Le burn-out du soigné | Espace Infirmier
 
Le burn-out du soigné

17/11/2011

Le burn-out du soigné

Si le patient veut qu’on lui « foute la paix » aujourd'hui, ne faut-il pas en profiter pour mettre nos habitudes de soignants en question ? Par Marine Papail, étudiante en 3e année à l’Ifsi de Saint-Nazaire (44)

Quel soignant ne s'est jamais entendu dire, de la part d'un patient « Laissez-moi tranquille, foutez-moi la paix ! », ou n'a jamais été insulté « sans aucune raison » ? Ces patients, généralement qualifiés d’« agressifs », sont très vite invités à consulter un psychiatre pour se voir prescrire un antidépresseur ou un calmant, pour soulager les équipes de leur tempérament survolté. Ces dernières pensent avoir fait leur rôle en déléguant ce débordement à un spécialiste, et continuent leur travail l’esprit libre. Mais qui ne serait pas qualifié de dépressif et d’exigeant, en se retrouvant cloué dans un lit ? A cela, il y a des raisons. Le conjoint ou la conjointe décédé(e), les enfants qui font depuis longtemps leur vie ailleurs, et qui ne peuvent rendre visite à leur parent qu’au moment où la mauvaise nouvelle est déjà arrivée… Mon but n’est pas de culpabiliser les soignants, mais au contraire, de simplement poser des questions sur notre quotidien et celui des patients dans un établissement de soins.

Toilette obligatoire

Pourquoi ces patients râlent parce qu’on vient faire leur toilette, alors que nous leur voulons que leur bien ? Est-ce que, nous-mêmes, nous prenons des douches tous les jours ? N’avez-vous jamais entendu vos grands-parents dire qu’ils n’ont jamais eu l’habitude de se laver tous les matins ? Sont-ils sales pour autant ?

Mais qui a déclaré obligatoires, à l'hôpital, la toilette au lit à l’eau et au savon ? A-t-on démontré, en chiffres, une baisse des infections locales si la personne était lavée tous les jours ? Ou une meilleure relation soignant-soigné issue de ce temps précieux passé avec eux à les « astiquer » ?
 
Bien sûr qu’il ne faut pas remettre cette habitude en question pour tout le monde, mais si le patient veut ce jour-là qu’on lui « foute la paix », pourquoi pas ? Ce n’est pas pour cela qu’on ne le considèrera pas et qu’on le laissera de côté, lui donnant une impression d’abandon. Au contraire, dans les services, les soignants devraient en profiter, une fois n'est pas coutume, pour prendre quelques minutes à discuter avec le patient, face à face, et comprendre ce qui lui fait dire cela, sans vouloir le brusquer en lui lançant un « Allez, ça suffit maintenant, vous savez que c’est bien pour vous et qu’on est obligé ». Ah oui ? Par qui et par quoi ?
 
Il est normal que le soignant culpabilise de ne pas s’en occuper comme prévu, mais n'est-il pas logique de penser que les patients aussi peuvent se lever du pied gauche ?

Cercle vicieux

Un coup de sang ne justifie pas de noter dans les transmissions que le patient est agressif et qu’il nécessiterait des somnifères et des anxiolytiques le temps de son hospitalisation. Cela augmente fortement le risque de chute chez la personne âgée, entretenant le cercle vicieux de la dépendance.

Est-ce une réelle obligation de faire la toilette du patient, qui chez lui, ne se lavait pas tous les jours ? Ou qui n’aime pas les douches ? Ne serait-ce pas une occasion d’en profiter pour discuter avec le patient « embêtant » en ayant pour seule motivation, en passant la porte, de créer cette relation soignant-soigné dont le corps médical ne cesse de démontrer l'importance, et avec pour seul matériel un sourire et quelques paroles réconfortantes ?

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