Emmanuel Hardy, président de l’Unipa : "nous plaidons pour l’accès direct à l’IPA, toujours dans le cadre d’un exercice coordonné par un médecin" | Espace Infirmier
 
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19/01/2023

Emmanuel Hardy, président de l’Unipa : "nous plaidons pour l’accès direct à l’IPA, toujours dans le cadre d’un exercice coordonné par un médecin"

La démission de Tatiana Henriot à la tête de l’Union nationale des infirmier.es en pratique avancée (Unipa), a conduit à de nouvelles élections au sein du syndicat. Depuis le 19 décembre 2022, Emmanuel Hardy, jusqu’alors vice-président « modes d’exercice », lui succède. Le point sur ses objectifs.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis IPA en libéral au sein d’une Maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) dans le Loiret. J’interviens pour le suivi clinique des patients porteurs de pathologies chroniques. Pendant deux ans, j’ai été vice-président de l’Unipa, en charge des modes d’exercice. En décembre 2022, j’ai été élu à l’unanimité du Conseil d’administration de l’Unipa, comme président du syndicat, pour un mandat de six ans. Mon élection atteste seulement du changement de présidence de l’Unipa. Le bureau et sa ligne politique restent inchangés. Nous souhaitons être force de propositions dans l’intérêt de l’usager en santé. C’est important pour moi de faire partie d’un syndicat, car d’après la littérature, le leadership activiste est l’une des compétences de l’IPA. L’objectif est d’investir les politiques publiques afin d’impulser le changement pour un meilleur système de santé pour les patients.

Quels sont vos axes de travail ?

Nous en avons deux. Le premier concerne l’accélération de la modification du cadre réglementaire des IPA, nécessaire pour assurer le plein déploiement de leurs compétences et répondre aux besoins populationnels. Pour y parvenir, nous plaidons pour l’accès direct à l’IPA, toujours dans le cadre d’un exercice coordonné par un médecin. Par cet intermédiaire, nous souhaitons encourager l’amélioration de l’accès aux soins. Nous soutenons aussi la primo-prescription, pour répondre aux besoins des usagers et fluidifier leur parcours de soins. Elle ne concerne pas exclusivement les thérapeutiques mais aussi les bons de transports, les soins infirmiers, de pédicurie, etc. C’est pour cette raison que nous soutenons la proposition de loi de la députée Stéphanie Rist. D’autant plus que la loi nous apporterait un cadre législatif plus pérenne, que les expérimentations prévues sur ces deux thématiques.

Vous revendiquez également une meilleure rémunération pour les IPA…

Tout à fait, c’est notre deuxième axe de travail.  Nous souhaitons une rémunération en adéquation avec l’expertise de l’IPA et son mode d’exercice. En décembre 2021, l’Assurance maladie annonçait pour les IPA libérales, une médiane de rémunération à 16 972 euros annuel en honoraires. En enlevant les charges, nous sommes à 700 euros nets mensuels environ. Et en moyenne, elles ont un chiffre d’affaires de 25 000 euros annuel. Dans le cadre de l’avenant 9 à la convention nationale des infirmiers, le forfait va être revalorisé de 20 % à partir de mars 2023. En comparaison, les infirmières libérales ont un chiffre d’affaires moyen de 90 000 euros annuel et les médecins généralistes de 160 000 euros, ce qui explique pourquoi nous revendiquions entre 100 000 et 110 000 euros annuels. Nous en sommes loin. La situation est identique pour les IPA hospitalières. D’après une revue de la littérature, les IPA à l’international, sont payées environ 40 % de plus que les IPA français. De fait, une IPA salariée devrait percevoir 3021 euros bruts mensuels alors qu’aujourd’hui elle est à 2158 euros. Ces faibles montants impactent l’attractivité du métier. Nous avons contacté le ministère sur le sujet, mais aucune mesure concrète n’est envisagée pour le moment.

Avez-vous d’autres objectifs ?

Nous aimerions devenir un syndicat représentatif. Nous remplissons tous les critères sauf celui de l’audience. D’après le Code du travail, nous devons faire 10 % des voix aux élections professionnelles nationales, ce qui veut dire qu’il faudrait que nous soyons entre 50 000 et 60 000 IPA, et que toutes votent pour l’Unipa. Ce qui n’est pas possible. De fait, nous aimerions obtenir une représentativité différente, être reconnue comme une profession à part entière, avec nos élections propres, car aujourd’hui, nous devons être rattachés aux centrales syndicales et aux syndicats d’infirmiers libéraux. 

Propos recueillis par Laure Martin

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