui requièrent une coordination d’équipe », a renchéri le Dr Philippe Zrounba, chirurgien.

L’impact de la crise

La crise sanitaire a constitué un réel défi pour la mise en place du travail d’équipe dans les établissements de soins. L’avantage c’est que « plus personne ne savait quoique ce soit, nous étions face à l’inconnu, ce qui a encouragé le dialogue, les échanges », a rappelé Christelle Galvez. Les équipes ont « resserré les rangs », travaillé sur des temps de briefing et de débriefing pour analyser la situation, et transmettre les informations aux équipes, motivées par le même objectif. « Nous avons laissé de côté les intérêts individuels pour nous battre ensemble contre la Covid », a complété le Dr Zrounba. Et d’ajouter : « L’usage de la visioconférence a été bénéfique car derrière l’écran, nous étions dans une situation davantage égalitaire avec une prise de parole plus organisée et des personnes qui osent davantage s’exprimer. Nous avons ainsi pu assister au pouvoir de l’intelligence collective. »

Si au CLC « la gestion de crise a été immédiate, confirme Érik Rodriguez, ce n’est pas le cas dans de nombreux autres établissements où les soignants se sont sentis en difficulté. Ils ont eu l’impression que la réponse qu’on leur donnait était incomplète. » Conséquence : aujourd’hui, ils quittent l’hôpital. « Lorsqu’on se sent en difficulté face aux patients, la souffrance est terrible et certains choisissent – et je ne suis pas certain que ce soit un choix – la fuite », regrette-t-il.

L’importance de la formation

Pour parvenir à mieux travailler en équipe, la formation est nécessaire. « À ce jour, seuls 16 % des chefs de service sont formés au management, c’est une catastrophe, a déploré le Dr Thierry Godeau, président de la Conférence nationale des présidents de Commissions médicales d’établissements. La formation à la conduite de projet, à la gestion des conflits est indispensable, c’est du temps de gagné pour l’avenir. » Christelle Galvez confirme ne pas avoir été formée au travail d’équipe. Toutefois, « c’est aussi l’absence de connaissance de soi qui empêche le travail avec les autres, a-t-elle soutenu. Quand on se connaît, on peut exprimer nos difficultés. J’ai beaucoup investigué sur le sujet. »

Cela implique également d’associer toute l’équipe aux projets collectifs, ce que revendiquent les soignants. « Nous sommes souvent au bout de la chaîne, alors que nous aimerions être plus présents, lorsque les projets naissent », a fait savoir Érik Rodriguez. Et de conclure : « Lorsque nous sommes impliqués dans des projets, mais que nous ne sommes pas conviés à une ou deux réunions, cela nous interpelle. Nous avons l’impression d’être mis de côté, c’est démotivant. L’équipe, ça doit être l’équipe tout le temps. »

Laure Martin

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